Chapitre 9 - Brûlure

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Blanche

Amiel est parti de mon domicile en emportant avec lui mon sentiment de sécurité et en installant chez moi une ambiance froide. J'allais passer à table quand ma mère me demanda de mettre les couverts, ce que je fis sans broncher sous le regard brûlant de mon père.

Silencieuse, je prends place sur ma chaise en attendant ma mère qui ramenait le plat à table. En le posant sur la planche en bois, elle me frôla la main et une douleur vive me fit gémir de douleur. Le dos de ma main me brûlait suivit de nombreux frissons et je sentais les pulsions de mon cœur sous cette acidité atroce.

J'eus envie de me lever pour appliquer une pommade, mais les règles étaient de ne pas sortir de table avant d'avoir l'accord d'un de mes parents. Inutile de demander, je sais d'avance qu'ils refuseront que je quitte la table pour me soigner alors que ce geste était volontaire.

Le repas se passe dans un silence de plomb, je n'ose même pas lever la tête en comprenant mon erreur : j'avais amenée une personne à la maison, d'autant plus, un garçon ! J'étais mal, très mal.

- Tu couches avec lui ? Questionna ma mère.

Sa question me laissait abasourdie. Si je quoi ?

- Évidemment que non, répondit mon père, qui aurait envie d'elle ?

Ma mère acquiesça avec un léger sourire.

- Tu te crois maligne ? Questionna à son tour mon père.
- Pardon ? Balbutiais-je.

A-t-il remarqué mon jeu ? Sait-il pourquoi j'ai ramenée une personne à la maison ?

- Il ne voudra jamais devenir ami avec toi. S'il est là, c'est seulement pour ce que tu as et non pour ce que tu es, cracha-t-il.

Ses mots me faisaient mal. J'avais l'impression qu'il me piquait dans le cœur avec des aiguilles, que cela l'amusait. Mais par-dessus tout, j'étais en colère. Je n'en pouvais plus de supporter ses remarques, je n'arrivais plus à rester calme.

Essayant de retenir mon sang froid, je sentis mes poings se contracter en sentant mes ongles marquer ma paume. Je me mordais les joues pour ne pas lui hurler haut et fort ce que je pensais. Mais il me poussait à bout. Ses rires hypocrites, son regard hautain. Je n'en pouvais plus.

- La vérité blesse ma chère. Rends-toi utile et débarrasse. Ajouta ma mère.

Elle me négligeait. Toujours et encore. Mais je ne bougeais pas, mon regard était ancré sur le mur d'en face en essayant de contenir ma colère.
Mon père claqua des doigts en pensant que cela allait me faire remuer comme un stupide chien. Mais ça ne marchait pas.

- Petite idiote, je t'ai blessé ? Ta mère a raison, la vérité blesse. Nous sommes seulement honnêtes envers toi, dit-il avec un sourire moqueur.

- Veux-tu que je sois aussi honnête envers toi ? Vociférais-je, ne pouvant plus contrôler ma colère.

Mon père ouvrit grand les yeux avec son habituel sourire triomphant, comme s'il cherchait à me pousser à bout. Il avait réussi. Ma mère posa ses couverts sur la table en prenant soin de ne faire aucun bruit.

- Mais je t'écoute, dit-il en posant ses couverts à son tour.

Vais-je vraiment le faire ? Vais-je être sincère avec lui ? Soudain, je n'étais plus très certaine de moi-même.

- À moins qu'il te manque le courage pour le faire. Après tout, tu n'es qu'une dégonflée.

Mon poing tapa brutalement sur la table et je me levai en faisant racler la chaise sur le carrelage froid de la salle à manger.

PAS COMME EUX (RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant