Chapitre 28 - Un milliard de peurs

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Blanche

Huit heures tapante.

Le soleil chatouille mes paupières encore lourdes, hier soir, je me suis endormie tard. Reprendre le rythme n'a pas été facile...

    - Debout, beauté des ténèbres, glisse Amiel en posant sa main délicatement sur mon épaule.

L'esprit brumeux, je ne daigne pas ouvrir les paupières. Il me faudra plus de courage pour quitter ce lit.

    - Aller mon cœur, je sais que ce n'est pas simple, continu-t-il en voyant que je me tourne sur mon flanc.

   Je n'ouvre toujours pas les yeux. Un silence s'installe et je pense qu'il abandonne puisqu'il sort de la chambre. La porte se ferme, parfait !

    - Trop maligne, murmurais-je, fière de moi.

   Soudain, un poids s'écrase à côté de moi et son odeur me parvient. J'ouvre les yeux, prise dans son piège et constate qu'il me regarde avec un sourire triomphant.

    - Trop maligne ? Répète Amiel, incertain.

   Et il explose de rire tandis que mes joues changent de couleurs. Pour ne pas changer...
Il s'approche et passe sa main autour de ma taille. Apeuré par cette journée, je niche mon visage au creux de son cou. Aujourd'hui, nous sommes lundi. Je vais devoir retourner en classe... Le simple fait de penser que je ne serai pas en sécurité à la maison me terrifie.

    - Il faut que tu te réveilles, chuchote celui qui m'empêche de me noyer, en jouant avec mes cheveux.

   Je lui fais face, mon cœur tambourine parce que mes lèvres ne sont qu'à un centimètre des siennes.

    - Mais je suis réveillée, confiais-je.

Amiel grommelle. Un poids s'installe dans mon estomac quand il fait des allés-retours de mes yeux à ma bouche.

    - Petite rebelle.

   Je n'ai pas le temps de réagir qu'il m'enlève littéralement les mots de la bouche. Ses lèvres se posent sur les miennes et ma respiration se fait haletante quand il rapproche mon corps du sien. Son essence me drogue, sa peau m'emmène dans un autre monde où le temps n'existe pas. Ses cheveux entre mes doigts, je suis obligé de reculer pour reprendre ma respiration. Ses pupilles dilatés me rendent fébrile, mes jambes se pressent l'une sur l'autre sans même comprendre la raison de ce mouvement.

    - C'était pour que tu aies le courage de sortir de cette fichue maison, avoue mon compagnon, satisfait.

   Voilà ce qu'il me fallait comme source de courage. Je ne vais pas me mentir à moi-même, mais depuis la réception, j'ai changé d'une façon tellement soudaine que je ne me reconnais plus. Que soit dans mes paroles ou mon comportement, j'ai l'impression d'être un rayon de soleil. C'est comme si l'effervescence d'Amiel me faisait renaître. C'est une dépendance qui me plaît assez.

Et qui me fait tellement peur...

    - Merci. Et toi ? Tu... n'a pas peur ?

Il me sourit en prenant appui sur son coude, sa main toujours et encore sur ma hanche.

    - Si, bien sûr que si, avoue-t-il. Mais je sais qu'on peut surmonter ça, on a vu des choses beaucoup plus horribles que les mauvais regards des étudiants.

   Voyant que je médite sur ses paroles, il fait une pause. Puis reprend en ôtant sa main, j'ai soudainement froid.

    - Je sais que tu peux le faire, sinon je ne t'aurais pas proposé de reprendre les cours aujourd'hui. N'oublie pas que ton objectif principal est d'avoir le diplôme.

PAS COMME EUX (RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant