Chapitre 23

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Comme personne ne lui répondait, Drago agrippa brusquement le poignet de Harry, et répéta sa question dans un murmure inquiet.
- C'est une plaisanterie ?

Harry fronça les sourcils, et se mordilla la lèvre, comme s'il sentait l'inquiétude et le malaise du Serpentard.
- Je peux avoir une explication claire ? Parce que je ne vois pas ce qui cloche.

Ron soupira.
- Harry... mon pote. C'est un vieux sort, utilisé dans les traditions sang-pur. Je ne comprends pas pourquoi il n'y avait pas plus d'explications dans ce foutu grimoire et j'avoue que je n'ai pas compris tout de suite même si mes parents m'en ont parlé... Mais...

Harry l'interrompit sèchement.
- Pitié ! Viens en au fait !

Drago grogna et répondit d'une voix rauque, toujours agrippé au poignet de Harry comme pour s'ancrer dans la réalité.
- Ce qu'il essaie de te dire, c'est que ces abrutis nous ont marié selon les rites traditionnels sorciers.


Il y eut un long silence. Puis Harry laissa échapper un rire nerveux.
- Mariés ? Mais... ce n'est pas possible, non ? Je veux dire, ça ne peut pas juste... se passer comme ça ?

Drago se pinça la base du nez entre le pouce et l'index, et ferma les yeux. Puis, il souffla doucement avant de reprendre la parole, d'un ton étrangement doux et patient.
- Chez les sorciers, les serments se font devant la magie. Parce que la magie ne peut pas mentir. On peut falsifier un papier, le détruire ou en créer un... mais on ne peut pas inventer un serment passé entre deux personnes consentantes. Et nous étions d'accord pour être liés quand Granger a lancé le sort sur nous.

Harry hocha la tête.
- Oui. Nous étions d'accord. Pour ne plus nous battre ! Pas pour... un mariage ! C'est complètement surréaliste ! Il suffit de lancer ce foutu sort pour unir deux personnes ? Qu'est-ce qui empêche quelqu'un de... d'en abuser ?

Ron plissa le nez, indécis. Il comprenait les questions de Harry mais il n'avait pas les réponses. Malefoy lui sourit.
- Contrairement à ce que tu imagines, il ne suffit pas de lancer le sort pour que ça fonctionne. Nous étions tous les deux d'accord, n'est-ce pas ? Nous avions le même but, au moment où le sort a été lancé.
- Le même but, oui. Cesser de se battre. Pas d'être unis ! C'est juste une erreur.

Drago continua, doucement, évitant le regard de Harry pour se focaliser sur ses doigts accrochés au poignet du brun.
- Si l'un de nous avait espéré... je ne sais pas moi, être débarrassé de l'autre, ça n'aurait pas fonctionné. Tu vois où je veux en venir ?

Harry se renfrogna immédiatement, croisant les bras sur sa poitrine, se dégageant d'un geste brusque de la prise du Serpentard.
- Donc il suffit de vouloir la même chose ? Si on avait tous les deux pensé à du jus de citrouille, c'était suffisant ? C'est une plaisanterie stupide ! Je n'y crois pas un seul instant !

Malgré lui, Ron éclata d'un rire nerveux. Il récolta un regard noir des Serpentard, et Drago leva les yeux au ciel.
- Ne sois pas idiot, Potter !
Les deux garçons se défièrent du regard, un long moment. Puis, Harry renifla, incrédule et furieux.

- Et bien, il suffit de briser le sort ou le truc qui nous unit ! Je suppose qu'il y a bien des couples sorciers qui se séparent, non ? Ou vous allez me dire que tout le monde vit un foutu conte de fées dans le monde magique ?

Le lourd silence qui lui répondit le mit mal à l'aise. Il fronça les sourcils, et ce fut Ron qui lui répondit, doucement.
- Harry, mon pote. Les rites magiques ne sont pas... on ne peut pas revenir en arrière. Beaucoup les ont abandonnés parce que la société changeait... Mais qu'il soit heureux ou non, une Promesse ne peut pas être dissoute.

Drago s'approcha de lui, avec un sourire étrange.
- En gros, ça veut dire qu'on est coincés ensemble. Toi et moi.


Harry cligna des yeux, mais resta silencieux, refusant de répondre à la provocation claire. Sa magie se fit plus présente, presque oppressante. Si oppressante que Blaise eut un mouvement de recul, inquiet. Ron voulut avancer vers lui, mais Drago le devança leur ordonnant à tous de quitter la pièce d'un ton sec.
Comme personne ne bougeait, il se répéta, sa propre magie se déployant, aussi impressionnante que celle de Harry. Complémentaire même. Ron fut le dernier à sortir, hésitant, avant de capituler, conscient qu'il ne pouvait rien pour réconforter Harry.

Lorsqu'ils furent tous les deux, Harry et Drago se fixèrent en chiens de faïence et le Serpentard ironisa.
- C'est si terrible que ça d'être... uni avec moi ?

Harry montra les dents.
- Aussi étrange que ça puisse paraître, je rêvais de choisir avec qui je finirais mes jours. Je rêvais aussi d'un... mariage au milieu de mes amis, avec mon parrain près de moi. Pas à un stupide sort lancé en cachette dans un couloir de Poudlard !

Drago soupira, et baissa la tête, mais Harry eut le temps de voir un éclair de tristesse passer dans le regard gris. Il murmura, incertain.
- Depuis tout petit, mes parents me disent que je n'aurais pas mon mot à dire. Que ça serait un mariage arrangé, avec quelqu'un qui... serait bénéfique pour les affaires de mon père. De la famille. Une simple transaction. Un échange.

Harry haleta et s'approcha pour l'attirer à lui. Le serrant dans ses bras, il cacha son visage dans le cou de Drago et laissa échapper un léger ricanement.
- Au moins on sait qu'on est capables de s'entendre. Après tout, on ne s'est pas battus depuis le début du mois et Noël est demain.

Leurs magies s'apaisèrent lentement, alors qu'ils se tenaient l'un à l'autre, faisant front commun. Harry murmura, dans un souffle.
- C'est pas si mal d'être uni avec toi.

Après une longue hésitation, ils s'embrassèrent. Juste un baiser rapide, pressant leurs lèvres ensembles, comme pour se rassurer ou pour s'assurer qu'ils ne rêvaient pas.
Drago ferma les yeux, et s'autorisa à se laisser aller, exposant une de ses faiblesses.
- Harry ? Tu ne vas pas m'abandonner ?

Le Gryffondor passa la main dans les cheveux si clairs de Drago, et déposa un baiser sur sa tempe, soudain bien plus calme. C'était comme lorsqu'il s'était réveillé en train d'embrasser Drago. Passé le premier choc, il avait décidé d'accepter plutôt que lutter. Ce n'était pas si différent après tout... là encore, il pouvait se battre et s'épuiser en vain, ou admettre la réalité et décider de tirer le meilleur de ce qu'il avait.
Il sourit, sans lâcher le Serpentard - son Serpentard - et chuchota, avec toute la sincérité qu'il éprouvait.
- Jamais.

Promesse - Avent 2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant