Chapitre 2 : ... Et tout s'oublie.

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Un vent glacial suivie d'une pluie cinglante nous frappe de plein fouet, nous faisant reculer. Mon corps se crispe alors que le froid s'infiltre dans la totalité de mes muscles.

PUTAIN IL CAILLE SA RACE !

- C- c'est une b- blague ?! Non p- parce que c'est vraim- ment, VRAIMENT, pas dr- drôle là !

On avait pas trop eu le temps de s'attarder sur ces détails plus tôt, mais bordel ! Je comprends mieux maintenant pourquoi le bâteau fait que tanguer ! 

- Accr- croche toi à m- moi ! Faudrait p- pas qu'on se f- fasse emporter main- maintenant !

Ses bras passent autour de ma taille alors que je fais de même, tentant de pas nous transformer en iceberg. La cryogénisation, pourquoi pas, mais pas sur moi !

On fait quelques pas mais nos jambes nues tremblantes de froid, nous empêchent d'avancer plus loin sur le pont. Alors on reste là, planté comme des palmiers, ma main se posant en face de mes yeux pour essayer de voir quelque chose dans ce chaos complet.  

On peut pas avancer sans risquer une pneumonie, mais on peut pas non plus reculer.

Je grince des dents.

- C- comment on va f- faire K- k- katchan ?! C'était p- pas prévu- vu ça !

J'en sais foutre rien !

J'aurai aimé le lui dire mais mes lèvres restent hermétiquement fermées, le froid paralysant le moindre de mes gestes. Seul un claquement de dents se fait entendre sous le vacarme assourdissant des vagues et de la tempête.

Putain ! On est coincé sur un bâteau, avec une véritable tempête qui pourrait nous entraîner en plein milieu de l'Océan, qui lui se ferait un plaisir de nous achever ! Sans parler de tous ces bâtards à nos trousses ! C'est à se demander si l'Univers veut pas nous buter pour de bon !

- K- K- Katchan !

Sa voix part dans les aiguës, la terreur emplissant ses paroles.

- Je... J'en ai auc- cune id- dée.

Je me mords violemment la lèvre inférieure, mon cerveau tournant à plein régime pour trouver une issue.

N'importe quoi, aller !

Mais rien ne vient. Les secondes se transforment en minutes, et les minutes en heures. La pluie s'infiltre dans nos haillons et le vent engourdit nos esprits, à deux doigts de nous emmener faire un tour chez notre bonne vieille amie : LA MORT.

Soudain le poids sur mes bras s'enlève, me faisant me retourner d'un coup.

- IZUKU !

Il est au sol, le regard fixé vers l'avant, le corps complètement figé. Je regarde rapidement ses yeux et soupire de soulagement en voyant toujours les multiples lueurs scintillantes. Mais le soulagement laisse rapidement place à l'inquiétude, puis à l'effroi, en voyant son regard vide et ses lèvres devenues bleues, ses bras reposant mollement le long de son corps.

Je m'abaisse devant lui et le secoue légèrement, ne voulant pas le brusquer.

- H- hey... 

- 6 ans, Katchan.

Il murmure, ses dents ne claquent plus. Je déglutis et la tempête me semble ne plus être un si gros problème, maintenant.

- 6 ans qu'on est enfermé...

Il rit jaune, entrecoupé par des gémissements de douleur.

- 6 ans qu'on est torturé...

Il frôle mon bras jusqu'à arriver à une fine cicatrice rouge -vraiment peu appétissante- sur mon coude.

Larmes Vengeresses (Bakudeku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant