RÉÉCRITURE ミ★ | Cela fait des années que Taehyung se réfugie dans son univers botanique pour éviter de faire face à ses angoisses. Il se perd souvent dans ses dessins et dans son amitié avec Jimin pour fuir une réalité qui ne lui convient pas. Une r...
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Assis au bord de sa fenêtre, Taehyung pense beaucoup.
Il laisse ses jambes pendre dans le vide et se tord le cou pour tenter d'apercevoir un p'tit bout d'univers sous le noir du firmament. Il y a une caresse de nuit sur son visage. Les traces d'un brouillard humide nagent encore au coin de ses yeux et le doux parfum d'un soir orageux persiste dans l'air. Il ressent trop et c'est fatiguant.
C'est vendredi soir, vendredi noir.
Une mère qui pleure. Un père absent.
Ce dernier a menti. Il y avait assez de pain sur la table. Dix ans après, sa mère pleure toujours. Dix ans après, ils en souffrent toujours. Pourtant, tout au fond de lui, il le sait... Son père ne reviendra jamais. Souvenir immortel dans un temps bien trop mortel.
Son regard se perd parmi le cosmos peuplé de nébuleuses mystiques.
Il aime admirer ces étoiles et leurs poussières quand elles s'effritent et posent pied à terre brillantes de corps blancs. Morceaux célestes majestueux. Et dans ses oreilles résonne encore le Clair de Lune. Une apocalypse de notes qui jaillissent et fusent à tout va. C'est un son si doux, une mélodie si mélancolique. Il sifflote parfois le rythme, plonge corps et âme dans la musique et tapote de sa dextre le bout de sa cuisse protégée sous le coton de son jogging gris.
De temps en temps, par-dessus le mouvement musical, il récite quelques strophes qui lui plaisent, quelques vers qu'il a mémorisés par cœur et murmure à qui veut l'entendre. Chuchote des choses qui n'ont pas forcément de sens et ferme ensuite profondément les yeux pour mieux ressentir la réalité. Il les ferme si fort qu'il a arrêté de chuchoter. Silence dans la musique des mots. Et ils se laissent envahir par les nouvelles pensées qui éclatent entre les murmures précédents.
Contrairement à ses émois précédents, il s'octroie le droit de penser à des choses positives beaucoup plus intéressantes comme par exemple à ce grain de beauté situé sous la lèvre inférieure, à ces cheveux bruns souvent désordonnés, à ses vans noirs mal lacés, à cette voix ponctuée de familiarités et à toutes ces conversations à peine entamées.
Il pense. Il pense et il pense encore à toutes ces particularités qui le catégorisent lui, son voisin de classe collant.
Celui qui est un brin curieux et sûrement trop rêveur. Celui qui n'écoute jamais le cours parce qu'il trouve ça «chiant à mourir» et qui parle tout le long. Il pense aussi à cette lumière qui compose Jungkook et qui irradie les gens autour de lui. Il illumine et en sa présence, le monde n'a jamais paru aussi clair, aussi beau, aussi rempli de couleurs pour Taehyung.
Peut-être qu'il pourra utiliser certaines de ces couleurs pour insuffler de la vie à ses dessins ?
Se débarrasser du noir pour ajouter du gris.
Le jour finit par se lever et alors que le rose de l'aube chevauche le bleu de la nuit, Taehyung pense toujours à son voisin de classe. Il se dit que le ciel est aussi magnifique que lui. Lui ce garçon un peu trop envahissant, comparable aux oxalis. À la fois sauvages et indomptables, douces et acides. Aussi capricieuses que colorées. Frivoles le jour, secrètes la nuit.
Jungkook est un mélange de tout ça.
Il est partout et nulle part à la fois.
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