Chapitre 14

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En rejoignant son dortoir, Harry glissa un coup d'oeil perplexe vers Ron. Depuis la veille, il était étrange, un peu ailleurs. Avec amusement, il se demanda si son propre état était contagieux, avant de soupirer et de lui tapoter l'épaule.
- Hey Ron ? Tout va bien ? Tu as l'air... étrange.

Aussitôt le rouquin s'empourpra violemment, et marmonna quelques mots indistincts. Harry leva un sourcil surpris, prêt à insister, mais son ami eut un sourire forcé.
- Un truc qui est mal passé je pense. Je devrais... aller me coucher et ça ira mieux demain.

Harry se mordilla la lèvre, ses propres problèmes passant au second plan, alors qu'il s'inquiétait pour Ron.
- Tu veux que je t'emmènes à l'infirmerie ?
Mais son ami secoua la tête, avec un sourire un peu plus naturel.
- Merci mais ça ira. J'ai juste besoin de digérer je crois.

Ils échangèrent un sourire complice, et Harry bailla largement avant de se laisser tomber sur son lit. Ron se changea rapidement et l'imita avec un soupir.
- Ok Ron. Je suis crevé, alors si tu as besoin de quoi que ce soit, c'est maintenant ou jamais.

Le rouquin gloussa nerveusement et secoua la tête.
- C'est gentil, mais ça ira. Et crois moi, je serais rapidement sur pied... et toi reparti sur la lune.
Cette fois, ce fut Harry qui rougit légèrement et il se gratta la gorge, indécis.
- À ce sujet...
Il s'interrompit brusquement, incapable de continuer, même s'il aurait aimé partager son mal-être et ses doutes avec son meilleur ami. Celui-ci soupira.
- C'est bon Harry. Ne t'en fais pas, tu sais où me trouver, quand tu seras prêt à en parler, je serais là pour toi.

Le brun se redressa, et fixa longuement Ron, les yeux brillant d'émotion.
- Tu es le meilleur ami dont je puisse rêver. Vraiment. Je ne pourrais jamais te remercier assez pour... tout ça.
Ron sembla mal à l'aise, un peu hésitant et secoua la tête.
- Harry, je...
Mais Harry bailla largement et s'installa sous les draps. Il lui sourit d'un air endormi.
- Bonne nuit, Ron. Fais de beaux rêves.
Ron hocha la tête.
- Bonne nuit mon pote.

Voyant Harry papillonner des paupières, il chuchota, incertain.
- Moi aussi j'ai à te parler et tu risques de me détester de t'apprendre un tel truc. Et si tu pouvais éviter d'aller te promener cette nuit...
Cependant, Harry dormait déjà profondément, détendu.

Murmurant un juron, Ron ferma les yeux et décida qu'il devait aller parler à Zabini.

*

Harry rêvait de nouveau. Cette fois, il disputait un match de Quidditch. Ou un genre de match. Il portait la tenue de l'équipe de Gryffondor, les tribunes étaient bondées. Mais ils n'étaient que deux sur le terrain. Lui et Malefoy.
Malefoy portait la tenue Serpentard, comme à son habitude, et ils semblaient s'affronter l'un contre l'autre, luttant pour attraper en premier le vif d'or. Ils se tournaient autour, sans se quitter des yeux, se frôlant, essayant de se déstabiliser l'un l'autre.

Mais ils souriaient tous les deux, parce qu'ils prenaient plaisir à se défier. L'excitation montait dans leurs veines, et c'était probablement le moment le plus intense de leurs vies.


Harry ne pouvait pas le savoir, mais pendant qu'il rêvait, son corps se levait de son lit, et se glissait hors de la salle Gryffondor en silence, passant près du lit de Ronald Weasley sans le réveiller - et pourtant, le jeune homme était affalé en position semi assise, les rideaux de son lits ouverts, dans une tentative désespérée de rester éveillé pour surveiller son ami.
Il parcourut les couloirs sans sentir les courants d'air glaciaux, avançant d'un pas sûr, jusqu'à une partie de l'école déserte. Il se glissa dans l'alcôve habituelle, effleurant à peine la tapisserie et il s'installa confortablement.
Il n'eut pas à attendre que Drago Malefoy se glissait à ses côtés, se collant contre lui.


Dans son rêve, Harry attrapait enfin le vif d'or, tendant le bras. Une fois au sol, il enlaçait Drago, comme pour lui assurer qu'il avait bien joué lui aussi.

Dans la réalité, Drago attirait Harry contre lui, passant sa main dans ses cheveux en bataille, le faisant presque ronronner, le regard dans le vague. Il s'agrippa à Drago en retour, passant les mains dans son dos, s'égarant jusque sous son tee-shirt de pyjama, caressant la peau brûlante délicatement.

Ils étaient l'un et l'autre dans un état second, mais leurs gestes étaient assurés, comme s'ils étaient habitués à être si proches, si tactiles.
Harry nicha son visage dans le cou de Drago, reniflant son odeur familière, tandis que Drago penchait la tête pour lui laisser plus d'espace, tout en le maintenant contre lui en agrippant ses cheveux fermement.

C'était des gestes lents et tendres, il se découvraient en douceur sans même le savoir.

Harry redressa la tête, se frottant contre la joue de Drago, comme un chaton en manque de tendresse. Drago laissa glisser sa main sur sa joue pour lui faire légèrement tourner la tête, et il commença à l'embrasser.
Les baisers se succédèrent, un peu maladroits mais lents et plein de douceur. Ils auraient probablement pu continuer ainsi durant des heures, mais Drago laissa échapper un gémissement d'envie, en approfondissant le baiser qu'ils échangeaient à cet instant.

Le son suffit à les sortir de leur transe somnambulique et ils revinrent à l'état d'éveil presque immédiatement.

Ils mirent tous les deux quelques instants à comprendre ce qui se passait, continuant presque malgré eux à s'embrasser. Puis, ils s'écartèrent vivement, les yeux écarquillés. Face à face, ils se dévisagèrent, prenant conscience qu'ils étaient ensemble, et en train de s'embrasser en pleine nuit.

Harry eut soudain terriblement peur. Drago Malefoy était du genre à attaquer pour se protéger, à se montrer volontairement méchant pour écarter ceux qui le gênaient. Plutôt que de revenir à leurs anciennes querelles, il se faufila hors de l'alcôve et prit la fuite, courant à en perdre haleine dans les couloirs déserts jusqu'à retrouver son dortoir. Il ne se rendit compte qu'une fois installé dans son lit que ses joues étaient trempées de larmes, et qu'il pleurait à lourds sanglots. L'idée même que le lendemain Malefoy risquait de le regarder d'un air méprisant ou de se moquer de lui le rendait littéralement malade.

*

Au même moment, Drago Malefoy retournait à pas lents dans son propre dortoir. Il était resté silencieux, essayant de comprendre ce qui se passait. La fuite de Potter l'avait touché en plein cœur et il avançait tête basse, essayant de comprendre pourquoi la réaction de ce foutu Gryffondor le rendait aussi malade... Incapable de décider s'il devait l'obliger à lui parler ou au contraire l'éviter, il se glissa dans son lit en frissonnant, mais resta éveillé, les pensées tournant follement dans sa tête.

Promesse - Avent 2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant