CHAPITRE 7: Le poids de la souffrance

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- N'y comptes même pas. Dès demain, j'irai prendre tes dossier à ton établissement. L'école, c'est fini pour toi.

- Tata, tu ne peux pas me priver d'aller à l'école, je dois passer le baccalauréat l'année prochaine. Libère moi et je te promets de ne plus mettre les pieds dans la cuisine. Je me débrouillerai pour trouver de la nourriture dehors.

- Tu aurais dû y penser avant.

Livia sortit de la chambre et la ferma à clé. Le lendemain comme convenu, elle se rendit à l'école de Fikilé pour le retrait de ses dossiers. Elle déclara au directeur que Fikilé partait terminer ses études en France. Ce qui rendit le directeur heureux. À la sortie du bureau, il annonça la nouvelle aux professeurs présents dans la salle des professeurs. Tous étaient joyeux. Ignorants le calvaire que Livia faisait vivre à Fiklilé, ils se mirent à la remercier pour son acte. Fikilé était une élève exemplaire, ses professeurs ne lui souhaitaient que du bonheur.
Dès son retour de l'école, Livia demanda à Gabriel de lui apporter un briquet. Elle prit le briquet et entra dans la chambre où elle gardait prisonnière Fikilé. Elle annonça à Fikilé qu'elle venait de récupérer ses dossiers et elle se mit à les incendier devant elle. Les cries et les pleurs de la jeune fille n'ont eu aucun effet sur elle.

- Tu sais quoi Fikilé ? Je ne dirai pas que je t'aimais mais j'avais de la peine pour toi. J'étais prête à combler ce vide qu'a laissé Mamello dans ta vie. Mais, j'ai découvert que tu étais aussi idiote que ta traînée de mère. Dorénavant, tu resteras ici jusqu'à ce que je décide quoi faire de toi.

XXX

Entre temps, Joshua qui avait remarqué l'absence de sa sœur toute la journée se mit à la chercher. Il fouilla les coins et recoins de la maison sans rien trouvé. Il questionna Gabriel mais ce dernier n'en savait rien. Joshua se dit alors que sa tante Livia devait y être pour quelque chose. Pour lui, sa sœur ne pouvait pas disparaître ainsi. Inquiet et impuissant face à cette situation, Joshua resta à l'entrée de leur maison à attendre le retour de sa tante et de son mari pour avoir des réponses à ses interrogations. Quelques minutes après, Livia et Pierre arrivèrent ensemble.

- Joshua que fais-tu là devant la porte ? Questionnait Pierre.

- Je vous attendais.

- Et pourquoi ? Répliqua Livia.

- Parce que ma sœur a disparu et je voudrais savoir où est-ce qu'elle se trouve.

- Comment ça Fikilé a disparu ? Questionna Pierre tout aussi choqué.

- Le matin, je ne l'ai pas vu. Elle était aussi absente à l'école.  Je pensais qu'elle était souffrante donc je suis rentré et j'ai constaté qu'elle n'était pas là. J'ai cherché partout sans aucun résultat. Alors, tata Livia, dis moi où se trouve ma sœur.

- J'ignore  où elle se trouve et ça m'est égale. Elle a sans doute fugué avec son petit ami. C'est une traînée tout comme sa défunte mère. Elle est partie sans penser à toi. Et Joshua tu devrais t'estimer heureux de ne plus avoir à supporter le fardeau d'être lié à cette indigène.

- C'est faux tata. Dis moi plutôt où est-ce que tu gardes ma sœur ? Tu es méchante. Tu n'as jamais voulu nous garder. Je sais que c'est à cause de notre héritage que vous nous avez gardé. D'ailleurs, c'est notre héritage que vous dilapidez sans vous soucier de notre avenir à ma sœur et moi. Et oui, ma sœur, elle a la peau noire mais toi, tu as le cœur noir, tata.

- Ferme là imbécile. S'écria Livia tout en avançant vers le gamin.

Aussitôt, Pierre s'interposa entre Livia et le petit Joshua qui était prêt à recevoir le coup de Livia. Pierre demanda à Livia de se calmer et il ordonna à Joshua de regagner sa chambre. Mais, à ce moment précis, Fikilé qui avait entendu des bruits, lança un cri violent qui attira l'attention de tous.

- C'était quoi ce cri ? Demanda Joshua.

- Joshua, je t'ai demandé de regagner ta chambre n'est-ce pas pas ? Répliqua Pierre.

Joshua s'exécuta et regagna sa chambre. A son tour, Pierre prit Livia par le bras et l'emmena de force jusqu'à leur chambre.

-Tu me fais mal, Pierre.

-Ce cri, c'était Fikilé n'est-ce pas ? Et ne me ment pas !

- Oui, c'était Fikilé. Je l'ai enfermé dans l'une des chambres d'amis.

- Puis-je savoir pourquoi ?
Est-ce que tu te rends compte que nous pouvons aller en prison si l'un de ces enfants parlait. Tu as pensé à Gabriel ?
Que ferais-tu si quelqu'un se comportait ainsi envers lui ?
Je t'ordonne de libérer Fikilé immédiatement.

- Écoute Pierre , je ne peux plus vivre avec ces enfants. J'en peux plus. Si je l'ai fait il y a douze ans, c'est parce que je me sentais coupable de la mort de mon frère. Mais, je ne l'ai supporte plus. Surtout cette nègre de Fikilé.

- Comment peux-tu être aussi cruelle ? Ce sont tes neveux. Les enfants de ton frère.

- Ça suffit cesse ton jugement. J'ai pris ma décision et c'est fait. Ils iront chez l'un de mes oncles.

- Et où ça ?

- À Tsakhuma. C'est un village situé dans le district de Vhembe, dans la région du Limpopo (Afrique du Sud).

Entre temps, le petit Joshua écoutait à la porte.  Le lendemain, de bonne heure, il se rendit à l'école sans même prendre son petit déjeuner. Pendant les cours, il était comme absent. La tristesse et la colère le rongèrent. Sa tristesse venait de l'absence de ses parents. Lui qui n'avait jamais connu ses parents, le seul amour dont il bénéficiait était celui de sa sœur. Il aurait tant voulu la défendre et la libérer de cette chambre mais il était impuissant. Son âge, sa morphologie de petit garçon frêle, tout lui faisait défaut. Et cette faiblesse le mettait en colère. Il ne suivait pratiquement pas le cours. Son professeur qui avait remarqué son état, l'interpella après le cours.

- Joshua Brown, suis moi.

- D'accord monsieur.

- Dis moi, pourquoi es-tu autant triste ? Ta sœur te manque déjà ?

- Vous savez où se trouve ma sœur ?

- Évidemment, hier ta tante est passé récupérer ses dossiers. Elle nous a donc informé que Fikilé partait ce matin en France pour poursuivre ses études.

- C'est faux monsieur ! Fikilé est enfermée dans l'une des chambres de la maison depuis hier. Ma tante ment, elle veut nous envoyer à la campagne. Ça fait des jours qu'elle prive Fikilé de nourritures. Elle est méchante, monsieur.

-Mais, c'est grave ce que tu dis ! Si c'est la vérité ta tante aura des problèmes. Viens allons au bureau des services sociaux de l'école !

Pendant ce temps, Livia préparait leurs affaires pour les emmener à  Tsakhuma. Elle n'attendait que le retour de Joshua. Quant à Fikilé le mal être commençait à s'installer en elle. La faim, la soif...la douleur était énorme pour cette petite de dix-sept ans. La dépression s'emparait d'elle. Elle n'avait plus goût à la vie. Seul un désir lui importait, rejoindre ses parents dans l'au-delà. C'est ainsi qu'elle prit une paire de ciseaux et se coupa les veines. Allongée, en attente de sa mort, elle regardait son sang couler. Sa vue devenait flou. Elle avait l'impression de voir son père Mamello et sa mère Alice près d'elle. Un sourire se dessina sur son visage puis ses yeux se fermèrent.

À SUIVRE...

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