L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]

Chapitre 44 : La fin du cycle (époque : 2022) (2/4)

« Vous l'avez abandonné Docteur, comme vous nous avez abandonné ! » crie J. Sallow dans les mémoires entremêlées. « Mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ainsi, Docteur ? » implore-t-il. « Si seul, depuis toujours... »

« Eli, Eli, Lema Sabactani ! », hurle en même temps W. Andrews crucifié depuis le Néant et à travers les époques. « Père, Père, pourquoi m'as-tu abandonné ? » répète-t-il en larmes, dans la douleur. « Laurent ! Eli ! Aidez-moi ! Je suis si seul... »

J. Stevens porte sur lui les sévices internalisés, la frayeur, l'angoisse profonde, réelle, mortifère. Lorsque la porte s'ouvre, sa main tremblante reste collée à la poignée sécurisée en provoquant un bruit incessant de métal qui claque dans le silence du couloir froid.

Les surveillants, comme T. Lewis, regardent dans la pièce pour y voir le secret immense qui s'y cache, le secret à déceler. Un secret qui offrirait une explication à toutes ces choses qu'ils viennent de voir.

- Mais... Docteur... il n'y a personne, constatent-ils avec déception.

- C'est vide, Docteur, confirme l'agent de la CIA, attristé.

- Je le sais... répond J. Stevens en tournant son corps vers eux sans les regarder. Je l'ai toujours su.

- Pourquoi ouvrir dans ce cas ? demande T. Lewis.

- Car le problème n'a jamais été de savoir, indique-t-il avec gravité en plongeant ses yeux dans les regards incongrus qui lui font face.

- Je ne vous suis pas... répond T. Lewis.

- Vous n'allez toujours pas bien Docteur ? s'inquiète le lieutenant en lui prêtant appui.

- Je m'écroule à force de me relever, murmure J. Stevens.

- Cette enquête est trop lourde pour un homme, établit l'agent de la CIA.

- Non Ted, il n'y a pas d'enquête. Il y a un sens de l'histoire contre lequel je me sens terriblement impuissant. Se battre ou accepter, être ou ne pas être... se souvient le psychologue de ses échanges avec le détenu.

- C'est le Dr Andrews qui vous a partagé cela ? cherche à comprendre l'officier blond en replaçant ses vêtements, comme s'il attendait de la visite.

- J'en découvre chaque jour plus sur moi que sur lui. Je commence seulement à comprendre ce qui se passe.

- Vous êtes toujours persuadé que le Dr Andrews est la personne dont vous rêvez ?

- Je le vois me parler de l'histoire dont j'ai rêvé, répond J. Stevens en referment la porte de la cellule vide.

- L'inverse me semble être une hypothèse plus solide, infirme l'officier de la CIA.

A ces mots, J. Stevens ne peut retenir un rictus en se dirigeant vers la sortie.

- Vous réfléchissez vous aussi à l'envers désormais, agent Lewis.

- Évidemment. Entrez-vous aussi dans ma tête ? renvoie-t-il le sourire.

- J'entre hélas dans des lieux où vous n'oseriez pas mettre les pieds...

- Je confirme, Dr Stevens ! explose de rire A. Doryoma dans la troisième cellule du couloir alors que les hommes passent devant la porte.

Après un arrêt et un regard complice, les deux collègues estiment sans se parler de l'inutilité de s'arrêter pour échanger avec le tueur en série aux mille et un visages. T. Lewis fait appeler un véhicule de la sécurité pour J. Stevens, dont les procédures de sureté sont étroitement appliquées à la lettre.

- Depuis quand ne pleut il plus ? soliloque J. Stevens en regardant le ciel autour de lui, la mine éprouvée.

- Où allez-vous maintenant, Docteur ? demande l'agent de la CIA, penché sur la porte ouverte de la voiture teintée. Vous rentrez à l'hôtel avant l'exécution ?

- Non. Je retourne là où tout a commencé.

- C'est-à-dire ? rétorque, intrigué T. Lewis.

- Chez moi, Théodore.