Piégés (FR)

Chapitre 16

Je n'ai pas su quoi répondre, mais me suis souvenue que ça faisait quatre mois que je n'avais pas eu Ethan physiquement en face de moi. Ça en faisait, du temps. Histoire de commencer à le rattraper, je l'ai pris dans mes bras, ce qui m'a aussi permis de constater que j'étais toujours aussi petite depuis quatre mois. Ethan a pensé à la même chose :
-Tu n'as pas pris un centimètre.
-Il semblerait que je vais rester une naine toute ma vie.
-On dit « personne de petite taille », d'accord ? Respecte tes confrères et consœurs.
-Je vais être obligée. Maintenant, des explications.
-D'accord. Mais à l'intérieur. D'ailleurs tu tombes bien, j'étais en train de manger.
-Il est quasiment cinq heures du matin.
-L'obésité appartient à ceux qui se gavent tôt.
Ça m'a fait sourire. Toujours aussi débile.
-Mais je crois que biologiquement, c'est faux, tu évacues mieux les calories absorbées le matin que le soir, ai-je objecté.
-Mes plans pour les dix prochaines années tombent à l'eau.
-Quels étaient tes plans pour les dix prochaines années ?
-Mourir d'une maladie cardio-vasculaire la première, et rester mort pendant les neuf qui suivent.
Cette inside joke était vraiment l'une des plus absurdes dans laquelle j'avais jamais été inclues. Ethan était presque maigre, et tellement anguleux que j'aurais pu m'ouvrir le front en me cognant contre l'une de ses clavicules. Comme je n'avais pas grandi, lui n'avait pas pris un gramme depuis la dernière fois que nous nous étions vus. On faisait un joli couple plein de problèmes de croissances.
Je l'ai suivi à l'intérieur du magasin, et suis allée me servir un verre de thé glacé, dont une bouteille était posée sur le comptoir. Pendant cette opération, Ethan verrouillait la porte. Je n'y voyais pas une grande utilité étant donné qu'il était en verre et fissurée. Mais ça devait être une habitude.
-Tu dois avoir plein de choses à me raconter, alors, ai-je dit en me tournant vers lui, mon dos appuyé contre le comptoir.
-Plein, en effet. Je ne sais juste pas par où commencer.
Il a marché vers moi et, par mimétisme et avec un regard atterré, il s'est servi un verre de thé glacé à son tour. Je l'ai encouragé :
-Juste commence. On pourra faire les liens logiques entre les parties plus tard.
Ethan a bu une gorgée avant de se décider à s'expliquer. J'attendais juste des explications ; ça faisait quatre jours que je me demandais s'il était mort ou juste perdu, et à ce niveau d'inquiétude, n'importe quelle absurdité aurait suffi à me rassurer.
-D'accord. Je suis l'indic ? A-t-il commencé d'un ton hésitant.
La voix ne collait pas, mais après m'être totalement trompée sur Isla, j'ai décidé de me taire. Moi et mes théories à la con sur les personnes qui essayaient de nous aider.
-Comment ça se fait ? Depuis quand tu t'y connais en radiophonie ?
-Je ne m'y connais pas en radiophonie, c'est une des autres parties intéressantes de cette semaine à Lost Playland. T'as déjà mangé dans un restaurant ici ?
J'ai réagi immédiatement :
-Oh mon Dieu, t'as quel pouvoir ?
Savoir quels pouvoirs chacun obtenait était devenu une source d'amusement. Je me suis demandée comment nous les obtenions, et pourquoi ils étaient tous différents. Pour savoir ça, nous allions avoir besoin des explications du VWR. Ethan a fait une grimace perplexe avant de me répondre :
-Je sais pas trop, je peux amplifier ou réduire ma voix et imiter celle des autres.
-Va falloir arrêter de me narguer avec vos pouvoirs utiles ou cools, me suis-je plainte, ça commence vraiment à m'énerver.
Ethan a penché la tête sur le côté.
-On peut pas tout avoir, a-t-il dit.
-Qu'est-ce que j'ai, alors ?
-Un sarcasme assez impressionnant, des goûts de qualités en matière de cinéma...ça va prendre du temps. Revenons à nos moutons.
J'ai hoché la tête. Ca devenait gênant, pour moi comme pour lui.
-Ce serait pas mal, oui. Si t'es l'indic, pourquoi tu n'as jamais rien dit ?
-Pour plein de raisons. C'est plus pratique pour moi de circuler dans le parc et de récolter des informations si Nate me croit mort, ça m'évite aussi de me faire lyncher publiquement. Je pense aussi qu'avec votre discrétion légendaire, vous risqueriez de me faire remarquer si vous connaissiez ma position.
Il les a énuméré sur ses doigts, et c'était des bonnes. Après tout, je pouvais comprendre qu'il veuille aussi faire des choses par soi-même. Et si l'indic n'avait pas été là, mais avec nous, nous aurions à nouveau été des catastrophes ambulantes, comme sur l'île. Seule une chose m'a intriguée, mais j'ai décidé de la laisser de côté pour plus tard.
-Même pas un indice ? Ai-je demandé d'un ton faussement sidéré.
-Hey, fais pas la victime, a dit Ethan en imitant ma mimique, j'ai donné un indice.
-Vraiment ?
Quel symbolisme perché allait-il encore me sortir ?
-Vert, doré, violet.
-Quoi, vert, doré, violet ? Ai-je répété.
-C'est les couleurs du carnaval à la Nouvelle-Orléans ! D'ailleurs il faudrait qu'on y aille ensemble une fois.
Pas si perché que ça. Le gosse était doué.
-C'est pas l'événement qui implique le plus d'alcool après la Saint-Patrick ? Ai-je demandé.
-Si, c'est en partie pour ça que c'est drôle, a répondu Ethan. Autre chose ?
-C'est qui, Nate ?
Voilà ce qui m'avait fait tilter.
-Tu te souviens pas de lui ? S'est étonné Ethan.
-Non, pas du tout. Je suis censée ?
-OK, donc tu t'es fait eue aussi. Reprenons, alors. Felix ?
-Il a été sur l'île avec nous, je sais.
-Il se faisait appeler Nate. C'était un Loup, et il a eu des pouvoirs d'amnésie là-bas. Je suis quasiment sûre que tu peux te souvenir de lui, c'était l'un de ces deux types qui se battaient et que t'avais essayé d'arrêter, le premier jour.
-Si, je m'en souviens maintenant que tu le dis. D'ailleurs j'avais échoué lamentablement, par ta faute. Mais t'es sûr que c'était lui ?
-Persuadé. C'est même moi qui lui ai pété le nez.
Felix était donc bien sur l'île. La photo n'était pas truquée.
Et pour des raisons sûrement plus importantes que le fait qu'Ethan-le-maigrichon lui a cassé le nez. Ses envies de vengeances le rendaient dangereux. Soudainement, j'ai craint pour tous ceux que j'avais laissé au Lonely, et les plans qui étaient entre leurs mains.
-C'est tout ?
Je me suis demandée jusqu'à quoi Felix pouvait les faire oublier. Si c'était simplement de petits éléments comme sa présence sur l'île, ou des choses autrement plus primordiales ; leurs pouvoirs, leurs amis, leurs familles, ou même leur identité. J'ai relevé la tête vers Ethan :
-Non, c'est pas tout.
Je me suis penchée et l'ai embrassé, pour la première fois depuis quatre mois. Mais ça ressemblait à la première fois.
Voilà quelque chose que je n'oublierais jamais.

N/A : Holà, bande de gros ! Vous pensez quoi de tout ça ? Ça fait pas mal d'informations à la fois.
Je vous gratifierai de la suite mardi, peut-être même avant 19h, parce que j'ai mon oral d'histoire des arts à 11h donc tout l'aprèm libre ! Et le lendemain c'est mon anniversaire, je tuerai Ethan si vous oubliez de me le souhaiter (je déconnais bien sûr, je prévois déjà de le tuer (là encore, je déconne)).
Pour la miss qui m'a demandé des photos des personnages, je rajoute ça en média tout de suite > elles y sont ! Mais ne vous y réferez pas trop, faites-vous votre propre idée des persos, moi-même dans ma tête ils ne ressemblent pas tant aux photos (à part Melanie, je l'ai inventée à partir de cette photo)
AJOUT : je viens d'apprendre le décès d'une confrère de Wattpad, et j'ai juste trouvé important de mettre un petit mot ici pour transmettre toutes mes condoléances à son entourage. Elle me manque déjà. Les gens, allez faire des câlins à vos amis et à votre famille, et des bisoux virtuels à ceux qui comptent pour vous sur la Toile, et profitez du temps que vous avez à fond. Je vous aime tous autant que vous êtes.