05. Crassula

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Chapitre cinq

___Chapitre cinq

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À une heure tardive de la nuit, Taehyung dessine pendant que le reste de la maison est endormi.

Il gribouille des formes et donne vie aux songes de son esprit, réalisant ses plus chefs-d'œuvre, cachés aux yeux du monde paresseux. Sur son carnet secret, entre les traits fins et les traits grossiers, tout se bouscule. Il y a des silhouettes qui dansent, d'autres qui se contemplent. Il y a des visages vides, des visages floutés et, parfois, des visages disloqués. Il esquisse les premiers brouillons et ajoute le noir ensuite, occasionnellement du gris, mais jamais de couleurs. Seulement des ombres.

Il n'y a que ça.

Tout autour de lui. Des ombres qui emplissent son espace personnel.

Encore, encore et encore.

Peut-être qu'un jour, elles deviendront belles, deviendront lumières. Pour l'instant, elles sont juste envahissantes, suffocantes et ne lui accorde que peu, voire pas du tout de répit. C'est un constat qui est plutôt triste parce que Taehyung est au début de sa vie. Jeunesse accablée par des questions insensées. Souffrance profonde qui ronge un cœur déjà bien trop abîmé, mortellement saccagé.

Et ce n'est pas normal.

Le châtain finit par relever la tête de son carnet. Il frotte ses paupières alourdies par la fatigue, s'étire et jette un regard à la nuit déjà bien entamée. Sous la vaste obscurité, les nuages jouent à cache-cache avec le croissant de Lune qui n'a rien demandé. Il doit sûrement être tard. Les heures de sommeil se sont encore envolées face à cette habitude ancrée.

Dix minutes supplémentaires passent sans que rien ne bouge dans l'étroitesse de sa chambre d'adolescent.

Il détourne finalement les yeux de l'éden et baisse mollement la tête, exténué.

Son réveil cactus indique deux heures du matin. Taehyung sait que ce n'est pas son heure. Il ne peut toujours pas fermer les yeux sans prendre le risque de voir des ombres se former jusque dans ses cauchemars. Il doit attendre encore un peu.

Ses obsidiennes se posent sur son bureau, ou plutôt sur sa crassula disposée juste à côté de sa calathéa. Cette petite plante, plus communément appelée « L'arbre de Jade » en raison de ses feuilles charnues symbolisant fortune et prospérité, lui a été offerte par Jimin afin d'édifier des bases saines pour la nouvelle année. Taehyung a entendu dire que les crassulas permettraient également d'entretenir l'amitié. Baliverne ou vérité, cela lui importe peu. Il est juste heureux de ce cadeau et a grandement apprécié le geste de son ami. De son seul ami.

Il n'a besoin de personne d'autre que lui.

Jimin est toujours là, et il a toujours été là. Et que, sans lui, il n'y aurait déjà plus de Taehyung. Donc, il n'a pas besoin de plus.

Enfin, c'est toujours ce qu'il pense.

Contre toute attente, le sommeil vient enfin à lui. Il l'emporte quand trois heures sonnent et Taehyung finit par lâcher prise dans un dernier soupir. Son corps s'écrase de tout son long contre sa couverture qui sent encore l'adoucissant, complètement éreinté. Son esprit reste en veille quelques instants, prêt à le protéger d'une nouvelle nuit tourmentée. Hallucinations cauchemardesques ou songes réalistes, il a dû mal à faire la différence.

Une heure s'écoule.

Son sommeil est agité, sa léthargie bousculée. Les ombres sont de retour.

Encore, encore et encore.

Elles lui collent à la peau, fusionnent dans sa tête. Ça crie dans tous les sens et vient de tous les côtés. Il y a des hurlements muets qui se répercutent aux quatre coins de sa chambre et des voix pris en écho dans son corps.

Il aimerait que tout s'arrête. Mais ça ne s'arrête pas.

Pire, ça évolue et s'amplifie.

Ses yeux s'ouvrent en grand, apeurés. Il inspire, expire, tente de réguler son souffle agité.

D'une main tremblante, il attrape son casque, n'essaye pas de défaire fil emmêlé et le branche sur son téléphone. Sa playlist s'ouvre et sparks de Coldplay se lance doucement dans ses oreilles. La musique le berce de sa tendre mélodie, bien que légèrement mélancolique. Elles envoient des ondes harmonieuses dans son esprit. Son cœur se calme, les battements ralentissent.

Les ombres près de la porte disparaissent petit à petit.

Et tout redevient silence.


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Langage Floral ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant