𝐅𝐈𝐕𝐄

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En sortant de l'ascenseur ce matin là, le visage absolument fermé et les épaules contractées au possible, Katsuki serrait furieusement ses poings au fond des poches de son pantalon de survêtement, le regard fixé droit devant lui pour interdire à son esprit de s'évader au delà des limites qu'il se fixait. 
Passant les portes automatiques, il avançait d'un pas raide et mécanique sans se retourner, ignorant autant que faire se peut la présence d'Izuku dans son dos. 
Silencieux, il avala sa salive pour tenter de se débarrasser de la nausée que le malaise insinuait dans son œsophage, le rendant plus contrarié encore qu'il ne l'était déjà. 
Dans le hall, seul ses pas résonnaient d'un son qui lui paraissait atrocement strident et gênant, contrastant avec la démarche éternellement souple et muette de son colocataire. 

Il aurait presque pu croire qu'Izuku ne le suivait plus tant il ne faisait aucun bruit et, en se présentant face à la porte du bâtiment, il prit même la peine de chercher son reflet à travers l'épais double vitrage, s'assurant discrètement qu'il se tenait toujours derrière lui. 

Depuis son emménagement dans cet immeuble, déjà trois semaines s'étaient écoulées et, pour la troisième fois, Izuku l'accompagnait à ses entrainements du samedi, répétant qu'il trouvait agréable de venir le voir à l'œuvre sur le ring du coach Toshinori. 
Pourtant, depuis une quinzaine de jours, Katsuki se demandait comment son colocataire pouvait continuer d'apprécier sa compagnie, alors qu'il demeurait complètement renfermé sur lui-même à chacun de leurs échanges. 
A l'appartement, les conversations s'étaient arrêtées aussi vite qu'elles avaient démarrées, à la seconde où Katsuki s'était aperçu des émotions anormales qui s'ouvraient à sa poitrine lorsque son regard parcourait son corps. 

Encore plus qu'au départ, l'ambiance vibrait inlassablement d'un malaise constant, les éloignant inéluctablement sans qu'ils ne parviennent à communiquer sur cette soudaine distance. 
Refoulant les murmures de son pauvre cœur détraqué, se répétant intérieurement que ce qu'il ressentait ne pouvait pas exister réellement, Katsuki avait préféré monter un épais barrage entre eux, espérant que l'acoustique de celui ci ferait taire les chuchotements involontaires de sa poitrine.
Pour autant, Izuku ne semblait pas en démordre, persistant à le saluer chaque matin, son habituel sourire étiré à ses lèvres gracieuses, celui qui illuminait l'éclat des tâches de rousseur parcourant ses joues. 
Celui aussi qui, fusionnant avec les lueurs étincelantes de son regard, irradiait tout sur son passage comme une explosion atomique. 

Aussi, il continuait de vouloir le suivre à ses entrainements, s'entêtant à ne pas se décourager pour venir vers lui quand bien même il essuyait des montagnes de réflexions désagréables. 
Pour une raison que Katsuki ignorait, Izuku se refusait à abandonner sa volonté de venir vers lui, cherchant continuellement une approche pour s'adresser à lui, quitte à échouer autant de fois qu'il s'y essayait. 
Et, alors que Katsuki s'efforçait d'étrangler le sentiment naissant du fond de son ventre, il en obtenait, chaque jour un peu plus, le résultat inverse, voyant son colocataire continuer de se débattre pour l'unique plaisir de faire de lui son ami. 
Son acharnement, aussi agaçant fut il, déclenchait surtout autant d'admiration que de réconfort refoulé, l'empêchant littéralement de le faire sortir de sa tête. 

Au quotidien, tout devenait instantanément plus compliqué, plus difficile, alors qu'il se forçait à limiter les discussions, contournant sa présence dès que l'occasion de présentait à lui. 
Pourtant, il pensait sincèrement que, à force de le repousser, Izuku finirait par laisser tomber, capitulant face à l'attitude exécrable qu'il s'évertuait à déployer devant lui. 
Comme toutes les autres personnes qu'il croisait dans sa vie, il s'attendait à ce qu'il baisse les bras, finisse par le détester et, éventuellement, le foutre à la porte de la colocation pour se débarrasser de son sale caractère et de sa gueule de con. 
S'apercevoir qu'il n'en faisait rien le rendait perplexe, presque autant que nerveux, alors qu'il fournissait beaucoup d'effort pour le faire fuir, imaginant que, de cette manière, il ferait mourir le sentiment incontrôlable que son cœur lui soufflait à l'oreille. 

𝓛𝐚 𝐭𝐞𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant