Vingt heures avaient sonné : Eigishi se retrouvait assise à sa table à manger, face à son père plus sérieux que jamais et sa mère sobrement penchée sur un thé. Là-dehors, la nuit était tombée, des nuages éclipsaient la lune. Seules régnaient les lumières de la ville de Sendai et l'ampoule au-dessus d'eux trois.
— Ce Tsukamura habite au nord de la ville, commença son parent, Kuniharu. La gendarmerie a reçu son témoignage. Il a immédiatement avoué les faits.
C'est trop simple, pensa-t-elle aussitôt. Pourtant, la face anguleuse de son père restait ferme. Ses petits iris ambre ne bougeaient pas d'un iota, il continuait de se tenir droit. Youko, sa mère, ne montrait rien de plus qu'une inquiétude bien justifiée.
Alors, ce taré avait tout débité comme ça ?
— Nous ne savons pas quelle peine il aura...
Premier mensonge.
— ... mais tu ne le reverras plus.
Là, il dit la vérité.
— De notre côté, nous avons également décidé de prendre des mesures. Tu resteras à la maison de vingt heures à six heures. Tu ne quitteras plus Sendai seule. Le week-end, tu devras systématiquement être accompagnée par quelqu'un de confiance si tu souhaites aller quelque part. Ayaka est la première à s'être proposée.
— Elle a également mentionné Tsukishima, reprit Youko.
Eigishi manqua de bondir en arrière ; la panique la prit derechef en étau. « Tsukishima » ? Qu'est-ce qu'Ayaka leur a dit ?! Elle garda sa façade calme au prix d'un effort incommensurable, mais son cerveau carbura à plein régime.
Même si elle l'a « mentionné », elle n'aurait jamais dit qu'il pourrait être plus qu'un ami. Il est ainsi très probable que pour papa et maman, ce soit juste un camarade. Alors, je n'ai pas grand-chose à craindre et lui non plus. Donc, ça va... Non, réalisa-t-elle soudain. Non, ils ne traîneraient jamais un mineur dans une affaire pareille. Ils parlent d'Akiteru.
Un lourd poids s'ôta de ses épaules. Lui aussi, elle le dissimula – et avec d'autant plus de peine.
— Nous attendons simplement d'en discuter avec avant de trancher, conclut son père. Enfin, n'oublions pas ton oncle et ta tante.
Ils sont près de chez Tsukishima-kun, donc..., recommença-t-elle à carburer. Kuniharu lui coupa l'herbe sous le pied.
— Ils pourront t'accueillir chez eux si ni nous, ni ta sœur ne pouvons être présents ici. Est-ce compris ?
La lycéenne acquiesça, muette comme une tombe.
Si cette phrase sonnait comme une remontrance, elle savait pleinement que ses parents n'aspiraient qu'à la protéger. Elle-même, la nuit même, s'était réveillée en pleine nuit en étouffant un cri. Elle avait fixé sa porte dix minutes durant, inspecté les moindres recoins de sa chambre, avait même hésité à bloquer celle-ci avec sa chaise.
Elle se sentait telle une souris face à un lion. Terrifiée par la fureur de Tsukamura, leur lutte, l'arrivée de la police, le rapport de celle-ci. Elle avait manqué le kidnapping. Si elle n'avait pas appelé Akiteru ce vingt-quatre décembre, que serait-il advenu d'elle ? Tsukishima aussi aurait pu y passer.
Et son esprit de se glacer aussitôt. Tsukishima. Y passer. Il y avait neuf jours de cela. Le jour du Réveillon, la veille de Noël.
Un frisson d'horreur malmena son échine, le monde commença à tourner autour d'elle. Qui les avait vus ensemble ? Yamaguchi, ces Nishinoya et Kageyama, deux autres membres du club de Karasuno, leur coach. À qui avait-elle parlé d'eux deux ? Ayaka, Julie, Akiteru. Mais Julie habitait en France et Ayaka était en sécurité. Alors ceux qu'elle mettait en danger, c'était Akiteru et Tsukishima.
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ᴅᴇ́sᴀsᴛʀᴇ ⌜ᵗˢᵘᵏⁱˢʰⁱᵐᵃ ˣ ᵒᶜ ,ᵗᵒᵐᵉ ¹ ⌟ [TERMINÉ]
FanfictionUn simple jour d'octobre, Tsukishima se fait traîner par son frère dans une conférence de chimie : sur les devants de la scène, durant un pauvre quart d'heure, participe une lycéenne du nom de Kana Eigishi. Peu savait-il qu'une simple maladresse pou...