BlancheMon cœur me brûle.
Mes larmes menacent de ruisseler sur mon visage, mes dents mordillent mes joues intérieures afin d'étouffer ma détresse.
En vain, celle-ci est trop forte, trop puissante pour être enfouie dans mes ténèbres. Mes barrières fondent sous le poids de mes nombreux secrets. Une colère aiguë s'installe en moi, contre moi, elle me hurle de me taire.Pourquoi ai-je ce sentiment de vouloir me confier et en même temps cette peur de le faire ?
Je ne dois pas. Il ne faut pas que je dévoile mon plus grand cauchemar réel - ainsi soit-il - à un inconnu que je connais depuis deux petites semaines. Je ne peux pas, pas maintenant, pas à lui, pas à un homme !Sur le point de produire une erreur monumental je me lève afin de m'en aller, le geste fut trop rapide, car des pointillés noirs dansent dans mon regard, mes jambes perdent l'équilibre et je retombe sur le banc. Comme si celui-ci m'attirait.
- Dit moi ce qu'il ne va pas, murmure Amiel, n'osant pas bouger par peur que je m'éloigne tel un animal apeuré.
Ne parle pas Blanche, tais-toi !
- Je...
Ne parle pas !
- Je ne peux pas te le dire. Lâchais-je, en maitrisant ma détresse et ma colère, mon mal de ventre et mon mal de dos, mon cœur qui saigne et mes sens en alerte.
C'est ça, maitrise-toi.
Amiel fait une grimace, déçu.
- Pourquoi ne veux-tu pas me le dire ? Je pourrais t'aider.Pourquoi est-il si gentil ? Et pourquoi ne respecte-t-il pas cette fichue règle qui n'a pas tenu deux jours ? Ma colère augmente, si le blesser est la seule possibilité...
- M'aider ? M'exclamais-je, en colère. Et ton père, tu sais l'aider ? Tu trouves des remèdes contre les cancers, peut-être ? Tu serais capable de le réanimer, mort-vivant qu'il est ? TU. NE. PEUX. PAS. AIDER ! Plus aucune aide ne sera utile, c'est terminée ! Je suis enchaînée depuis plus longtemps que tu le crois !
Mes poumons me brûlent, tout-autant que mon cœur. Je déteste mes paroles. Je me déteste.
Amiel affiche un regard déçu, mais plus le même que celui d'avant. Celui est brisé, anéanti. Il doit certainement me haïr, aussi fort que je me hais moi-même.
Des larmes ruissèlent sur sa joue et je me rends compte que sur la mienne aussi. Des paroles blessante pour ne pas avoir à dévoiler mon secret, c'est ce que j'appelle l'égoïsme. Dans toute sa splendeur.Avant d'avoir le temps de regretter et de fondre en larmes en lui expliquant que le seul problème est que mes parents me font vivre un enfer, je prends mes jambes à mon cou et m'enfuie. Le soleil se couche voyant que ce spectacle prend fin, laissant place à la lune.
La température descend au même degré que mon cœur, je sais dorénavant que l'automne prend fin laissant place à l'hiver. Une fine pluie s'abat sur le monde auquel nous essayons de survivre chaque jour. Pour combien de temps encore ?
Sentant mes larmes couler à la même vitesse que la pluie, j'accélère ma course, mes pieds cognent sur le macadam et une vive douleur frappe mon dos. Je n'étouffe plus ces gémissements que je retenais depuis des heures, ma respiration saccadée je laisse mon corps s'exprimer sous la douleur vive. Si je cours, c'est seulement pour oublier, pour m'oublier.
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PAS COMME EUX (RÉÉCRITURE)
Roman d'amourOrpheline, différente, seule et délaissée des autres, Blanche se sent tombée d'une falaise infinie depuis qu'elle a été adoptée par un couple sans cœur. Destinée à devoir sembler parfaite aux yeux de la société, elle n'arrive plus à supporter le poi...