Chapitre 4.3

119 26 3
                                    

S'il-vous-plait, lisez la note en fin de chapitre, c'est important... Sur ce, profitez de votre lecture !

— Misael ! Misael ! hurlé-je aussitôt en me mettant à courir, le cœur déchiré par la peur et l'angoisse.

M'élançant dans une direction, j'essaie de le trouver, mais une silhouette massive surgit sur mon passage et des crocs saillants claquent juste devant mon visage. Levant férocement mes yagans, je n'ai pas le temps d'asséner un quelconque coup qu'autre chose attire l'attention du monstre : Martan lui a transpercé le flanc. Je profite de retournement de situation pour m'échapper. Misael, Misael, où es-tu ? Je cours loin de la bataille, guidée par mon instinct : je connais l'aura de Misael, il faut juste que je me laisse guider. Il est proche.

C'est au détour d'une rafale que je le retrouve, dos à dos avec Raïs, combattant trois Perdus. Brièvement soulagée, ce sentiment est aussitôt remplacé par la volonté de me battre pour m'en sortir : je me précipite vers eux et m'engage à corps perdu dans le combat. L'atmosphère s'obscurcit, quelque chose change, nous nous laissons dominer, Misael et Raïs disparaissent de ma vue. Je me retrouve complètement seule, entourée d'une tempête qui ne cesse de forcir, avec face à moi un immense loup noir. Nous nous dévisageons, mes prunelles abîmées par l'assaut du sable, et ses yeux mangés par la folie. Je recule, et il avance. Je n'ai plus la force de lever ne serait-ce qu'un seul yagan, et mes yeux pleurent encore plus : deux voies s'offrent à moi, la mort ou une vie de Perdue. Un gémissement s'échappe de mes lèvres au fur et à mesure que le monstre se rapproche de moi, savourant sûrement ce moment. Lentement, il ouvre sa gueule, dévoilant des crocs immenses, luisants de bave. Je ferme les yeux, la peur tordant mes entrailles.

Un cri de guerre résonne soudain à quelques pas, et le Perdu pousse un glapissement de douleur et de colère. Il fait un bond sur le côté, et je ne sais par quel miracle il disparaît dans la poussière. Face à moi, Raïs.

— Tiens donc, si j'avais su que c'était toi, je t'aurais laissée entre ses pattes, ricane-t-il en me tournant le dos pour rebrousser chemin.

Alors qu'il s'engage dans la direction de l'endroit où nous avons laissé les autres, une brusque bouffée de haine me submerge. Les flashs aveuglants de ce qu'il m'a fait l'autre soir surgissent derrière mes rétines, et je perds toute capacité de réflexion. Je bondis sur lui, un yagan dans la main, et avec un plaisir jubilatoire j'enfonce ma lame de quelques centimètres dans son dos :

— Pas si vite, grondé-je, souhaitant prolonger son humiliation future.

Mais malheureusement, la position de force dans laquelle je me trouvais ne dure pas longtemps. Il s'échappe de ma lame dans un rugissement de colère et de douleur et se retourne brusquement pour me faire face. La lueur malveillante et mauvaise qui m'est familière brille dans ses yeux sombres, aussi noirs que ceux des Perdus.

— Tu es fou, lâché-je d'un ton vil.

Il pousse un sifflement perfide, un sourire aux lèvres. Jamais, jamais, je n'aurai cru possible d'haïr quelqu'un de la sorte. Peut-être cela va-t-il même au-delà de la haine, mais aucun mot assez fort ne peut décrire ce sentiment. Je le déteste. Aussi parce qu'il fait ressortir ce qu'il y a de pire en moi : de la méchanceté, un sentiment de vengeance, de trahison et de la souffrance.

— Et toi si faible. Tu crois que je n'ai pas remarqué la façon dont tu regardes Alek, ça fait mal, n'est-ce-pas, fait-il en s'approchant, de réaliser que jamais il ne te regardera de la même manière. Dis-moi, qu'est-ce qu'il dirait, s'il savait ?

Mon cœur s'arrête de battre. C'est donc cela, ce qu'il prétendait savoir sur moi ? Mon petit secret. Le pire, c'est que je sais que d'une certaine manière, il a raison. Alek me rejetterait, m'écarterait de lui, s'il savait. Justement parce qu'il déteste toute forme de relation intéressée. Mes yeux picotent, je ne peux pas le laisser savoir ça, parce que je ne lui fais pas confiance. Les éléments se déchaînent, ma fureur aussi et la violence qui m'habite atteint son paroxysme lorsque je réalise cela : si je le fais, personne ne saura jamais que c'était moi.

𝑳𝒂 𝒗𝒂𝒍𝒔𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝑳𝒐𝒖𝒑𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant