Lettre de départ - 1

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A Mme Idrisova


          J'ai claqué la porte. Tu as du l'entendre. Je suis parti une nuit confondue en claquant la porte. D'ailleurs tu devrais ne pas appeler de portier pour ta porte brune chocolat lacté à moitié abimée car elle n'est pas encore assez cassée. J'ai claqué la porte mais apparement pas assez fort, puisque tu ne t'ait pas levée pour courir me chercher, pour voler me guérir de baisers par toutes les mères et putains de l'astre bleu verdoyant. J'ai claqué la porte et j'ai attendu. Quatrième étage. Ça pue la merde renfermée  ou l'azur poissonnier des marins costauds, j'ai pas réussi à discerner. Troisième étage. Je lèche un mur lisse que ma langue abhorre mais dont la poussière des débauches s'est précipité sur mon abdomen pulmonaire. J'ai toussé, j'ai dansé, craché, mais tu n'es pas venue. Deuxième étage. Je me suis roulé par terre en pleurant de rire. Je n'ai pas sondé la douceur de ton vagin, mais avoue-le, j'ai décuplé celle de tes bras. Alcools et débauches. Il était trois heure, premier étage, quand j'ai claqué la porte. Un bruit ferme et un peu hésitant. Rez-de-chaussée. Ta boite aux lettres doit avoir les mots d'autres enfoirés d'amants qui viennent te faire croire à l'amour mais te baisent comme un animal mort. En cela je te trouve ridicule. Je sors. Je claque la porte de l'appartement, cet enculé s'est pas effondré. De mes poumons s'évapore une froide fumée qui éclabousse d'un bleu taciturne les rues de Moscou. J'ai claqué la porte, muse au coeur austère, et aussi tyrannique que tes meubles intimidants, craquelant dans un air altier, gardant les traces et odeurs de tes amants. Dans cette gare de Moscou froide, je pense à ta porte. Je te déteste, fille de Satan, Adieu. Je préfère me jeter sous le train, pour aller aussi loin que si j'y montais.

Le palimpseste éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant