Nous

19- Philippe

J'ouvris les yeux, mort de fatigue. Je venais de recevoir une chose molle sur ma figure. Je grognais.

- Aller lève toi ! Ça fait des heures que ton réveil sonne dans le vide ! Ça commence à me saouler d'entendre le générique des Ratz partout dans l'appartement...

Je me redressai vivement dans mon lit, pris de panique et remontais la couverture jusqu'à mon menton. Jacinthe leva les yeux au ciel face à ma réaction.

- Fais pas l'idiot ! Je t'ai déjà vu torse nu ! Aller, maintenant bouge toi !

Elle sortit de ma chambre en ronchonnant.

Je soupirai en me rallongeant. Je m'emparai de mon téléphone et éteignis le réveil.

On était lundi, cela faisait seulement trois jours qu'on était en vacances et la cohabitation avec Jacinthe devenait de plus en plus compliqué. Il fallait vraiment qu'elle rentre chez elle, sinon, notre amitié allait en pâtir...

Je sortis de ma chambre en caleçon et me dirigeais vers la cuisine/salon/chambre de Jacinthe. Je mourrais de faim !

Jacinthe n'était pas là. J'entendais l'eau couler dans la salle de bain. J'avais l'impression qu'elle passait sa vie là-bas. En tout cas, il n'y avait jamais d'eau chaude pour moi depuis qu'elle était là...

Je soupirai en ouvrant le frigo. Il fallait vraiment que je trouve un moyen de la réconcilier avec son père...

Je soupirai à nouveau quand je remarquais que le frigo était entièrement vide. Il ne restait plus que cette éternelle bouteille de lait à demie rempli que personne ne toucherait jamais. C'était une habitante permanente de mon frigo. J'hésitais même à lui donner un petit nom.

Je fermai donc la porte du frigo et me dirigeais vers la salle de bain avant de me rappeler que Jacinthe y était toujours. Je levai les yeux au ciel avant de retourner dans ma chambre.

Je m'habillai d'un jogging noir et d'un T-shirt blanc, mit mes gants de boxe dans un sac, prit mon téléphone et ma carte bleue et ressortis de ma chambre. J'enfilais mes chaussures et ma veste en cuire, m'emparai de mon casque de moto et criai :

- Jacinthe je sors !

Elle ne me répondit pas. Je sortis dehors et prit une grande bouffée d'air frais.

Il fallait tout d'abord que j'aille faire les courses. Heureusement, le supermarché se trouvait juste à côté de la salle de boxe.

J'enfourchai ma moto et conduisit jusqu'au supermarché où je la garrait. J'entrai dans le bâtiment et achetai des pâtes, du jambon, du fromage, du pain, du ketchup, des légumes, des fruits, des œufs, de la viande... J'allais payer et ressortait avec les courses dans mon sac de sport.

Ensuite, je traversai la rue et entrai dans la salle de sport. Beaucoup de gens étaient déjà présents. Certains s'entraînaient contre des sacs de frappe, d'autres sautaient à la corde et d'autres étaient déjà dans le ring en train de se battre. Ça sentait la détermination et la sueur. Je souris, j'adorais cette odeur.

- Regardez qui nous fait l'honneur de sa présence aujourd'hui !

L'entraîneur me frappa dans le dos avec un grand sourire.

- Qu'est-ce qui t'amène, gamin ? Je croyais que t'avais arrêté de venir depuis le temps !

Je me grattai la nuque, assez gêné.

- Je suis désolé m'sieur... J'ai pas trop eu le temps ces temps si... Et puis, je suis assez fatigué...

L'entraîneur secoua la tête.