La journée du rose

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Un entrain étonnant s'empara de moi quand mon réveil à la sonnerie assourdissante me réveilla le lendemain matin.
Entrain qui fut vite résorbé quand je découvris Alice, debout près de mon lit.
« Alors, on se réveille, la marmotte ?
- Tu sais Alice, je suis humaine dans bien des côtés. J'ai besoin de dormir.
- Ouais, ouais.
- J'imagine que tu es là pour une raison bien précise ?
- Exactement. Jasper est parti chasser, je m'ennuyais, alors... »
Je ne savais que trop bien où elle voulait en venir.
« Tu changeras jamais, hein ?
- Non. Regarde ce que j'ai trouvé ! » ajouta-t-elle avec un grand sourire.
Elle brandissait une robe rose pâle, magnifique, certes, mais...
« Oh non !
- Pourquoi ?
- Je ne peux pas mettre ça... !!!
- Pourquoi ? répéta-t-elle.
- Tu sais très bien pourquoi. »
C'était tout simplement...
Col en V, froufrous à volonté, courte à souhait, ROSE. Tous ces mots définissaient la robe avec perfection. Vous voyez le genre.
« Mais si !
- Pourquoi ?
- Parce que aujourd'hui, c'est la journée du rose !
- Oh m...
- Ton langage !
- Pardon Tantine. »
Cela m'était complètement sorti de la tête.
La traditionnelle journée du rose.
Une idée stupide que le lycée avait eu quelques années plus tôt, après des protestations de cheerleaders outrées en minijupes... roses que cette façon de ne faire porter du rose qu'aux filles était sexiste et écoeurante.
Je remarquai pour la première fois qu'Alice arborait un jean rose vif, assorti à son corsage et ses chaussures.
« Oh, Tantine...
- Taratata ! Tu la mettras, un point c'est tout. Au moins, Edward se laisse faire, lui. Pas comme toi et ta mère. »
Sachant que je n'avais pas le choix, je capitulai, et c'est ainsi que c'est en robe froufroutante que je garai ma voiture dans une des rares places libres du parking, qu'un garçon s'empressa de dégager, sûrement désireux de me plaire, ce qui me gêna.
Je n'avais pas l'habitude des regards autres que fraternels, ayant vécu toute ma vie avec ma famille. Sauf ceux de Jacob, bien sûr.
En parlant de lui, quand je le vis arriver en jean et chemise roses, je crus mourir de rire.
« Ce n'est pas bien de se moquer des gens, Nessie.
- Déso... lée... mais... tu... es trop... trop... rose... haletai-je entre deux éclats de rire.
- Je sais. »
Il avait l'air si contrarié que je me senti obligée de m'excuser.
« Oh pardon, Jake.
- Non, c'est rien, je comprends. »
Désireuse de me faire acquitter, je l'embrassai, et, oubliant qu'il était fâché après moi, il me rendit mon baiser.
Quand il me lâcha, c'était juste pour mieux me regarder.
« Alice t'as piégée ?
- Comment t'as deviné ? bougonnai-je.
- Moi je trouve ça plutôt... réussi.
- Si tu le dis. »
Consciente des regards sur le bras de Jacob enlaçant ma taille, je desserrais son étreinte, ce dont il ne parut pas s'offusquer. Il connaissait mon caractère peu démonstrateur, surtout en public.
Je découvris l'heure suivante que a) il valait mieux éviter les minirobes roses quand on était... comme moi, sous peine de s'attirer des regards haineux, b) les gars et les profs en rose sont vraiment ridicules et c) les vampires n'avaient vraiment pas une bonne réputation.
Car oui, à mon grand amusement, le cours de français porta ce jour-là sur les plus grandes légendes de vampires, et pendant une tirade particulièrement enflammée du prof sur le mythe de l'ail et des dents aiguisées, ma mère éclata de rire, au grand dam de celui qu'elle avait interrompu.
C'était incroyable toutes les niaiseries et superstitions stupides, de l'eau bénite au pieu en bois, que les humains pouvaient inventer, histoire de se dire qu'ils avaient une chance.
Tous les élèves semblaient captivés par les mythes vampiriques, pourtant tous plus absurdes les uns que les autres.
La seule légende où je ne pus retenir un frisson, ainsi que Bella, fut celle du père Marcus, qui soi-disant avait chassé les vampires de Volterra à coup d'ail et d'eau bénite (cf Tentation, n.d.a.).
Je dis soi-disant, parce que Marcus n'était en fait que l'un des trois fondateurs du plus puissant et grand clan de vampires du monde, les Volturi (cf Révélation, n.d.a.).
Je frémis en pensant à ces derniers, car les seuls souvenirs que j'avais d'eux étaient des prunelles rouges bordeaux remplies du désir de tuer, de me tuer.
Au self, un grand rassemblement se forma et, ne savant pas ce qui le provoquait, je demandai la cause à mon père qui me dit qu'un mec s'était pointé en jupe.
Pfff... Les humains sont vraiment stupides, pensais je.
A la cafétéria, parmi tout ce rose, je remarquai un adolescent en jean et pull gris perle.
Au moins, quelqu'un ne sera pas ridicule, ce jour là, songeai-je.
Puis je remarquai qu'il était ni plus ni moins le garçon brun qui m'avait abordée l'autre jour, sans me dire pourquoi, et qu'il me regardait.
A vrai dire, cela m'importait peu. Je me retournai. Qu'il ne s'habille pas en rose si il n'avait pas envie.
Ce que j'ignorais, c'est que ce jeune homme au pull gris perle, qui vrillait mon dos de son regard, allait être la gomme qui changerait la ligne pourtant toute tracée de mon destin.

Twilight 6: Renesmée CullenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant