𝐒𝐄𝐕𝐄𝐍

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La rage du fond de son ventre ne l'avait pas quitté. 
Non, elle continuait d'hurler sous sa poitrine et de le détruire de l'intérieur, son acide corrosif ruisselant perpétuellement entre ses côtes pour mieux ronger ses os. 
Tout le long du week-end, alors qu'il avait fui la ville et son appartement pour s'éloigner de la source de ses angoisses, son cœur n'avait cessé de s'emporter, frappant toujours plus fort, cognant toujours plus vite. 
Son téléphone resté éteint depuis sa montée dans le bus le samedi matin, il en ignorait même l'heure qu'il était quand il refit son apparition devant les portes du club Toshinori le lundi après midi. 

Le soleil crachait ses rayons lumineux depuis sa plus haute position, englobant tout l'espace pour éclairer chaque morceau de vie en dessous de lui, et Katsuki pouvait sentir sa tiédeur s'infiltrer sous le tissu de ses vêtements. 
Debout face à l'entrée, il maintenait ses mains dans le fond de ses poches, son menton bien droit pour mieux fixer les détails du bâtiment devant lui, et ses épaules si contractées depuis quarante huit heures qu'une courbature y naissait progressivement. 
La respiration faussement lente, alors qu'il lui fallait fournir un effort considérable pour lui interdire de s'emballer à nouveau, il avala sa salive avant de gonfler sa poitrine au maximum, cherchant le courage quelque part sous son diaphragme. 

Derrière lui, les bruissements de la ville animée piaillaient doucement à ses oreilles, lui rappelant de temps à autres qu'il ne se trouvait pas seul dans le quartier, et que sa posture immobile devait très certainement attirer l'oeil de quelques curieux. 
Pour autant, sans leur accorder d'importance, principalement parce qu'il n'y avait plus de place dans sa tête pour une nouvelle préoccupation, son esprit débordant déjà de trop depuis des jours, il finit par pousser lentement la porte de l'établissement pour s'y engouffrer. 
A l'intérieur, entre les murs sans peinture de la grande salle à l'odeur si singulière, il ne distingua presque aucun mouvement, percevant à peine le froissement de quelques documents administratifs manipulés de l'autre côté du petit bureau situé près de l'entrée. 

Il le savait, à cette heure de la journée, aucun cours n'avait encore débuté, la plupart des membres du club étant toujours en salle de classe, le premier entrainement ne débutant qu'en seconde partie d'après midi. 
Ochaco elle même ne se présentait pas avant seize heure en général et, s'avançant de quelques pas dans l'espace, Katsuki s'approcha du petit bureau administratif. 
Nerveux, parce qu'il se doutait que son coach avait remarqué son absence au cours précédent, alors qu'il s'enfuyait directement depuis les vestiaires après avoir mis sa langue dans la bouche de son colocataire, il toqua doucement contre la porte déjà ouverte, attendant quelques secondes que l'homme assit sur le fauteuil relève les yeux vers lui. 

_ Katsuki. débuta Toshinori en reposant ses documents sur le plateau, redressant son buste pour plaquer son dos contre son siège. Je me demandais quand tu allais revenir. 

Son regard ne mentait jamais, transmettant toujours tout de ce qu'il pensait et, alors qu'il croisait ses bras sous sa poitrine pour dévisager son élève, ses yeux reflétaient un mélange d'interrogation, d'inquiétude et de reproche. 

_ Ochaco a mis tes affaires en sécurité dans un casier. poursuivit-il en allant farfouiller dans un tiroir de son bureau, en sortant une petite clé qu'il lui jeta directement. Tu penseras à la remercier. 

Puis, se redressant sur ses jambes, il contourna son poste de travail en étirant discrètement ses épaules en arrière pour détendre ses muscles. 
Ses cheveux blonds éternellement mal coiffés gênaient quelque peu son front, chatouillant également ses tempes et ses joues en retombant aléatoirement dessus. 
Son corps, si vieux et aminci fut il, retranscrivait ses longues années de pratique sportive, dessinant des muscles qui, en dépit du temps qui passe, continuaient d'exister fièrement. 

𝓛𝐚 𝐭𝐞𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant