Chapitre 38 : Victor

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La main toujours sur sa cuisse, j'attends qu'elle réponde à ma question. Pourtant je n'ai pas l'impression qu'elle soit totalement présente actuellement, son regard fixe ma main depuis quelques secondes comme si elle réfléchissait à tout autre chose.

- Elise ? Je l'appelle.

Elle détourne la tête et son regard se plante dans le mien, il y dévoile beaucoup d'étrangeté, un mélange de sentiments, de la douceur mêlé à de l'incompréhension. C'est très déstabilisant de la voir ainsi.

- Oui c'était ma mère, se contente-t-elle de répondre sans donner plus de détails.

- Il s'est passé quelque chose ? Ce n'était pas toi qui voulais absolument qu'elle t'appelle ?

- Si, mais cet appel était... elle laisse sa phrase en suspens avant d'ajouter, étrange.

- Comment ça ? Je l'invite à essayer de s'expliquer un peu plus.

- Est-ce que tu parles encore à ton père ?

Je fronce les sourcils. Je n'aime vraiment pas que l'on me retourne les questions que je pose, ce n'est vraiment pas dans mes habitudes de devoir recentrer l'attention sur moi quand je souhaite comprendre quelque chose.Je déteste ça à vrai dire, j'aime avoir le contrôle sur toutes les situations.

- Quel est le rapport Elise ? Bon putain dis-moi ce que tu veux savoir au lieu d'agir comme ça, en prenant des pincettes dont on pourrait clairement se passer.

J'ai enlevé brusquement la main de sa cuisse pour venir la passer dans mes cheveux. Et ce n'est pas pour satisfaire Elise puisqu'elle a froncé les sourcils et qu'elle a réuni ses deux jambes pour qu'elles soient d'autant plus proches et serrées les unes aux autres.

J'ai peur de devoir révéler des choses que je comptais garder pour moi pendant encore très longtemps. Il n'est pas toujours nécessaire de devoir expliquer certaines erreurs que l'on a pu faire.

- Je veux savoir ce qu'il s'est passé ces derniers mois à la maison ! Dit-elle enfin.

Je souffle malgré moi. Il fallait bien que ce moment arrive de toute façon. Si seulement la vie pouvait être plus simple, que nous ne devions pas toujours être transparent sans cesse avec les gens, à quoi bon ? Nous finissons dans tous les cas par les décevoir, tout ça parce que nous sommes obligés de raconter une vérité qui blesse et qui ne convient à personne. Pourtant ce n'est que du passé désormais. Et je serais vraiment d'avis de le laisser loin derrière.

- Tu n'as pas besoin de le savoir crois-moi, je réponds.

- Dommage parce que je te demande de le faire Victor !

Elle est insistante et je hais ce comportement, quand on ne veut pas parler de quelque chose on devrait laisser le choix aux gens de ne pas le faire, malheureusement je suis obligé de fermer ma gueule sur ce point là, parce que je suis du genre insistant, donc pas forcément en bonne position pour accuser les autres de le faire.

- Et bien, va te faire foutre Elise je lâche.

Elle n'a pas l'air surprise de mon vocabulaire, elle ne l'est plus désormais. Je me lève d'un bond de son lit, je n'arrive plus à devoir être assis sans bouger, j'ai besoin de marcher et de me défouler actuellement. Et pour fuir cette conversation c'est les seuls mots qui me sont venus à l'esprit.

- A chaque fois c'est pareil avec toi, tu te braques !

- Parce que tu n'arrives pas à comprendre qu'on ne veuille parfois pas te faire toujours plaisir en répondant à tes questions minables. On s'en fou, putain c'est du passé. Tu comprends ? Pourquoi devoir toujours tout expliquer avec toi...

Victor [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant