Les jours passaient sans fin.
Les mois s'accumulaient.
Probablement qu'une année était passée...
Mais le vent ne cessait jamais de souffler, l'océan avait le même regard intense braqué sur lui et ses pensées étaient plus vides que jamais. Parfois, ou plutôt rarement, quelques gouttes tombaient au sol, et il ne pouvait dire d'où elles provenaient.
Quand le soleil était orange, voire rouge vif, et que l'océan scintillait comme s'il acclamait l'astre, des pas arrivaient à son niveau.
Et ils finissaient à deux pour regarder ce spectacle.
Il appréciait ces moments. Pas de questions, pas de demandes particulières, la tranquillité mais pas de celle qui l'oppresse. Plutôt... celle qui le réchauffe lentement mais sûrement.
C'était tout ce qui lui fallait pour l'instant.
La paix.
...
Quelque part au nord de l'île, un blond avec les bras noirs d'éclairs rentre dans la modeste cabane de son chef. Ce dernier est avachi sur une pile de documents la tête entre ses mains.
Note à lui-même de revenir lui filer un coup de main plus tard...
Il se pose sur le tabouret et tapote ses doigts sur le plan de travail.
- Ça va faire un an, et il n'a pas bougé de l'endroit où il se trouve. Il ne parle pas et ne semble réagir à rien.
Son correspondant soupire.
- Sa Mélancolie est plus difficile à traiter que ce que je pensais... C'est une étape cependant essentielle à sa reconstitution. On a beau l'avoir repêché de la Colère, avec l'Air c'est toujours une histoire qui se déroule au plus profond de soi. Il doit faire la part des choses. De celles sous contrôle, et hors de contrôle. C'est aussi pour ça que tu es chargé de lui Denki.
- Je sais, et je réussirai. Mais, et si il retournait dans l'Océan parce qu'il ne peut pas le supporter ?
Même quand on le regarde de loin, on a l'impression qu'il porte le monde sur ses épaules.
- Cela voudrait dire que nous aurions échoué dans le fait qu'il se sente bien ici. Nous devrons le tuer.
Ces mots lui glacent le sang mais il sait que cela coûte plus à All Might qu'à lui. Car, si quelqu'un devait le tuer, ce serait à leur mentor de le faire.
C'est sa justice.
Il met sa tête entre ses bras, poussant un soupir de dépit.
- C'est pas gagné cette histoire...
All Might lui offre un léger sourire et pose sa main sur son épaule.
- Ne te laisse pas décourager mon garçon, tu fais du très bon travail.
Il rougit légèrement, embarrassé. Il ne s'y fait toujours pas, à ces marques d'affection. Ses yeux se baissent machinalement et se posent sur la pile de documents à côté du bureau.
- Vous êtes encore sur l'affaire entre Tenya et le fantôme ? Je pensais pourtant qu'il était scellé.
Son mentor balaye l'air d'une main nerveusement.
- Il était censé être scellé, mais j'ai reçu le rapport de Tenya m'indiquant que la jeune femme était revenue le voir discrètement, et qu'elle avait aussitôt disparue dès qu'il avait posé les yeux sur elle. C'est lui qui m'a demandé si les recherches pouvaient reprendre, car il sentait que c'était très important pour lui.
Il pose un regard sur les dossiers et se dit que ça ne doit pas autant avancer qu'ils le voudraient...
- Tant que le jeune Izuku est en état de léthargie il nous est impossible de pouvoir déterminer son identité. On a cependant tenté de tenir une liste des individus ayant disparus ces derniers temps, mais plusieurs points nous posent problème. Déjà si elle est un fantôme ou une Maudite de l'Air, si c'est un fantôme alors est-ce que nos archives sont assez anciennes pour l'identifier, le fait qu'elle ait pu ne pas être recensé... En bref, on pêche sur tous les fronts.
Son interlocuteur soupire puis pose sa tête entre ses mains. Il en profite pour poser une question qui le taraude.
- Mais, si c'est un fantôme, comment connaît-elle Tenya ?
- On pense qu'elle est peut-être de sa famille, mais ce n'est qu'une hypothèse. Enfin, cela prendra le temps qu'il faudra, tu devrais aller te reposer tu as déjà une mission en cours.
Il se redresse et prend sa main tendue. Il lui fait un bref au-revoir, avant de sortir de la cabane et de se diriger vers la sienne. Elle était à quelques mètres à peine, dans une clairière lui offrant une superbe vue sur le ciel. Lorsqu'il était arrivé, son mentor a trouvé plus logique de le mettre en communication avec le ciel et la terre, loin de l'eau. Avec sa malédiction, il est un danger pour ce dernier. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé dans cette clairière, légèrement isolé des autres.
Et c'était tant mieux, il avait un peu de mal avec les gens de manière générale.
La nuit commençait à peine et le sommeil tardait à lui venir, alors il sortit de sa couche pour aller s'allonger dans l'herbe. L'un de ses moments préférés, c'était le soir, où il pouvait juste se libérer de toutes entraves.
Surtout quand les nuages étaient déjà dans le ciel. C'était à cet instant que le concerto pouvait démarrer.
Se relevant, il commença à effectuer quelques pas de danses, ses yeux fermés pour être encore plus en communion avec le ciel et la terre. Il y allait tout doucement, au départ, ne voulant pas surcharger le ciel tout de suite.
Puis, lorsque les éléments lui donnaient leur accord, il pouvait dès lors se libérer.
Il balança ses bras vers le ciel et un grondement lui répondit. Les marques sur ses bras vibraient du pouvoir s'écoulant à travers lui. Il se balançait au rythme des vibrations, puis, quand elles étaient à leur paroxysme, il laissait éclater toutes ses émotions, et un tourbillon d'éclairs éclatait dans le ciel.
Il se sentait euphorique, libre, joyeux, triste, furieux. Il était en transe.
Ses bras vibraient désormais d'une lueur jaune vive en accord avec le ciel, qui se zébraient d'une vingtaine d'éclairs.
Il les balançait vers le ciel, comme s'il faisait courir ses mains sur une batterie. Le ciel lui répond en écho, lui envoyant quelques éclairs pour le rebooster avant qu'il ne les renvoie.
Les éléments tourbillonnaient autour de lui, s'harmonisant sur les émotions de leur flamme. Ils voulaient laisser courir leur énergie, les laisser juste éclater.
Et il entendit cet appel, cette demande implicite.
Le grand final approchait.
Rapprochant ses bras, plus brillant à chaque seconde, une tornade vive s'échappa des nuages grondants. Les éclairs se rassemblèrent, tournoyant autour de lui, pour finir par l'envelopper complètement.
Dans un ultime geste, il balaie les éclairs tout autour de lui sous le grondement de l'orage. Puis, comme si rien de tout cela ne s'était passé, les éclairs disparurent tandis que la pluie se mit à tomber pour effacer les ravages causés par les éclairs.
Son corps est tremblant, tenant à peine sur ses jambes. Il se retourne en titubant, peinant à reprendre ses esprits, puis tombe nez-à-nez avec ses collègues les Maudits.
Et au vu de leur regard coléreux, il se dit qu'il a dû trop en faire, cette fois.
Il les regarde avec un air contrit, puis dit d'une toute petite voix.
- Je suis désolé ?
VOUS LISEZ
Larmes Vengeresses (Bakudeku)
FantasyUne goutte... une larme... un océan... "Que désires-tu ?" Une braise... une flamme... un volcan... "Quel est ton souhait ?" Une brise... un souffle... une tornade... "Pourquoi hésites-tu ?" Un trou... une faille... un tremblement... "Il ne te suffit...