Attente

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Un instant, je restai moi aussi figée sur place, menottée et ligotée par la peur, le mauvais pressentiment.
J'allais perdre des miens dans la bataille. Je le savais. Seulement, loups-garous ou vampires, telle était la question. Peut-être les deux.
Le désespoir prit sauvagement mon cœur trop rapide pour le tordre entre ses mains puissantes et destructrices.
La terreur résonnait dans ma boîte crânienne, se répercutant contre ses parois, pour mieux se répandre dans mon corps entier.
Dix minutes. Des minutes qui s'écoulaient, lentement mais sûrement, notre frayeur commune coulant dans nos veines, des loups-garous aux vampires, qui, même si les leurs étaient gelées, la sentait quand même.
Prenant mon courage dans mes mains tremblantes, je pris la parole.
« Kim... Emily... Claire..., mettez-vous à l'abri. Charlie et Renée aussi. Vous n'êtes que... des humains. On ne sait pas ce qu'il peut vous arriver. Emmett ? »
Pour une fois sérieux, il acquiesça, puis, dans un signe de signe à Rosalie, tous deux allèrent les loger en sécurité je ne sais pas où ; sûrement loin d'ici.
Renée m'embrassa, suivie de suite par tous les autres, comme dirigés par un fil invisible, un fil de marionnette, ce que nous étions tous à cet instant, trop terrorisés pour décider tout seuls de nos actes.
« Ils sont toujours au courant de tout. J'aurais dû m'en douter... se morigéna Edward.
- Tu n'y es pour rien Papa. C'est la poisse. Rupture d'anévrisme de Phil, les Volturi, Renée. La poisse, je te dis. »
Je ne mentionnai pas Nathan. Je pensais que cette dose de problèmes était suffisante pour soutenir ma théorie de la malchance. Et j'avais raison, car il hocha la tête et marmonna :
« Foutu karma... »
Il est vrai que je n'y avais jamais cru, mais ses paroles me semblèrent pleines de sens, en ce moment tragique, presque théâtral.
La mort s'approchait de l'un, ou de plusieurs de nous à grands pas silencieux, je le sentais, comme une certitude, comme si quelqu'un me l'avait soufflé à l'oreille pendant mon sommeil pour mieux me le graver dans l'esprit.
« Les Denali vont venir » me prévint Bella, sa magnifique voix aux accents de clochettes soudain toute chevrotante.
« Mais qu'est-ce qu'il veulent, au juste ? Renée ne peut pas déclencher tout ce tintamarre, tout de même.
- Ce n'est pas seulement ta grand-mère, Nessie. Ils ont enfin l'occasion de déclencher une grande bataille. Ils s'ennuient depuis presque deux décennies, tu comprends ? Ils ont besoin d'un peu d'action. »
J'encaissai la nouvelle en déglutissant bruyamment.
Je comprenais mieux, soudain. Ils voulaient de la mort. De la mort, du sang et des larmes. Façon de parler, bien entendu. Les vampires ne peuvent pas pleurer.
Ils tueraient autant de monde qu'ils pourraient.
Mon Dieu, et si ils s'en prenaient à Nathan pour mieux m'atteindre ? Après tout, Marcus pouvait détecter les relations.
Non, je stressai pour un rien. Car je n'avais pas de relation avec Nat.
J'étais amoureuse de Jacob. Du moins extérieurement. Notre amour était, quand on nous voyait, évident. Ils ne savaient pas que ce sentiment n'était peut-être pas à double sens. Enfin, si. Mais je me rendais aujourd'hui compte que mon amour envers Jake était plus fraternel qu'autre chose.
Mais je finirai par épouser Jacob quand même.
Je pris aussitôt la décision que, si nous sortions tous deux vivants de cette affaire, j'accepterai d'en faire mon époux.
Pour l'éternité. Loin de Nathan, tous les deux avec, peut-être, nos enfants bruns.
Soudain, tout le monde se raidit dans la pièce, tendant l'oreille.
Les dix minutes étaient écoulées.
La porte s'ouvrit lentement, on pouvait presque l'entendre grincer, ou du moins aisément l'imaginer, tant on aurait dit un mauvais film d'horreur plein de clichés stupides et facilement prévisibles.
Mais nous n'étions pas dans un film d'horreur.
Car apparut Jane, suivie d'Alec et de tous les autres membres du clan, un sourire sadique sur le visage.

Twilight 6: Renesmée CullenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant