ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟚.𝟙

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Après mon passage à l'infirmerie, je suis couverte de bandages

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Après mon passage à l'infirmerie, je suis couverte de bandages. Chacune de mes blessures a été soigneusement désinfectée et bandée, et j'ai également pu me nettoyer le visage, me recoiffer et changer de vêtements avant la fête de ce soir. Pour l'occasion, j'ai décidé de mettre la seule robe que je possède et que je donnerai à quiconque la voudra dès demain. Je n'en aurai plus l'usage : que je finisse pêcheuse ou dans l'armée, elle ne me servira pas. Et puis, maintenant, j'en ai fini d'essayer de mettre mon corps en valeur. Ce soir, c'est la dernière fois. Je me regarde une dernière fois dans le miroir fissuré de ma chambre. Ma robe rouge ornée de petites fleurs s'arrête juste au-dessus de mes genoux. Le tissu en lin, très léger, est légèrement évasé, si bien que pour l'ajuster j'ai ceint ma taille avec un large tissu marron. Ma robe laisse de nombreuses parties de mon corps à découvert : mes épaules sont traversées par de fines bretelles, et le tissu laisse une partie de mon dos nue. Il fait suffisamment chaud pour que je n'aie pas froid.

J'ai acheté cette robe dans un magasin miteux de Pàn il y a des années, si bien que la couleur est légèrement passée. Je n'ai pas tellement eu le choix : étant orpheline, le seul argent qu'on me donne provient des instances dirigeantes, et se compose de quelques shébels, à peine de quoi acheter un beignet au détour d'une rue.

Absorbée par mes pensées, je rejoins les deux cents autres élèves de ma promotion à l'extérieur de la Base. Le soleil a disparu derrière l'horizon et ne subsistent encore du jour que les lueurs jaune-orangé précédant le crépuscule. A l'entrée de la Base, la pelouse habituellement sauvage a été coupée au ras du sol et une estrade a été dressée près de la porte en fer. C'est là que les résultats seront annoncés d'ici peu. En attendant, je balaye la foule du regard à la recherche d'Alek. Le brouhaha ambiant est plutôt joyeux et bon enfant : les groupes d'amis se sont rassemblés autour de chaises ou de bancs et discutent une dernière fois ensemble avant d'être séparés. Je ne mets pas longtemps avant de repérer Alek. La force de l'habitude y est pour beaucoup, mais il a toujours dégagé quelque chose de solaire qui attire les gens vers lui, moi comprise.

J'arrive à son niveau le sourire aux lèvres, heureuse de retrouver un visage souriant et familier et un semblant de calme après les combats. Même entouré de son groupe d'amis, il me repère vite et délaisse sa discussion pour se tourner complètement vers moi. Ses prunelles grises parcourent mon corps, s'arrêtent sur le bandage qui entoure mon bras – le seul visible – et remontent jusqu'à mon visage où il ne peut que constater mon visage gonflé par les coups et les bleus : une énorme ecchymose violette orne le haut de ma pommette, ma mâchoire a doublé de volume suite au coup donné par Zeri et j'ignore comment je me suis retrouvée avec un œil au beurre noir.

— Eh bien, on t'a pas ratée, murmure-t-il, les yeux écarquillés.

— On peut dire ça, ricané-je à moitié, on m'a passée à tabac. Et toi alors, comment ça s'est passé ?

En attendant sa réponse, je m'écrase sur un banc et mes jambes soupirent de soulagement.

— Pas trop mal, mais je préfère attendre les résultats avant de me faire des idées.

𝑳𝒂 𝒗𝒂𝒍𝒔𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝑳𝒐𝒖𝒑𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant