Chapitre 5 : Dirty, sex and money ! (époque : 2022)

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Akira Doryoma apprécie la vie londonienne. Du moins, elle est moins déplaisante que la vie américaine. Certes, il n'a quitté Seattle pour Londres que depuis un an et demi, mais se droguer en Angleterre prend tout son sens. « La chasse a plus d'avenir ici, n'est-ce pas Colonel ? » se dit-il souvent, entre deux traces de cocaïne.

Son dernier contrat date d'il y a un an, et cela lui semble être une éternité. Pour passer le temps, il tue des prostituées. Après tout, vendre son corps à Whitechapel est bien une provocation à la mort. Les journalistes de l'East End l'ont surnommé « l'Eventreur », ce qui le fait sourire. Insoupçonnable, son identité d'emprunt « Kos Minski » permet d'agir en toute tranquillité.

Habitant Sion Square, une ruelle bordant l'allée commerçante, il rentre aisément chez lui après les meurtres. Enfin... « meurtre », il vous dirait plutôt qu'il rend service. Qui n'a jamais souhaité épurer les rues de sa ville de toutes les formes de vermine qui la contaminent ? Encore ce soir, il purgera.

La police s'agite, ce qui lui procure un sentiment démesuré de grandeur. Combler le vide, voilà la synthèse de sa vie. Répondre aux images incessantes qui frappent sa mémoire, répondre à ces officiers qui l'avaient capturé, torturé, mutilé comme un chien. Le colonel Doryoma n'aurait jamais subi cela, lui...

A la fin de sa série, il avouera qu'il est « l'éventreur » et il explosera devant tout le monde. Il n'y a pas mieux pour combler le vide qu'une grande explosion. « Que les autres meurent aussi, puisque je ne serai plus là ! ».

La moustache mal taillée, les cheveux plaqués en arrière, le vieux short trop grand et la chemise crasseuse, Akira Doryoma, alias Kos Minski, n'a pas un physique enviable, mais c'est suffisant pour boire en compagnie de prostituées et les tromper le temps d'un égorgement. Arrivé en septembre, il s'est instauré un rituel.

Il se drogue dans sa Ford fiesta, puis il fait la tournée des bars jusqu'à deux heures du matin. Il demande alors à la prostituée qui lui paraît être la plus « sale » à ses yeux de s'occuper de lui dans une ruelle à l'abri des regards. Son visage rond n'inspire pas la méfiance, malgré les quelques rumeurs persistantes d'un tueur en série des travailleuses du sexe.

Cette nuit, il tuera la femme au foulard vert. « C'est une pute, ça se voit. », conclut Akira Doryoma. Conformément à son rituel, à deux heures du matin, il tente d'entraîner la femme au foulard dans une ruelle adjacente à l'avenue commerçante. Mais celle-ci ne souhaite pas le suivre.

Pris dans un accès de colère, il la pousse contre un mur et la frappe violemment sur le crâne. Il porte la femme inconsciente jusqu'à un endroit plus sombre. Lorsque des passants le regardent étrangement, il indique simplement d'une manière gênée : « ma femme ne tient décidément pas l'alcool ! »

Il entre dans un appartement visiblement inoccupé depuis longtemps, au rez-de-chaussée d'un immeuble désaffecté. A l'abri des regards, il jette la femme sur le matelas taché et poussiéreux d'un lit pitoyable et l'attache contre le radiateur. Il lui tourne autour, comme un loup qui guette sa proie, en fredonnant des chansons guerrières japonaises. Il retire sa chemise, prépare ses outils de travail... des mutilations.

La femme se réveille, le couteau sous le menton, nez à nez avec le visage en sueurs d'Akira Doryoma.

- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous me voulez ? demande-t-elle, paniquée. Pourquoi suis-je attachée ? Lâchez-moi, je suis à la poursuite de...

- C'est cela oui ! Nous sommes tous à la poursuite de quelque chose, pétasse prétentieuse. Qui t'a donné la parole ? répond l'asiatique.

A. Doryoma est colérique. Il se passe nerveusement sa chemise sur le front et frotte la lame de son long couteau avec le vêtement trempé.

- Vous ne comprenez pas, laissez-moi partir ! Je suis à la recherche de quelqu'un, c'est urgent !

- C'est amusant, j'étais également à la recherche de quelqu'un, toi. Hahaha... De ton côté, qui quêtes-tu comme ça ?

- Vous me recherchiez ? mais... pourquoi ? Nous ne nous connaissons pas... je pars retrouver un homme important. Le Dr Jonathan Stevens, vous en avez surement entendu parler ! C'est le Profiler qui enquête en ce moment même sur l'éventreur de Londres.

- Voilà une chose cocasse ! Disons que ta recherche porte partiellement ses fruits. Tu as l'honneur d'être en présence de l'éventreur, le Jackall en personne, le prédateur. Comme tu le vois, je m'apprête une nouvelle fois à rendre allégeance à Hirohito.

- L'éventreur ? C'est le Professeur Hartz Bietez qui vous envoie ?

La femme hurle de colère :

- Dites-lui que je ne regrette rien ! Tout ce que j'ai recopié dans mes dossiers, tout ce que je m'apprête à transmettre, je ne regrette rien !

- Je me contrefous de ce que tu dis salope. La femme est vraiment répugnante, moins utile encore qu'un chien. A ceci près qu'il ne manque que la parole au chien, alors qu'il manque à la femme de se la fermer.

- Je préfère mille fois un monde sans religion à un monde qui s'autodétruit ! dites-lui bien ceci à votre « Chef » !

- Qui ?

- Vous ne savez pas qui je suis ? Je suis Célia Notae, la fille de...

L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant