Chapitre 24 : Forth Eorlingas

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A l'aube, leurs ennemis enragés revinrent à la charge.

Les hommes qui avaient gardé espoir s'efforçaient de barricader la porte avec ce qu'ils avaient à portée de main. Les tables et les chaises volèrent, pour être placées devant les portes de bois, qui menaçaient de céder à tout instant. Mais de l'autre côté de la grande salle, Théoden, lui, avait perdu tout espoir.

-La forteresse est prise. C'est fini, déclara-t-il d'une voix étonnement calme pour l'occasion.

Aragorn s'approcha du roi pour prendre un banc qui aiderait à la défense des portes.

-Vous avez dit que cette forteresse ne tomberait pas tant que vos hommes la défendraient ! cria Aragorn, irrité. Et ils la défendent toujours ! Ils sont morts en la défendant !

Le roi ne répondit rien, évitant le regard du rôdeur. Ce dernier continua de parler, et au même moment, Tauriel aida Legolas à renverser une table pour la caler contre la porte. Elle essayait le plus possible d'éviter son regard, alors qu'elle sentait le sien presque en permanence sur elle. Elle tentait encore de se voiler la vérité. Si longtemps il en avait été ainsi...

-Y a-t-il un autre passage pour les femmes et les enfants pour sortir des caves ? demanda Aragorn derrière eux. Y a-t-il un autre passage ?

-Il y a un passage. Il mène dans les montagnes, répondit le second du roi. Mais ils n'iront pas loin, les uruks-hai sont trop nombreux !

Comme pour souligner ses propos, une nouvelle fois, les orcs tentèrent d'enfoncer les grandes portes de la salle, qui tremblèrent sous leur assaut.

-Ordonnez aux femmes et aux enfants d'emprunter le passage, et barricadez l'entrée ! lui cria Aragorn en retour.

L'homme fit pas un pas vers le couloir qui menait aux caves, mais il se ravisa lorsque la voix du roi résonna dans la salle.

-Tant de morts...Que peuvent faire les hommes face à une telle haine ?

Derrière eux, les portes tremblèrent encore plus qu'auparavant. Tauriel le sentait, tout comme les autres, elles n'allaient pas tarder à céder. Il ne restait plus beaucoup de temps avant d'affronter la terrible ramée des orcs qui se tenaient de l'autre côté des portes de bois. Déjà, les hommes reculaient à chaque nouvel assaut, épuisés.

-Chevauchez avec moi , souffla soudainement Aragorn.

Tous ceux qui l'avaient entendu se tournèrent instantanément vers lui, les sourcils froncés, troublés. L'elfe rousse eut la même réaction. Le roi, quant à lui, regarda Aragorn comme s'il était fou.

-Chevauchez avec moi à leur rencontre, reprit ce dernier, une lueur fière dans le regard.

En face de lui, les prunelles du roi s'illuminèrent également de cette même lueur. Il avait compris ce qu'il voulait dire. Théoden s'approcha, son port de tête royal retrouvé, le menton haut.

-Pour la mort et la gloire, déclara le roi en marchant vers lui.

-Pour le Rohan. Pour votre peuple, continua Aragorn.

Lentement, avant que le roi n'ait pu répondre, la douce lumière du soleil  entra dans la pièce, éclairant en particulier les deux hommes, en son centre. Le soleil était enfin là. Et Tauriel était ravie de savoir ce que cela annonçait. Elle se rappelait parfaitement des paroles de Gandalf avant son départ, cinq jours auparavant. Il leur faudrait regarder à l'est.

-Le soleil se lève, fit-elle remarquer, car les autres ne semblaient pas encore l'avoir vu.

Tous échangèrent un regard, sûrs d'eux. Les renforts étaient en route, dans peu de temps, ils seraient eux aussi aux portes du Gouffre. Et alors, Tauriel en était persuadée, rien ne pourrait les arrêter.

L'odyssée de la fille de la forêt Où les histoires vivent. Découvrez maintenant