Elle avait passé la nuit et la journée à réfléchir. Elle savait que c'était une mauvaise idée. Elle n'était pas faite pour voler ni pour la magie. Pourtant la tentation de rejoindre Charlie fut trop forte. Elle attendit même impatiemment d'y aller. Était-ce parce qu'elle était restée trop longtemps seule qu'elle ne voulait pas perdre son attention ?
Charlie était quelqu'un de solaire, il ne se prenait jamais la tête, était toujours souriant. Ça lui mettait du baume au cœur. Il n'en restait qu'elle avait dû mal à comprendre qu'il recherche sa compagnie après cinq années à l'ignorer. Qu'est-ce qui avait changé ? Les paroles du professeur de défense contre les forces du mal ? Ce n'était pas la première fois qu'elle échouait. Certes, ce professeur avait été plus dur que les autres et en avait beaucoup trop dit, mais tout de même...
Elle ne pourrait le découvrir qu'en lui parlant. Y aller n'était pas plus mal si elle voulait trouver une réponse à cette question. Et puis... Même si ça ne durait qu'un temps, elle serait moins seule. Elle espérait simplement qu'il ne se moquait pas d'elle et qu'elle n'allait pas devenir la risée de son année. Elle ne tenait pas à se faire encore plus remarquer.
Le soir venu, elle enfila un pull bien chaud et une écharpe. Elle prit son courage à deux mains et quitta sa chambre. Elle marcha dans les couloirs sombres de Poudlard essayant comme à son habitude de faire abstraction des fantômes et des tableaux animés. Rien de plus simple quand on savait qu'il n'y avait pas un couloir qui en était dépourvu.
Elle s'emmitoufla dans sa veste et accéléra le pas. Elle se sentait tellement anxieuse. Elle arriva enfin dehors. Le temps était clair, la lune brillait haut dans le ciel et les étoiles parsemaient le noir d'encre. Il faisait froid, elle voyait son souffle se découper. Elle resta un instant à fixer le ciel avant de reprendre courage. Elle n'allait pas se défiler maintenant.
Voilà que le courage des lions parcourait ses veines. Elle aurait pu en rire. Du courage, elle en avait usé chaque jour ici. Le choixpeau l'avait envoyée dans cette maison pour qu'elle trouve le courage d'accepter qu'elle était une sorcière. Ça n'avait pas tellement fonctionné. Elle savait qu'elle en était une, mais de là à l'accepter. Une autre histoire.
Non, elle ne s'était jamais sentie Gryffondor. Et elle ne se sentirait certainement jamais à sa place dans cette maison. Elle s'était faite à l'idée.
Encore dissimulée par les arbres, elle repéra la silhouette du roux qui l'attendait assis sur son balai à quelques mètres du sol. Il regardait le ciel. Elle se tint là plusieurs minutes à le regarder. Il semblait si serein. C'était rare. Il avait toujours l'air amusé, sûr de lui. Il laissait rarement apparaître d'autres émotions comme s'il camouflait son véritable ressenti.
Elle s'avança finalement. Elle n'allait pas attendre toute la soirée dans le froid juste pour le regarder. Et lui n'allait pas passer toute sa soirée à attendre en vain. Elle était curieuse de son idée, elle n'allait pas tout gâcher à attendre bêtement dans l'ombre.
Il se retourna dès qu'il l'entendit. Un sourire étira ses lèvres.
— J'ai cru que tu n'allais pas venir, commenta-t-il. Je suis content que tu aies choisi de le faire. Ça, c'est être courageux.
Elle leva les yeux au ciel.
— Le choixpeau devait être fatigué quand il m'a envoyé dans cette maison, déclara-t-elle.
— Aah tu as l'âme des Serpentards, ricana-t-il. Les lions c'est très bien.
Elle haussa les épaules.
— Alors qu'as-tu prévu, détourna-t-elle la conversation.
Il tourna autour d'elle sur son balai. Visiblement, il s'amusait bien. Il finit par s'arrêter devant elle et lui tendit la main. Main qu'elle fixa avec un air perdu.
— Monte avec moi !
Il riva ses yeux dans les siens, la mettant au défi de refuser.
— Tu viens avec moi et je guide le balai, toi tu profites, expliqua le roux. Tu vas pouvoir voir comment c'est génial sans t'inquiéter de rien.
Elle regarda le balai, sceptique.
— Je te promets que ça va aller, je suis vraiment bon sur un balai, tenta-t-il. On ira pas trop haut pour cette fois et si tu ne le sens pas tu me dis, je redescends aussitôt. Tu vois rien à craindre.
Tremblante, elle saisit sa main et le laissa l'attirer vers lui. Il la fit s'installer devant lui. Il veilla à la rassurer au maximum et commença à prendre de l'altitude lentement. Il fit attention à ne faire aucun geste brusque et monter très progressivement. Il s'arrêta lorsqu'il jugea qu'il était préférable de ne pas prendre de risque.
— Alors, murmura-t-il. Qu'en penses-tu ?
Elle avait une vue imprenable sur Poudlard. La lune et les étoiles éclairaient le château. Elle pouvait voir le lac. C'était sublime. Elle veilla à ne pas regarder en bas. Elle profita simplement du spectacle. Elle n'avait jamais pu avoir une telle vision.
— C'est magnifique, admit-elle.
— J'étais certain que ça te plairait.
Ils restèrent longuement ainsi, jusqu'à ce que le froid mordant les convainc de redescendre sur la terre ferme.
— Si ça te dit, je peux t'apprendre, proposa-t-il. Je n'ai pas les connaissances de Madame Bibine, mais il n'y aura personne d'autre que nous. Ça sera moins stressant.
Ania regarda à nouveau le balai, indécise. Elle n'avait pas vraiment besoin d'apprendre à voler puisqu'elle avait prévu de quitter définitivement le monde magique. Une partie d'elle souhaitait tout de même apprendre. Juste pour profiter de la sérénité et de la beauté du Poudlard nocturne vu d'en haut. Elle pourrait juste essayer ? Et puis ça lui permettrait de passer du temps avec Charlie. Elle avait vraiment envie de ne plus se sentir seule. S'il acceptait de lui accorder une heure de son temps, elle en serait heureuse. Même si elle détestait l'idée d'avoir la sensation de quémander de l'attention...
— Je veux bien essayer...
Le sourire de Charlie se fit plus éclatant encore. Une petite victoire pour lui. Il allait réussir à la réconcilier avec la magie. C'était évident.
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Vous avez dit sorcière ?
FanficComment aurait-elle pu deviner qu'une simple lettre pourrait détruire sa vie... L'arracher à son monde et la contraindre à évoluer dans un autre qui la terrifiait. Elle qui ne désirait que poursuivre sa vie tranquillement. . . Artwork done for the c...