Chapitre 13 : Allégeance à Hirohito... au sein de Scotland Yard (époque : 2022)

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Scotland Yard, Londres.

Dans le commissariat central, les policiers se consolent en se félicitant avec une certaine pudeur par respect pour les victimes, par respect pour leur collègue. Certes, le commissaire C. Naghten est soulagé par l'arrestation, mais qu'est-ce qui épongera sa tristesse ?

Il passe plusieurs fois devant le suspect pour vérifier qu'il est bien là, que tout est terminé. Combien de fois un policier s'imagine un tel moment ? Pour plier le rêve à la réalité, il est nécessaire de confirmer, l'homme est là et tout le monde le voit.

Tout est fini.

Dans sa cellule, l'éventreur de Londres se jette sur les barreaux, s'esclaffe, hurle et insulte qui tente de le raisonner... mais au moins, il est là, derrière les métaux qui tiennent les éventuelles victimes loin de ses sanglants penchants.

- Une belle bande d'ignorants britishs, de transsexuels impurs !

Il rit aux éclats devant les officiers médusés.

- Tu peux te calmer maintenant, tu n'impressionnes personne ici ! reprend le commissaire devant ses équipes.

- Ah oui ? Pourtant la grosse dinde là-bas n'a pas l'air dans son assiette. Hé la salope du fond, vous voulez une histoire qui va vous couper en deux ? Je suis là pour s'en trancher une belle !

- Calmez-le-moi par pitié, appelez le médecin. Nous allons t'apprendre le silence, ajoute C. Naghten en direction d'A. Doryoma.

- J'aime que vous me tutoyiez ainsi mon très cher commissaire. Voici un secret...

Le prévenu regarde autour de lui et murmure :

- Vous avez tous été manipulés par les juifs et vous l'êtes encore...

Le commissaire qui partait se retourne, surpris par la soudaine tonalité douce de la voix de l'éventreur :

- Pardon ? C'est à moi que tu parles ?

A. Doryoma ne répond pas.

- Jack ?

- Jack... quel surnom misérable. Le seul vrai prédateur ici-bas est l'homme. Je suis Akira Doryoma, ma famille a servi l'Empereur sur le Nagato.

- Bien sûr, tes massacres sont nobles j'imagine.

- Tout ce que j'ai fait, c'est en allégeance à Hirohito. Arrêtez de me prendre pour un Tokkotai !

- Certes, répond, fatigué, le commissaire.

Les délires des malades mentaux ne l'ont jamais intéressé.

- Que disais-tu avant cela ?

- Les juifs commissaire... les juifs sont ceux qui ne se seront pas morts pour rien...

Il sourit, puis prend peur. Ses yeux révèlent l'accélération cardiaque et respiratoire, témoins certains de l'extrême panique.

- Vous avez été manipulés, tous ! Vous pensez m'avoir arrêté, vraiment ?

Il souffle tout bas à la manière d'une confidence portant le poids lourd d'un secret d'Etat.

- Commissaire, vous pensez sérieusement comprendre la moitié du quart de ce qui se passe ici ?

Le commissaire C. Naghten écoute attentivement les propos d'A. Doryoma. Il se demande si la réflexion de l'éventreur de Londres est toujours de l'ordre du délire ou si des informations rationnelles lui échappent.

Si c'était le cas, ce serait une catastrophe.

- Mon Cher commissaire Naghten, oui je vous appelle ainsi, en vrai comme dans mes lettres. Avez-vous lu mes lettres ? les avez-vous aimées à leur juste valeur ? Si vous voulez de bonnes recettes pour cuire le rein que je vous ai offert, je vous éclairerai avec joie.

- Poursuis, ne t'arrête pas en si bon chemin. Quelles sont donc ces choses qui nous dépassent tous ?

- Ah... commissaire... répond A. Doryoma d'un air désolé. Voici le son de l'ignorance. La famille d'Eli ne va pas tarder à venir me chercher mon cher commissaire. C'est une question de temps.

- La famille d'Eli tu dis ?

- Essayez de vous y opposer, vous n'y pourrez rien. Il n'y a rien à faire. Tout votre travail ! ici, à tous ! tout cela est aussi inutile que vous ! crie le suspect enfermé.

C. Naghten se tait, il écoute avec un sérieux grandissant.

Il faut attendre pour comprendre, les informations ne sont utiles qu'à l'approche des événements. Attendre, réfléchir, comme Wellington face à la grande armée Napoléonienne qui marchait à la frontière belge. C'est à proximité de Waterloo que la stratégie s'exige et en nous que l'impératif d'action devient capitaine.

Le Commissaire connait ses classiques de l'école militaire... néanmoins, comment savoir pour chacun que son Waterloo est là ?

Le tourment dure peu pour C. Naghten. A peine quelques heures plus tard, la réponse intervient et sonne comme une évidence déconcertante : Akira Doryoma avait raison.

Dès le matin, à la première heure, un homme en noir arrive avec une équipe spécialisée venue des Etats-Unis. Les qualités de physionomiste du commissaire lui servent, il reconnaît l'homme en question.

Celui-ci était présent sur les lieux de l'arrestation.

L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant