ᴅᴇ́sᴀsᴛʀᴇ ⌜ᵗˢᵘᵏⁱˢʰⁱᵐᵃ ˣ ᵒᶜ ,ᵗᵒᵐᵉ ¹ ⌟ [TERMINÉ]

Chapitre 10 - Pierre-feuille-ciseaux

Gorge nouée, coffre compressé, tête baissée sous les remords. Elle envoya un discret SMS à Akiteru, un pauvre « Tsukishima-san dit qu'il est inutile. Normal ? ». Sa réponse, elle la vit venir trois kilomètres à la ronde.

« Akiteru (◠﹏◠), 15:13 : Vraiment ?

Akiteru (◠﹏◠), 15:13 : Je ne sais pas de quoi vous avez parlé, mais dans ces moments-là, il cherche juste à cacher son souci »

Elle supprima ces messages avec précipitation. Bien, génial, superbe, je l'ai potentiellement inquiété ! Je dis quoi ? Non, je fais quoi ? Merde... Flûte, à la fin !

— Chi-fou-mi ? débita-t-elle.

Il cessa aussitôt sa marche ; Eigishi se prit son dos en pleine tronche. Lorsqu'un pic de douleur agressa son nez, elle recula de quelques pas en chancelant.

— Pardon, sortirent-ils en chœur.

Quelques secondes : la lycéenne releva le menton, pour découvrir un Tsukishima clignant de l'œil avec confusion. Chips.

— Ne..., recommencèrent-ils.

« Ne », puis ils se turent de nouveau. Ouah, quelle connexion impressionnante, on sort les mêmes phrases prévisibles en même temps ! Elle fronça les sourcils.

— Grands Dieux, j'exige des royalties sur mes phrases.

— « Grands Dieux » ? cita-t-il. Je ne suis personne pour réclamer des droits là-dessus, mais je connais...

« Je connais. » Qui ? Un second plagiaire ?

— Non, se corrigea-t-il. Je ne connais personne qui dit ça, autant pour moi. Mais des royalties pour ça, vraiment ?

Elle se frotta le front, un sourire gêné aux lèvres.

— Je voulais juste faire un chi-fou-mi..., rit-elle, peu assurée.

— Parc, déjà.

« Parc, déjà » : ce parc même, gentiment habité d'une balançoire branlante, d'un tourniquet grinçant et de deux bancs, se dévoila vite à eux. Ils s'assirent dos à la rue. Tsukishima mit sa capuche pour une raison obscure. Il esquissa un rictus en remarquant qu'elle avait remarqué qu'il l'avait remarquée et elle ne parvint pas à pousser sa réflexion plus loin, car ils ne se trouvaient pas dans Death Note.

— Si quelqu'un passe et crie « Shiratorizawa » avec indignation, appelle-moi juste Akiteru.

— Tu parles de tes amis ?

— Des quatre sauvages de mon équipe, la corrigea-t-il. Ceux qui ont voulu te sauter dessus en voyant ton uniforme.

— Mais ils pensent que je suis ta cousine, fit-elle remarquer.

— Oh, c'est vrai que tu leur as dit ça.

Il dévoila donc de nouveau son crâne et leva le pouce. Une légère bise fit frissonner les arbres, et Eigishi en prime : elle se retint de grelotter.

— Chi-fou-mi ? abrégea Tsukishima. Je pensais que j'allais subir une quelconque explication de la méthode ERPVS.

— VSEPR.

— Ce nom me refile des cauchemars, l'arrêta-t-il. Chi-fou-mi.

— Que gagne le gagnant, cela dit ?

— Si tu proposes des gages, tu perdras tout mon respect.

La lycéenne resta coite ; Tsukishima conserva un instant sa tranquillité apparente... laquelle commença à se fissurer petit à petit.