Chapitre 3

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Je suis remontée dans ma chambre, et ai vidé mon sac à dos pour le remplir de tout ce qui me semblait utile, des objets de soin basique aux restes de nourritures qui me restait du voyage, et plusieurs paires de chaussettes.
Le retour de VWR, donc. Combien d'ados devaient se trouver dans le parc ? Il y avait cinq cent gagnants tirés au sort, mais une cinquantaine avait probablement eu des empêchement ou la flemme. On devait être quatre cent au bas mot.
Si c'était comme sur l'île, le seul truc qu'il me suffisait de faire était de trouver l'endroit équivalent à Blumenfeld pour en empêcher l'accès, et donc limiter les dégâts jusqu'à trouver un moyen de se barrer ou que de l'aide parvienne. Le séjour durait une semaine. Il restait six jours avant que quelqu'un se rende compte qu'on avait un problème.
Oh, allez. Dieu savait que je me fichais que quelqu'un, surtout un inconnu, mute ou meure. Ça m'était déjà arrivé avant, et j'étais encore là. J'étais même pas la seule.
J'étais plus inquiète à l'idée qu'Ethan aie des problèmes. Il était dans le parc, et risquait de passer à tout moment dans Blumenfeld II, et rien ne me garantissait qu'il pouvait y survivre. De la quarantaine de mutants que nous avions ramenés vivants de l'île, rien ne les unissait vraiment, que ce soie l'âge, le sexe, les goûts musicaux ou quelque maladie génétique. On avait juste muté.
Donc Ethan risquait d'avoir des problèmes à tout moment. Je voulais empêcher ça plus qu'autre chose. J'imagine qu'aimer quelqu'un rend égoïste, mais je n'arrive pas à aimer le reste de l'humanité.
J'allais fermer mon sac pour troquer mes vêtements contre quelque chose de plus chaud et confortable lorsqu'on a frappé à ma porte. N'ayant rien de mieux à faire, j'ai ouvert. C'était Graham et Aart.
-Bonjour, ai-je fait.
-Tu as vu ce qui se passe dehors ? A demandé Graham d'une voix neutre.
Elle était peut-être un peu tremblante. Malgré moi, j'ai souri, amusée. Graham qui angoissait ? C'était nouveau, et inattendu. Même dans la bataille, je ne l'avais pas vu craintif une seule fois. La violence et les situations critiques, les cas de force majeure, ça l'intéressait, lui plaisait même, mais il n'en avait pas peur.
-Oui, ai-je répondu, mon moment de surprise passé. Je comptais partir pour trouver le nouveau champ de mutation.
-Ethan est pas là ?
-Ni dans ma chambre, ni ailleurs, ai-je affirmé.
Ça me faisait rire plus qu'autre chose qu'il parte du principe qu'Ethan et moi irions nous jeter dans le premier lit venu lors de nos retrouvailles. On n'était pas du genre couple fleur-fleur et sonnet déclamés au pied du balcon, mais je me voyais très mal faire ça.
-Tant que vous êtes là, vous pourriez venir avec moi pour m'aider ? Ai-je demandé. Enfin, juste Graham. Sauf si t'as des intentions suicidaires, ai-je ajouté à l'attention de Aart.
-Seulement quand je bois.
J'ai souri. Graham m'a bousculé pour entrer dans ma chambre et a brusquement ouvert les volets, puis la porte du balcon. Je suis restée sur place, me demandant vaguement ce qu'il faisait.
-La mutation n'est pas le plus grave, là, a-t-il dit en désignant d'un grand geste la vue plongeante que j'avais sur Lost Playland.
Je l'ai rejoint sur le balcon, et regardé le parc.
A première vue, l'animation était plutôt normale. Pas pour huit heures du soir, mais passons l'horaire. Les attractions tournaient encore, tout était illuminé comme à Versailles, et il y avait pas mal de bruit en plus de la musique nasillarde et des hits de l'été dernier vomi par les haut-parleurs.
Il fallait se concentrer rue par rue pour voir le vrai problème, qui pouvait se résumer rapidement ; les gens faisaient n'importe quoi, et pas n'importe quoi genre passer le balai et ranger les rayonnages à la place des employés. Non, pourquoi faire ça ? Ils mettaient tout en bazar, et pillaient, et s'amusaient. A ce point-là, après vingt-quatre heures de sommeil, j'étais crevée et énervée, et j'avais juste envie d'en prendre un pour taper sur l'autre.
-C'est plus Ethan qui met l'ordre, a expliqué Graham. Moi je frappe dans le tas et toi tu cours autour en te demandant pourquoi tout le monde n'est pas un bisounours comme toi.
Je n'ai même pas eu la force de mal le prendre.
-Je pense que ce sera encore plus galère si des gens ont des pouvoirs. Faut s'occuper de la mutation en premier, ai-je contré.
Au tour de Graham de soupirer. Lui aussi en avait visiblement trop marre pour débattre.
-D'accord. On trouve rien avant demain, et on met l'ordre. Sinon, on s'occupe juste d'éloigner les débiles.
-Je peux venir ? A fait Aart.
-Non, tu ne peux pas, ai-je dit d'un ton sec.
-Hey, on est dans un pays libre, je viens si je veux.
-Et tu meurs si tu veux, aussi ? Ai-je rétorqué.
-T'as qu'à finir ce que t'as à faire, a fait Graham.
Il est retourné dans le couloir avec Aart et a fermé la porte derrière lui. J'ai terminé de remplir mon sac et ai mis un jean, des baskets avec un t-shirt, un gros pull et une veste en cuir. C'était ça qui avait sauvé mon bras lors de l'éboulement, et je me sentais toujours obligée d'en porter une maintenant.
J'ai éteint les lumières, ai débranché tous mes appareils et suis sortie dans le couloir. Graham était adossé contre le mur en face de la porte, et Aart essayait tant bien que mal d'interrompre une hémorragie nasale impromptue.
-Pourquoi il saigne du nez ? Ai-je demandé à Graham d'un ton plus autoritaire que d'habitude.
-Parce qu'il est con, a dit Graham en semblant plus fier qu'autre chose.
-Je ne savais pas qu'être con faisait saigner les gens du nez, ai-je rebondi.
-C'est un nouveau phénomène, a expliqué Aart.

N/A : BOOM BETCHES ! J'ai démarré un nouveau bouquin ; "Moi, Juste Différente". Passez le lire et me dire ce que vous en pensez !
À propos des films/chansons du chapitre, ce sera aléatoire, mais il y aura toujours un des deux.

Scène du chapitre
(500) Days Of Summer (je devais) ; "Soyons d'accord pour dire que nous sommes en désaccord". Jana est Tom (dépressif croyant en l'amour), Graham est Summer (désillusioniste anarchique et violente) et Aart est Mackenzie (le pote bourré dans le fond).
Bisoux magiques !

Piégés (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant