𝐒𝐈𝐗

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Dans un geste qui se voulait certainement altruiste, Izuku vint poser une main rassurante sur son avant bras, pressant sa peau découverte aux abords de son poignet.
La chaleur discrète de son contact s'étendit jusque dans le creux du coude de Katsuki, brûlant ses os comme de l'azote liquide coulant dans ses veines et, perdant possession de ses moyens, son souffle se brisa sous son larynx, soulevant toujours plus d'agitation à travers son corps.
Accordant un bref moment d'égarement à ses pupilles, il divagua une seconde sur les tâches de rousseur de son visage, puis sur les contours tracés de ses lèvres entrouvertes, avant de revenir à la hâte se terrer dans ses iris. 

Sans le vouloir sûrement, leur proximité alourdissait l'ambiance, épaississait l'air jusqu'à le rendre difficile à respirer, et Katsuki cru être sur le point de se noyer dans ses propres poumons. 
La respiration moins fluide, passablement entrecoupée par les spasmes nerveux de son thorax, il recula brutalement d'un pas, arrachant son bras à la prise d'Izuku en cognant l'arrière de ses genoux contre le banc derrière lui. 
L'écho strident et métallique résonna brusquement à travers la pièce, les faisant sursauter tous les deux et mettant fin à l'échange de regard. 

_ Je sais pas c'que tu m'veux, j'ai pas besoin de toi ici. s'énerva Katsuki en cherchant à lui passer à côté pour le contourner, la tête baissée vers ses propres pas et les bras crispés au possible. 

Les pulsations de son cœur cognant ses côtes à un rythme effréné, il l'entendait battre derrière ses tympans, frappant ses tempes et son front de l'intérieur pour mieux y répandre la douleur insidieuse. 
Cherchant à rejoindre la porte des vestiaires, dans l'unique but d'échapper à son colocataire et à sa silhouette qui l'attirait autant qu'elle le poussait à fuir, il accéléra la cadence vers le point de sortie, scrutant la poignée comme s'il pouvait l'atteindre plus vite s'il la regardait suffisamment fort. 

_ Katsuki ! s'éleva tout à coup la voix d'Izuku, alors qu'il n'avait jusqu'alors jamais haussé le ton. Dis moi au moins quelque chose, c'est pas possible comme ça !  

Venant à sa rencontre sans attendre son accord, Izuku se planta juste devant lui, s'interposant entre son torse et la porte pour lui interdire de s'échapper une deuxième fois. 
La détermination et l'affolement inscrit entre les reflets de ses iris, il leva le menton pour capter au mieux le regard de Katsuki, l'obligeant à tenir l'échange visuel avec ou contre son approbation. 
Sans le toucher, il soupira lentement l'air de ses poumons pour tenter d'apaiser la tension qui grandissait entre eux, surveillant attentivement les mimiques et les contractions du visage de son colocataire. 

_ Je .. Je comprends pas pourquoi tu m'évites comme ça depuis .. Le soir où Eijiro est venu. Ca se passait bien et .. et tout à coup tu m'adresses plus la parole. Je comprendrais si tu me dis que j'ai fait quelque chose qui t'a pas plu ou .. ou je sais pas moi, mais dis moi quelque chose. 

_ J't'ai déjà dit qu'non ! J'ai rien à t'reprocher alors laisse moi sortir. 

Etouffé par le feu de sa propre gorge, l'oxygène lui fit tout à coup défaut, répandant la brûlure de long de sa trachée et réveillant l'urgence à l'arrière de sa nuque, alors qu'il devait à tout prix sortir d'ici pour inspirer à nouveau. 
Au poids du nœud de son estomac, à l'instar de l'enclume pesant à sa poitrine, la nausée refit subitement son apparition, insinuant sur son passage la menace d'une larme de rage au coin de ses yeux. 
Il ne voulait pas se mettre à pleurer, là maintenant, alors même qu'il ne ressentait aucune tristesse, seulement une infinie détresse.
Et beaucoup de désarroi, aussi. 

Refusant de laisser la parole à ce qu'il ressentait, il s'obstinait à vouloir lui passer à côté, tentant de se faufiler entre lui et la porte pour échapper à son regard rivé sur sa personne. 
L'écho de ses émotions refoulées se frayant un passage au travers des barrages qu'il tentait en vain de leur instaurer, ses épaules croulaient littéralement sous le poids d'un début de panique, sentant que, bientôt, la situation lui échapperait. 
Alors, dans un geste sûrement aussi désespéré qu'irréfléchi, il vint aplatir la paume de sa main en haut du torse d'Izuku, poussant dessus pour lui ordonner de se pousser, secouant doucement son corps dans la manœuvre.  

𝓛𝐚 𝐭𝐞𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant