Chapitre 25 - J-1 [partie 1] - Premier round

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Sendai, 4 janvier 2013 – J-2

Eigishi s'installa avec lenteur devant son bureau. Là-dehors, la froide lune de janvier planait au-dessus des buildings. Seule la lampe de chevet de l'adolescente illuminait sa chambre simplissime.

Ce soir sonnait son dernier échange complet avec Tsukishima « jusqu'à ce qu'ils perdent ». Il lui avait de nouveau avertie qu'il allait être moins disponible qu'auparavant – elle avait trouvé ça bien trivial. Ils parlaient des Nationales, évidemment qu'il n'allait pas rester collé à son téléphone. Néanmoins...

Avant ça, j'ai un problème à régler. Elle mordit l'ongle de son pouce et tapa sur son clavier de son autre doigt.

« Moi, 18:57 : Ça te dérange si je te spamme demain ?

Tsukishima-kun, 18:57 : Oui. »

Évidemment.

« Moi, 18:58 : Dans ce cas, je pourrai spammer Yamaguchi-san ?

Tsukishima-kun, 19:00 : ... Pourquoi ?

Moi, 19:01 : Car je ne pourrai pas crier chez moi. Va falloir que je me défoule par message.

Tsukishima-kun, 19:06 : Trois secondes. Je dois accompagner ces deux animaux à un jogging. »

À un jogging ? Lui, les accompagner ? L'avait-elle sous-estimé, était-il au final du genre à courir à sept heures du soir ?

« Moi, 19:07 : The fuck, aussi tard ? ⊙﹏⊙

Tsukishima-kun, 19:07 : Ne me demande pas à moi. Puisque je dois faire le baby-sitter, je vais devoir te laisser. Bonne nuit.

Moi, 19:07 : Ça marche, bonne nuit.

Et bon match demain (ᵔᴥᵔ) »

Sur ce, elle s'apprêta à refermer son écran – un petit « ding » l'arrêta net.

« Tsukishima-kun, 19:08 : Merci. »

Et sa mâchoire de se décrocher aussitôt.

Un smiley. Il avait utilisé un smiley. Pire, un smiley qui souriait. Il est malade, il a de la fièvre ! Il va tenir demain ?! Elle planta ses coudes dans son bureau ; à sentir ainsi sa panique grandir, elle se força à plaquer ses mains sur ses joues.

C'est les Nationales. Ça perturberait n'importe-qui. Tsukishima-kun va bien, il est juste un peu déboussolé... En même temps, téma la taille des terrains. Bon sang, « bon courage » relève de l'euphémisme. Mais elle ne trouvait aucune autre formulation à l'échelle du challenge attendant l'adolescent. Alors elle resta sur son « bon courage » et « bonne nuit ».

Et puis, il détestait pour sûr qu'on l'encourage « trop ».

« Moi, 19:11 : (=^・^=) »

Cette fois-ci, elle reposa enfin son smartphone... lequel la cingla d'une nouvelle notification. Elle le ralluma derechef : sa tension artérielle retomba d'un coup.

« Tadashi Yamaguchi, 19:12 : Bonsoir, Eigishi-san !( ^_^)

Tsukki m'a passé le mot, tu peux commenter ici. À demain et bonne soirée.

Moi, 19:13 : Bonsoir, merci beaucoup.

Bonne soirée et bon courage. ( ⌒o⌒)ᕤ »

Puis, l'appareil ne sonna plus de la soirée. Néanmoins, la jeune fille bloqua bien longtemps devant. Hallucinait-elle, ou Yamaguchi avait-il employé un ton un peu plus familier ? La scène du banc dans le patelin de Tsukishima et Yamaguchi, ce moment où le second s'était rameuté pile après une discussion bien importante, lui revint d'un coup en mémoire.

ᴅᴇ́sᴀsᴛʀᴇ ⌜ᵗˢᵘᵏⁱˢʰⁱᵐᵃ ˣ ᵒᶜ ,ᵗᵒᵐᵉ ¹ ⌟ [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant