Vous avez dit sorcière ?

Quidditch

Ania avait prié pour que la promesse du roux soit une farce. Après tout, il était connu pour être un farceur. Ça n'aurait pas été très étonnant. Qu'en avait-il à faire d'elle de toute façon. La réconcilier avec la magie était impossible. Il y avait un vécu bien trop important.

Mais à sa grande surprise et celle des autres élèves, il était revenu vers elle. Encore et encore. C'était étrange, elle qui avait passé la majorité de son temps seule se retrouvait à avoir une compagnie qu'elle n'avait jamais cru possible d'avoir.

Elle regarda son écharpe rouge et or d'un air sceptique. Charlie avait décidé qu'elle viendrait voir le match de Quidditch. Elle n'avait jamais pris la peine d'assister à un seul match. Elle n'était pas tellement sport de base, alors voir des gens faire des acrobaties à plusieurs mètres du sol sur un balai... Très peu pour elle. L'idée de voler de cette manière lui faisait peur. Ce n'était pas pour rien qu'elle n'avait jamais réussi à faire décoller le sien. Madame Bibine avait pourtant tout tenté. En vain.

C'était certainement mieux ainsi, elle n'était pas morte dans un accident idiot.

Elle s'installa dans les gradins avec un soupir. C'était partit pour elle ne savait même pas combien de temps d'attente. Elle savait que Charlie était le capitaine de l'équipe et qu'évidemment cette discipline lui tenait à cœur. Elle en connaissait les règles, mais ça s'arrêtait là.

Enfin les joueurs entrèrent sur le terrain sous les encouragements de la foule. Elle repéra rapidement Charlie. Il avait un immense sourire aux lèvres. Il lui avait dit qu'ils étaient déterminés à gagner, qu'il tenait à avoir la coupe entre ses mains dès sa première année en tant que capitaine. Ambitieux.

Le match débuta rapidement. Les joueurs filaient d'un bout à l'autre du terrain et marquait tour à tour. Le match était serré. Ils filaient toujours plus vite sur leur balai, composant des pirouettes qui lui semblaient toutes plus dangereuses les unes que les autres. Elle ne savait même plus combien de fois, elle eut l'impression que l'un d'eux allait tomber. Elle avait retenu son souffle à chaque fois.

Malgré elle, elle se retrouva happée par le jeu. Elle n'arrivait pas à se détourner du terrain, elle avait peu que quelqu'un tombe et en même temps, elle était subjuguée par leur maîtrise. Ils ne semblaient pas douter. Comme s'ils savaient qu'ils arriveraient à reprendre un vol normal quelque soit leur trajectoire et qu'à aucun moment, ils n'allaient terminer dans un mur.

Pourtant, elle savait qu'il y avait bien des joueurs qui terminaient à l'infirmerie après les matchs. Il ne s'agissait pas d'un jeu calme, il était aussi rapide que violent et ça dépendait de ce à quoi étaient près les joueurs pour gagner. Certains n'avaient pas peur de blesser gravement leur adversaire si ça pouvait conduire leur équipe à la victoire.

Des barbares.

Elle resta néanmoins jusqu'à la fin et applaudit avec tout le monde. Elle regarda les Gryffondors se pavaner d'avoir gagné. Elle ne loupa pas le regard heureux du Weasley. Un pas de plus vers la coupe pour eux. Elle tenta de lui sourire quand son regard croisa le sien. Elle n'était pas certaine d'aimer le Quidditch. Il est vrai que c'était un sport impressionnant, mais clairement pas pour elle. Elle était à peu près certaine que ce n'était pas ça qui parviendrait à la faire changer d'avis sur la magie quoi qu'en pense le capitaine de l'équipe.

Elle s'éclipsa avant que tout le monde ne décide de quitter les gradins et gagna tranquillement la salle commune. Elle s'installa dans un coin non loin de la cheminée. Elle était bien mieux au chaud. Seiki sauta sur ses genoux et ronronna quand elle commença à le gratouiller. Son ami de toujours était là, comme toujours. Y avait-il eu une seule fois où il lui avait fait faux bon ? Évidemment pas.

— Le quidditch est un sport vraiment étrange, lui murmura-t-elle. Je n'arrive pas à savoir ce qui leur donne envie de se les geler sur un balai à plusieurs mètres du sol...

Seiki miaula. Visiblement lui non plus ne savait pas. Elle soupira et se pelotonna un peu plus contre le fauteuil. Elle regarda le feu danser sous ses yeux. Elle ne releva la tête que pour croiser le regard peu commode de Maddy et ses sbires.

S'il y avait une chose qui n'avait pas changé, c'était l'antipathie de Maddy. Cette dernière la détestait depuis la première seconde. Ania n'aurait pas été étonnée qu'elle revendique les mêmes idéaux que les puristes et rejoigne cette fameuse cause. Comme quoi, il n'y avait pas que les Serpentards pour soutenir cette idéologie. Elle avait vu juste depuis le début. Enfin, elle n'avait pas à y penser. Ça ne serait bientôt plus son problème de toute façon.

Maddy ressortit quelques instants plus tard apprêtée pour fêter la victoire de sa maison.

Ania se retrouva enfin seule. Elle en avait pour un petit moment avant que les premiers ne se lassent. Elle ferma les yeux un instant pour savourer cette paix relative.

— C'est là que tu te cachais !

Elle sursauta et ses yeux verts tombèrent sur un rouquin tout sourire.

— Charlie, fit-elle perplexe. Tu n'es pas censé fêter ta victoire ?

— Tu n'es pas restée, lui reprocha-t-il. Je pensais que tu viendrais...

— Ce n'est... Je n'ai pas vraiment envie de faire la fête.

Comment lui dire qu'elle n'avait aucune envie de se retrouver seule dans une pièce bondée. Elle aurait l'air bien maline à les observer pendant que tout le monde l'ignorerait.

— Ca t'a plut, questionna-t-il en s'installant sur le fauteuil d'en face.

Elle haussa les épaules.

— Ce n'est pas vraiment mon truc... C'était plutôt impressionnant, admit-elle.

— Tu n'as jamais réussi à voler pas vrai ?

Elle grimaça. Pas besoin de le lui rappeler.

— Laisse-moi-t'apprendre ! Promis, on ira tranquille. Tu verras, tu comprendras quand tu auras réussi.

— Je n'ai pas très envie de recommencer... Les cours de Madame Bibine m'ont suffit...

Elle étouffa le souvenir de ces fameux cours. Aucune envie de se rappeler de tous ses échecs. Elle avait été lamentable et avait saisi toutes les occasions de s'humilier.

— Il n'y aura pas la pression d'un cours cette fois, tu verras ça ira. Tu auras qu'à me rejoindre sur le terrain d'entraînement demain soir, on sera tranquille. Je t'y attendrai.

Il fila sans attendre de réponse.