#8 - Maé

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Six mois plus tard, avril.


Je tire ma valise sur le trottoir et frotte de nouveau mes yeux alors qu'Ash éclate de rire sans aucune discrétion. Si les voisins ne nous font pas un procès, je jure de glisser un billet de cinquante balles sous leur porte en revenant de vacances.

- Mais fais moins de bruit merde, siffle Béa en lui frappant le bras. Il est quatre heures du matin, je te rappelle. 

- Ce que tu peux être vulgaire au réveil, continue de se marrer Ash et c'est Ryan qui vient plaquer sa main sur sa bouche. 

- Merci. 

Béa soupire et je souris au moment où la voiture de Dylan se gare derrière celle de mon amie. Si Ryan est resté dormir à l'appartement, Emy a préféré nous rejoindre ce matin pour qu'on ne se marche pas dessus en se préparant. C'est sur que l'espace, ici, n'a plus rien à voir avec notre belle maison à la lisière de la ville.

- Salut la compagnie ! Vous êtes en forme ? 

- Je veux dormir encore dix heures, marmonne Khaleb en serrant rapidement Dy contre lui. Ryan n'a pas arrêté de me voler la couverture. 

- Tu avais mon coussin. 

- Attendez, c'est pas toi son coussin ? rit Emy en bousculant gentiment Khaleb qui roule des yeux. 

J'embrasse la joue de Dylan alors que Ryan tire déjà Emy par la main et vient secouer ses cheveux, ce qui ne l'empêche pas de rire et de le titiller un peu plus. Je crois que ce spectacle qu'ils nous offrent, à chaque fois qu'ils se sourient, ça va finir par me faire perdre les pédales. C'est à l'opposé de ce qu'il s'est passé en février, il y a deux ans. Pire qu'à l'opposé même. 

J'ouvre le coffre de la voiture de Béa et y glisse ma valise à côté de la sienne. Puis Ryan vient y déposer celle d'Ash et son sac de fournitures pour le dessin. On a eu beau essayer de le dissuader de l'emmener, parce qu'il est évident qu'il n'aura pas le temps de dessiner, il n'a rien voulu entendre. 

- Clope et on y va ? 

- Il faut qu'on soit parti dans cinq minutes, soupire Béa alors que Ryan a la tête plongée dans le coffre de la bagnole de Dylan cette fois. On peut pas louper le vol, sérieux !

- Détends-toi, on l'aura. 

Le regard de Béa s'embrase alors que Ryan hausse les épaules en glissant une cigarette entre ses lèvres, le paquet tendu vers Khaleb qui en prend une. La seconde d'après, elle lui balance au visage qu'elle est parfaitement détendue mais qu'elle en a marre de tout prévoir dans les moindres minutes et qu'aucun d'eux ne respecte jamais son planning. Ca fait sourire Khaleb qui se cache derrière sa clope et Ash passe son bras sur les épaules de Béa pour la calmer. 

Mon coeur s'emballe quand Ryan sourit à Emy qui lui attrape le bras pour se réchauffer, tandis que Dylan s'amuse à tirer sur une des deux tresses à Béa pour l'énerver. Les choses ont tellement évolué en six mois, pour chacun de nous. C'est incroyable de nous voir maintenant, comparé à il y a deux ans lorsqu'on s'est serré la main devant l'immense porte d'entrée de notre ancienne maison. 

- J'aimerai vous dire un truc. 

Béa arrête de taper gentiment Dylan qui se cache le visage des bras en ricanant comme un diable. En même temps, Ryan termine de remonter la capuche sur l'arrière du crâne d'Ash, toujours un bras autour d'Emy qui enfonce ses mains dans son écharpe. Khaleb tire sur sa clope et me sourit lorsque nos regards se croisent. 

Jeu de soirée [édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant