N.B : La musique (comme on pourrait le penser) ne parle pas d'Amiel et Blanche, mais de Blanche et de son « ancienne personnalité » ainsi que ses sentiments. En fait, la musique est d'elle à elle-même. (Slidez vers la gauche si vous souhaitez l'écouter)Blanche
Main dans la main, Amiel et moi pénétrons dans l'énorme réception qu'a lieu ce soir. Beaucoup de personnes me reconnaissent, mais aucune ne daigne venir me saluer. Cela m'arrange, je ne vais pas le cacher... Comme l'a deviné mon binôme, mes parents ne sont pas encore présents, ce qui calme légèrement ma peur. Amiel est extrêmement confiant, il dégage une assurance sans nom et je me dis que s'il lâche ma main, je tomberai face contre terre. Il est ma seule envie de rester debout. Je me demande également comment je faisais avant, quand je ne le connaissais pas.
Mes oreilles se sont habitués au brouhaha, des serveurs circulent avec des apéritifs sur un plateau et je me concentre pour ne pas en bousculer un. Mon binôme épouse la pièce du regard, il semble tendu alors je déduis que c'est parce qu'il va jouer du piano.
- Tu es parfait au piano, ne soit pas anxieux comme ça !
Sans poser son regard sur moi, il me répond d'un air confiant :
- Pas aussi parfait que toi...
Le rouge me monte aux joues, j'essaie de me contrôler quand une femme se dirige vers nous.
- Bonsoir les enfants, bienvenue ! Salue-t-elle joyeusement.
Ce doit être madame Marc, car elle indique où se trouve le piano à queue à mon partenaire.
- Mademoiselle Prat, c'est un plaisir de vous voir ! Vous désirez jouer également ? Questionne-t-elle en m'empêchant de rejoindre mon compagnon.
Je hais quand ils m'appellent par un nom qui ne m'appartient pas.
- Collet.
- Pardon ? S'offusque-t-elle.
- Mon nom est Collet, répondis-je d'un sourire.
Ses yeux s'arrondissent de surprise.
- Vous êtes mariée ? Bon Dieu... Félicitations !
Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. Les gens riches sont souvent sots, cependant je ne prends pas la peine de régler ce malentendu. Si elle pense que je suis mariée, les hauts gradés cesseront d'envoyer leurs fils tourner autour de moi comme si je n'étais qu'un vulgaire morceaux de viande.
Je souris poliment à madame Marc, en prenant soin de lui dire que ce soir, je ne jouerais pas et vais m'installer sur le sofa bordeaux. Face à mon compagnon qui met de l'ordre dans ses partitions.
Il me fait un clin d'œil avant de caresser les touches du bout des doigts, faisant naître les sons et vibrer mon cœur également. Chaque appuie sur les touches me donne un frisson différent. La mélodie et ses gestes dansent autour de moi, elles m'envoutent, caressent mon cœur. Du regard, je m'autorise à embrasser son visage et à imaginer sa peau sous mes doigts comme de la soie. Ses cheveux seraient certainement doux comme les ailes d'un ange, mais le goût qu'auraient ses lèvres seraient comme gouter au fruit interdit. Si je tombe dans cette tentation je finirai par être bannie du paradis et la mort s'ensuivrait, ce désir ne serait qu'un lointain souvenir, mais Dieu sait que j'en ai envie.
Gouter.
Ses.
Lèvres.Je ne me pose pas plus de question.
Entendre.
Son.
Cœur.
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PAS COMME EUX (RÉÉCRITURE)
RomanceOrpheline, différente, seule et délaissée des autres, Blanche se sent tombée d'une falaise infinie depuis qu'elle a été adoptée par un couple sans cœur. Destinée à devoir sembler parfaite aux yeux de la société, elle n'arrive plus à supporter le poi...