CHAPITRE DEUX

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[19 juillet 2005]

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[19 juillet 2005]

LES MOTOS RONFLAIENT,
perturbaient la tranquillité du parc entourant le temple Musashi. Assise sur une balançoire, Haiko observait les garçons se réunir, créant un rassemblement de motos qui s'agrandissait un peu plus chaque seconde.

C'était impressionnant, même pour elle qui y était habituée. Non loin, son frère discutait avec des membres du Tokyo Manjikai. Malgré son uniforme identique à celui des autres, il était aisément reconnaissable à sa teinture verte, une folie capillaire qu'il devait à un pari récent.

En se remémorant la tête qu'avait fait leur mère, Haiko sourit et secoua la tête. Pauvre Kanako Inoue, elle en voyait de toutes les couleurs avec eux.

Au loin, elle aperçut Draken et Mikey, discutant d'un air sérieux. Près d'eux, se tenait un couple de collégiens. Leurs uniformes d'école juraient avec ceux du gang, et ils semblaient, sans surprise, perdus.

L'adolescente se demanda s'ils s'étaient juste retrouvés là par hasard, mais quand le boss de leur gang et son second les saluèrent, elle se rendit compte qu'il devait sûrement s'agir du nouveau, Hanagaki, et de sa petite amie.

Mikey lui avait souvent parlé du blond et de son impressionnante combativité, malgré le fait qu'il n'y connaissait rien en baston. Et sa petite amie, semblait-il, lui ressemblait beaucoup, sans compter ses gifles puissantes.

Trop occupée à observer ses amis, elle n'entendit pas Pachin l'appeler, au milieu de la foule. Ce ne fut que quand il s'approcha d'elle qu'elle le remarqua, et le salua d'un sourire.

Le blond lui rendit son sourire, avec une tristesse non dissimulée.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit alors son amie, inquiète.

- Un de mes potes a eu une embrouille avec Osanai, du Moebius. Ces enfoirés l'ont passé à tabac, violé sa meuf et séquestré sa famille. Et il est hors de question que je les laisse s'en tirer comme ça.

Il baissa la tête, l'air sombre. Il tremblait. Pas de peur, oh non ; depuis qu'ils se connaissaient, elle n'avait pas souvenir d'avoir déjà vu l'adolescent avoir peur. Non, il bouillonnait de colère. Une haine si féroce, si viscérale, qu'il était capable d'aller les embrouiller tout seul, elle le savait.

Pachin était comme ça : un ami loyal, immensément généreux, et prêt à se mettre dans la merde pour venger ses potes. Et elle l'admirait pour ça.

- Si Mikey décide de pas s'en mêler, compte sur moi pour t'accompagner et leur foutre la raclée de leur vie, lui promit-elle.

Il hocha la tête, reconnaissant.

- Amenez-vous, bande de bâtards ! La réunion va commencer !

C'était Draken, appelant les membres du gang à se rassembler. Pachin se leva aussitôt de la balançoire, et rejoignit les autres, qui s'étaient alignés et s'inclinaient désormais devant le passage de leur chef.

Haiko, elle, préférait observer de loin. Même si elle était amie avec les gros bonnets du Tokyo Manjikai, elle ne faisait officiellement pas partie du gang, et ainsi pouvait se passer des révérences devant Mikey.

Pourtant, peu importe le nombre de fois où elle avait pu assister à cette scène, elle ne pouvait s'empêcher d'être émerveillée chaque fois qu'elle voyait son ami avancer dans l'allée formée par ses hommes, tous inclinés et le saluant d'une seule voix.

Y avait pas à dire, Manjiro Sano avait du charisme.

Il commença à parler, et même si elle n'entendait rien, Haiko devina aisément qu'il racontait ce qu'il était arrivé au pote de Pachin, et les éventuelles représailles qui risquaient de découler de toute cette histoire.

Elle savait que Mikey était en train de réfléchir à la question des conséquences qu'aurait une expédition punitive, mais qu'il était déjà prêt à se battre. Elle décida de se rapprocher, quittant sa balançoire pour se poster à côté de la masse d'adolescents en uniforme.

Debout aux côtés de Sano, le collégien qu'elle avait aperçu plus tôt discutait avec Mitsuya : le garçon aux cheveux violets était certainement en train de lui faire un récap de la situation. Elle rigola en observant son air paumé. Il lui rappelait son frère et elle, à l'époque où ils étaient tout nouveaux dans le gang et leurs histoires.

Il leur avait fallu du temps pour s'intégrer, surtout pour elle, qui était une fille et par conséquent un membre officieux du groupe. C'était Pachin qui avait été l'un des premiers à l'accepter et à sympathiser avec elle.

Le même Pachin qui arriva dans le dos du nouveau et lui donna un coup de pied si violent qu'il le projeta au sol. D'abord interloquée, Haiko se rappela finalement que Kiyomasa, le bookmaker, était un pote de Pachin, et que d'après les rumeurs, c'était à cause d'Hanagaki qu'il s'en était pris plein la gueule quelques jours auparavant.

Pauvre Hanagaki, il n'avait aucune idée de ce dans quoi il s'était fourré.

Amusée, elle vit Pachin et son fidèle acolyte Peyan intimider le blond. Elle les connaissait, le lendemain, ils auraient tout oublié. Mitsuya les interrompit, puis ce fut au tour de Draken d'intervenir.

En vérité, chacun savait que Kiyomasa était le seul fautif. Il n'était pas très malin, de toute façon, et se serait fait attraper un jour ou l'autre. Haiko ne l'avait jamais vraiment porté dans son cœur, et à raison. Mais c'était un ami de Pachin, et elle respectait ça.

- Haiko !

Ayato, caché derrière un grand brun, l'appelait.

Il avait l'air inquiet, plus que d'habitude. Elle le rejoignit, jouant des coudes pour se frayer un passage à travers la foule d'adolescents.

- J'ai reçu un message de maman, faut qu'on rentre ; Sadao l'a encore larguée !

Haiko soupira, exaspérée. Depuis la mort de leur père quelques années auparavant, leur mère ne cessait d'enchaîner les petits amis. Mais depuis quelques temps, c'était toujours le même homme qui venait, repartait, puis revenait. Sadao Hada, un campagnard indécis. Follement amoureux, certes, mais surtout indécis.

Il n'avait de cesse de quitter leur mère avant de revenir deux semaines plus tard, un bouquet de fleurs à la main.

La collégienne ne comprenait pas pourquoi il partait tout le temps, et à la vérité, elle ne tenait pas à le savoir. À chaque rupture, elle et son frère ramassaient leur mère à la petite cuillère, s'occupant d'elle et de leur petit frère. Et aucun prétexte quel qu'il soit n'excusait de faire autant de peine à leur mère.

Soufflant, elle jeta un œil vers Mikey, qui à présent discutait avec Pachin et n'allait certainement pas tarder à déclarer la guerre au clan Moebius. Elle s'en voulait de rater une telle info, mais elle n'avait pas le choix.

Sa mère avait besoin d'elle.

À contrecœur, les Inoue sortirent discrètement du parc où s'était rassemblé le Tokyo Manjikai et prirent le métro en direction de chez eux.

La nuit allait être longue, très longue.

SUPREMACY | tetta kisaki fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant