Sendai, 4 janvier 2013 – J-2
Eigishi s'installa avec lenteur devant son bureau. Là-dehors, la froide lune de janvier planait au-dessus des buildings. Seule la lampe de chevet de l'adolescente illuminait sa chambre simplissime.
Ce soir sonnait son dernier échange complet avec Tsukishima « jusqu'à ce qu'ils perdent ». Il lui avait de nouveau avertie qu'il allait être moins disponible qu'auparavant – elle avait trouvé ça bien trivial. Ils parlaient des Nationales, évidemment qu'il n'allait pas rester collé à son téléphone. Néanmoins...
Avant ça, j'ai un problème à régler. Elle mordit l'ongle de son pouce et tapa sur son clavier de son autre doigt.
« Moi, 18:57 : Ça te dérange si je te spamme demain ?
Tsukishima-kun, 18:57 : Oui. »
Évidemment.
« Moi, 18:58 : Dans ce cas, je pourrai spammer Yamaguchi-san ?
Tsukishima-kun, 19:00 : ... Pourquoi ?
Moi, 19:01 : Car je ne pourrai pas crier chez moi. Va falloir que je me défoule par message.
Tsukishima-kun, 19:06 : Trois secondes. Je dois accompagner ces deux animaux à un jogging. »
À un jogging ? Lui, les accompagner ? L'avait-elle sous-estimé, était-il au final du genre à courir à sept heures du soir ?
« Moi, 19:07 : The fuck, aussi tard ? ⊙﹏⊙
Tsukishima-kun, 19:07 : Ne me demande pas à moi. Puisque je dois faire le baby-sitter, je vais devoir te laisser. Bonne nuit.
Moi, 19:07 : Ça marche, bonne nuit.
Et bon match demain (ᵔᴥᵔ) »
Sur ce, elle s'apprêta à refermer son écran – un petit « ding » l'arrêta net.
« Tsukishima-kun, 19:08 : Merci. ツ »
Et sa mâchoire de se décrocher aussitôt.
Un smiley. Il avait utilisé un smiley. Pire, un smiley qui souriait. Il est malade, il a de la fièvre ! Il va tenir demain ?! Elle planta ses coudes dans son bureau ; à sentir ainsi sa panique grandir, elle se força à plaquer ses mains sur ses joues.
C'est les Nationales. Ça perturberait n'importe-qui. Tsukishima-kun va bien, il est juste un peu déboussolé... En même temps, téma la taille des terrains. Bon sang, « bon courage » relève de l'euphémisme. Mais elle ne trouvait aucune autre formulation à l'échelle du challenge attendant l'adolescent. Alors elle resta sur son « bon courage » et « bonne nuit ».
Et puis, il détestait pour sûr qu'on l'encourage « trop ».
« Moi, 19:11 : (=^・^=) »
Cette fois-ci, elle reposa enfin son smartphone... lequel la cingla d'une nouvelle notification. Elle le ralluma derechef : sa tension artérielle retomba d'un coup.
« Tadashi Yamaguchi, 19:12 : Bonsoir, Eigishi-san !( ^_^)
Tsukki m'a passé le mot, tu peux commenter ici. À demain et bonne soirée.
Moi, 19:13 : Bonsoir, merci beaucoup.
Bonne soirée et bon courage. ( ⌒o⌒)ᕤ »
Puis, l'appareil ne sonna plus de la soirée. Néanmoins, la jeune fille bloqua bien longtemps devant. Hallucinait-elle, ou Yamaguchi avait-il employé un ton un peu plus familier ? La scène du banc dans le patelin de Tsukishima et Yamaguchi, ce moment où le second s'était rameuté pile après une discussion bien importante, lui revint d'un coup en mémoire.
VOUS LISEZ
ᴅᴇ́sᴀsᴛʀᴇ ⌜ᵗˢᵘᵏⁱˢʰⁱᵐᵃ ˣ ᵒᶜ ,ᵗᵒᵐᵉ ¹ ⌟ [TERMINÉ]
Fiksi PenggemarUn simple jour d'octobre, Tsukishima se fait traîner par son frère dans une conférence de chimie : sur les devants de la scène, durant un pauvre quart d'heure, participe une lycéenne du nom de Kana Eigishi. Peu savait-il qu'une simple maladresse pou...