Chapitre 9

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Le Feu

ou

confessions nocturnes

Aldin frotta ses mains l'une contre l'autre, grelottant malgré les épais vêtements dont elle s'était couverte. Bien que la journée fût particulièrement chaude dans le Désert de Dunes, les nuits étaient glaciales, et Aldin, en charge de la garde de leur première nuit dans ce désert, peinait à réchauffer ses mains. Soudain, un crissement de sable se fit entendre derrière elle et elle se releva d'un bond, son arc bandé fermement malgré ses doigts engourdis par le froid, avant de détendre la corde et de se rasseoir, tournant son dos à Malik qui sortait de sa tente et venait vers elle. Le jeune homme s'assit à ses côtés devant les braises luisantes du feu maintenant presque éteint.

- Pourquoi tu ne rallumes pas le feu ? demanda-t-il en donnant un léger coup de coude à la jeune femme, son sourire taquin à peine visible dans la pénombre. On se caille, ici.

Aldin rougit violemment et ouvrit la bouche avant de la refermer, sans répondre.

- Ne me dis pas que tu ne sais pas démarrer un feu ! rit Malik après avoir passé quelques secondes à détailler le visage de la jeune femme à la faible lueur des braises.

- Je... Euh... Emrys m'a montré plusieurs fois... Mais je n'y arrive jamais... murmura Aldin, les joues brûlantes de honte.

Malik éclata de rire avant de se lever et de s'approcher du foyer.

- Mais il y a même toute une réserve de bois mort qui n'attend que ça ! s'exclama-t-il. Ne t'en fais pas Aldin, je gère.

Il s'agenouilla près du feu et, tournant le dos à Aldin et lui cachant la vue sur le foyer entouré de pierres, le ralluma en seulement quelques secondes. Il se releva avec une petite révérence et retourna s'asseoir près de la Nivestienne qui tendit ses mains glacées vers les flammes maintenant hautes et puissantes.

- Génial ! sourit-elle en se tournant vers Malik qui s'était allongé, la tête posée sur une pierre. Comment tu as fait ça ? En si peu de temps !

- On peut dire que je sais y faire, quand il s'agit de feu, répondit le jeune homme avec un sourire, croisant ses bras musclés sur son torse.

- Je me souviendrai de ça, sourit Aldin à son tour.

Ils restèrent silencieux un moment, le craquement des braises dans le foyer seul troublant le lourd silence du désert nocturne.

- Parle-moi de toi, dit soudain Malik, brisant abruptement le silence de plomb.

- De moi ? répéta Aldin, surprise.

- Oui, de toi.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- Tout ! Ton âge, ta taille, ton plat et ta couleur préférés, l'endroit de rêve où tu voudrais aller...

Malik lança un clin d'œil à Aldin qui éclata de rire.

- Bon, d'accord. J'ai dix-sept ans...

- Comme moi ! s'exclama Malik en se redressant sur le coude.

- Ah bon ?

Aldin serra avec un grand rire la main que lui tendait le Jamaarian.

- C'est drôle, commenta-t-elle, je t'aurais donné au moins vingt ans...

- Je sais, je sais, je fais vieux. Mais continue ! l'encouragea Malik en se recouchant, les mains croisées sous la tête.

Les Incarnations - Nivest, la Terre (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant