Chapitre 37 : L'expérience avancée (époque : 2129) (2/2)

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- Pourquoi « maintenant » ? rétorque W. Andrews à J. Stevens en laissant place à la situation.

- Pourquoi me donnes-tu ton journal, Laurent ? Il t'est si précieux et depuis si longtemps.

Les yeux bienveillants de W. Andrews traversent le vieux carnet. Il caresse le cuir du journal offert par son propre père à L. Ballier à l'enterrement de sa mère. Il frôle l'inscription d'une croix inversée sur le dos du carnet, en pièce de titre entre les deux nerfs.

- Tu en auras besoin... là-bas.

- J'aurais besoin de ton journal codé, sans la clé de déchiffrement ?

- Notre contact saura quoi en faire. Garde-le en sureté, ne le perds pas, jamais. Garde-le bien avec toi.

- Tu veux dire durant l'espace du trajet temporel ?

- Tu dois partir maintenant !

- Je ne reviendrai pas, c'est ça ? interroge, circonspect, le physicien.

- Si, bien sûr. Un aller-retour, deux voyages sont prévus avec le chargement et la tolérance théorisée du tissu de l'espace-temps.

La pièce devient de nouveau floue alors que des voix se superposent sur les événements.

- Au début, je ne comprenais pas la façon dont vous pouviez savoir, puis l'agent Lewis m'a détaillé votre arrestation, puis votre venue. Il m'a délivré les informations masquées ici et là dans la totalité des observations médicolégales de votre dossier. Il est d'ailleurs remarquable qu'une personne si mystérieuse épaississe tant un dossier, pour ne rien apporter de plus.

- Et donc, Docteur ? Qu'en comprenez-vous aujourd'hui, si vous êtes dans un bon jour ?

- Vous aussi, vous avez une capacité.

- Comme vous qui soignez l'esprit des gens ?

- Certes, sauf le vôtre. Enfin, c'est ce que je pensais. Puis j'ai compris que je vivais vos mémoires à la nuitée. De là découle une nouvelle question, comment se fait-il que je puisse percer votre esprit la nuit, durant votre sommeil ?

- Je ne saurais vous le dire, mais j'imagine que c'est une question rhétorique. Votre hypothèse est donc que je suis l'homme de vos songes et que je suis habité d'une capacité à soigner ?

- Pas de mes rêves, de mon néant.

- Votre néant.

- Oui.

- Je connais votre néant, Docteur, réagit-il en lançant des morceaux de papier dans un trou formé par les draps de lit dépliés. Nous en avons déjà parlé plusieurs fois.

- Il est vrai qu'en état de confiance je peux rentrer dans l'esprit, l'âme, peu importe comment cela se nomme afin de soigner la personne qui me présente sa maladie sous la forme qui la dévore. Les cas les plus généraux sont les souvenirs. Mais il me faut une grande concentration pour le pratiquer, je n'en suis pas capable en dormant.

- Néant, soigner... Donc ?

- Enfin, c'est ce que je pensais, avant de comprendre pour ma mère... Je ne sais pas quoi penser encore de tout ceci, c'est confus. Mais voici une hypothèse plausible à mes yeux au regard de mon expérience dans le néant.

- Dîtes-moi, propose le détenu en ramenant ses mains contre le mur derrière sa tête.

- Votre période de sommeil est votre instant de relâchement envers moi, me donnant accès à vos mémoires. Depuis l'affaire du couturier, et d'autant plus à Londres, l'activation du néant s'est montrée illisible, incontrôlable, plus étendue qu'à l'époque. Même à distance, je sens cette connexion avec vous Dr Andrews.

L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant