RÉÉCRITURE ミ★ | Cela fait des années que Taehyung se réfugie dans son univers botanique pour éviter de faire face à ses angoisses. Il se perd souvent dans ses dessins et dans son amitié avec Jimin pour fuir une réalité qui ne lui convient pas. Une r...
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Il est encore tôt ce matin-là lorsque Taehyung ferme sa porte d'entrée et entame le chemin pour se rendre au lycée.
Un rose pâle, léger et tendre s'établit petit à petit dans le ciel. L'aube tente de percer les défenses du reste des brumes marines qui gouvernent partiellement l'éden. Morceaux épars d'une délicate aquarelle. L'image sous ses yeux paraît presque irréelle.
Le châtain relâche un soupir dans l'air.
Comme hier, il n'est pas motivé.
Sur le trajet, il ferme les yeux, inspire et prend le temps d'écouter le bruit du monde qui sort petit à petit de sa léthargie. Il reste quelques secondes dans cette position et savoure ce moment perdu dans l'infini. Mais une bicyclette passe, un chien aboie et la réalité le rattrape bien vite. Ses paupières s'ouvrent sur le jardin de sa voisine puis sur son portillon noir entortillé par du lierre et des dizaines de roses rouge. Il soupir une seconde fois, secoue la tête et insuffle du courage à son esprit pour cette deuxième journée.
Il recommence sa marche. Son arrêt de bus se trouve à seulement dix minutes de chez lui. Ce n'est pas très loin, mais pourtant, la distance lui paraît immense aujourd'hui.
― Ça va aller... Je peux le faire, se chuchote-t-il.
Il déglutit, peu sûr de lui.
Néanmoins, ses pas prennent un rythme moins robotique et poursuivent le trajet.
Sur son chemin, il croise quelques boutons d'or emprisonnés entre deux devantures colorées et le trottoir goudronné. Jolie mauvaise herbe. Contraste de jaune et de gris avec un peu de bleu de nuit. Puis cela se transforme et, soudain, c'est Terrasse du Café le Soir qui prend place sous ses yeux. Une œuvre du feu Van Gogh qu'il apprécie.
Une brise légère se lève.
Les branches des arbres bruissent et, au-dessus de lui, des mésanges heureuses s'égosillent.
Le bus arrive. Il y a sur le goudron le bruit de ses pneus qui crissent. Le monde poursuit sa course folle du temps et cherche sa place dans l'univers. Un peu comme Taehyung.
La foule au lycée est revenue.
Ça crie de tous les côtés. Les lycéens sont heureux de se voir, même s'ils se sont déjà vus hier. Ils parlent, se racontent leurs vies, expriment leurs joies. Et le cyclamen est toujours là. Mais Taehyung, lui, n'est plus là. Son esprit erre ailleurs, déjà loin. Son corps passe devant les étudiants, ressens le son des silhouettes sur la sienne. Il jette de rapides coups d'œil sur les visages brouillés et imprécis qu'il ne reconnaît pas. Est-ce que ce garçon est dans ma classe ?Et cette fille ? Leurs corps sont là, mais frôlent à peine le sien. Sauf quelques-uns qui lui rentrent dedans et repartent sans excuses. Il y a tellement de monde et il se passe tellement de choses. Des choses qu'eux ne voient pas parce qu'ils ne savent pas, ne s'arrêtent pas et ne ressentent pas. Et ça l'étouffe, tout cet amas de corps. Ça le brûle, lui tord les tripes et l'emporte dans ce sentiment d'inconfort et d'angoisse qui lui colle à la peau depuis des années. Il se griffe le poignet, violemment. Se mord les lèvres jusqu'au sang.
Puis pendant que tous avancent, courent dans tous les sens, Taehyung reste statique. Il est bloqué par ses propres pieds comme s'il ne savait plus comment marcher.
Et les démons en profitent pour revenir.
Véritable distorsion dans son esprit. Il se dit que même en plein jour, il fait nuit.
De longues secondes s'écoulent et se distordent en minutes. Soudain, il n'y a plus de foule, plus de bruits. Plus de cris dans sa tête, plus de chaleur dans sa poitrine. Seulement une main familière agrippée à son épaule.
― Je suis là, Tae.
La cloche retentit. Dans les couloirs, les derniers élèves se précipitent.
― Respire, suis mon rythme.
Taehyung se tourne vers Jimin et se cale sur sa respiration. Il s'apaise immédiatement. Sa présence est rassurante. Il lui offre un léger sourire en guise de remerciements. Jimin hoche la tête et lui assure que ce n'est rien.
Mais ce n'est pas rien.
Parce que ce n'est pas la première fois et ce ne sera sûrement pas la dernière.
Jimin balaye tout ça d'un revers de la main, passe trois doigts dans sa chevelure grise et reprend la parole.
― Montons en cours. Ça serait dommage d'arriver en retard dès le deuxième jour, tu ne crois pas ? dit-il, le sourire en coin.
― Tu as raison, merci, Chim.
Le reste de la journée passe. Elle se déroule sans encombre et, bien vite, la dernière heure tombe.
Botanique.
Au cours de celle-ci, Taehyung est encore assis au fond de la classe. Il griffonne sur son cahier le jaune beurre de ce matin. Il souhaite l'immortaliser pour ne pas l'oublier, et de là une nouvelle page se remplit. Une nouvelle histoire s'écrit. Caché à l'intérieur de ce moment hors du temps, il se sent bien. Il se sent à l'abri. Il respire mieux et le monde se calme encore plus. Il est doux, apaisant et, enfin, son cours préféré commence.
Taehyung se détache de son dessin pour mieux écouter. Il fixe le tableau noir en train de se couvrir de craie blanche avant d'observer la feuille distribuée par le professeur à son arrivée. Une de ses camarades s'apprête à poser une question lorsque la porte de la salle de classe claque soudainement. Elle s'ouvre sur le même élève qu'hier.
Jean déchiré, vans noires et tee-shirt blanc. Pas de doute.
Avec son sourire enfantin plaqué sur la figure, il ne semble pas remarquer le regard noir du professeur, ni les chuchotements des autres élèves.
Et sans même prendre en compte le fait qu'il a interrompu le cours, il traverse la salle et part s'installer au fond, là où demeure sa place désormais.
Juste à côté de Taehyung.
― Salut, voisin bizarre !
Il s'exclame aussi joyeusement que bruyamment, et cela fait soupirer ledit voisin bizarre. Mais malgré sa fatigue plus qu'évidente après l'installation de son camarade à ses côtés, il est intrigué. Curieux à propre de cet humain qu'il trouve beaucoup trop jovial pour lui.
Peut-être que lui aussi porte un masque ? Qu'il est comme lui ?
Peut-être que lui aussi rêve d'évasion ?
Peut-être que lui aussi aime jouer avec le reflet produit par les boutons d'or sur la peau et crier à tout va « T'aimes le beurre ! » comme les enfants d'autrefois ?
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Hello, j'espère que vous allez bien ?
Le chapitre 7 va suivre d'ici peu, sûrement dans la soirée, étant donné que je n'ai pas pu publier jeudi !
À bientôt ♡
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