Chapitre 4

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C'est la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

M'asseoir  à cette table avec un animal pour dîner !

J'aurais tout accepté, tout surmonté mais pas ceci.

Paulin était déjà installé et avait dénoué son carré de mouchoir qu'il plaça sur ses genoux. Il leva la tête vers moi comme je ne faisais pas mine de bouger.

_Tu ne manges pas Hélène ?

_Tu n'y penses pas ? C'est quoi ton problème ? Que fait un animal ici ? Paulin, je...

_Cesse de crier comme une poissonnière Hélène et prends place. Tu rends Clara nerveuse. Le dîner va refroidir.

_Comme ça c'est moi qui rend cet animal nerveux ? Sa place est dans une marmite et non assis autour d'une table. C'est elle qui devrait être sur la table.

Paulin se leva d'un mouvement brusque, en risquant de renverser sa chaise.

_Tais toi Hélène. Si tu n'es pas contente, tu peux sortir et aller manger dans ta chambre.

Il m'y envoyait comme un enfant qui boude !

_C'est quoi la prochaine demande ? Tu vas sûrement me dire que nous allons passer la nuit tous les trois ?

Par un fait étrange, Clara s'était arrêtée pour nous regarder. Comment une truie pouvait-elle être si attentive à ce qu'il se passait autour d'elle ?

Paulin se rassit et je vis sa pomme d'Adam, monter et descendre.

_Hélène, c'est celui qui a l'argent qui détient le pouvoir. Si tu veux rester, reste. Si non, tu connais la porte.

Je me mis à hoqueter. Je n'allais pas vendre le peu dignité qu'il me restait en assistant à cette infâmie.

Non, je valais plus que ça.

Je pris cinq secondes avant  de tourner les talons

Jamais je n'allais manger à la même table qu'un porc.

C'était tout bonnement impossible et scandaleux.

_Ferme la porte derrière toi !

Cria Paulin alors que je sortais déjà.

Il n'allait pas s'en tirer à si bon compte. Clara également.

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Je me jetai sur mon lit en hurlant de douleur.
J'avais mal. Si mal.

Qu'allais-je pouvoir faire maintenant ?

Les choses se compliquaient un peu plus. Moi qui croyais que ça devait lui passer, que Paulin était en pleine crise de la quarantaine. Je découvrais que cette histoire rocambolesque était sérieuse.

Je pris rapidement mon sac à main et je sortis de la maison 

Je ne m'étais même pas changée.

Je ne reconnaissais plus Paulin. Cet homme qui ne parlait presque jamais et me laissait prendre toutes les décisions avait changé . Aujourd'hui, je découvrais une autre personne prête à tout pour défendre sa truie. Je découvrais une autre facette de mon mari qui me faisait peur.

Pour la première fois de la vie, je l'avais vu se dresser contre moi.

Tout ça pour un animal qui devait finir dans la marmite. C'était inadmissible !

Il devait être déjà vingt et une heure.

Véro fut surprise de me voir sur le pas de sa porte.

IL COUCHAIT AVEC LE PORC Où les histoires vivent. Découvrez maintenant