Piégés (FR)

Chapitre 13

Avec Ley, on a mis vingt minutes à rejoindre le Lonely, où la quinzaine d'anciens était restée à poireauter. Enfin, ce n'était pas le terme à employer, mais le premier qui m'est venu à l'idée.

Graham et Melanie étaient partis avec Amelia et les deux autres, laissant le coin en charge à Rhea. Ce passage de devoir créait une longue chaîne de remplacements, à laquelle j'ai mis fin en reprenant les rênes à mon arrivée.

J'ai passé ma fin d'après-midi dans le hall, à rechercher un peu plus d'informations sur l'indic. Apparemment, elle s'appelait Isla, et avait des liens de parenté avec Noah. A y réfléchir, il y avait une certaine ressemblance physique. Mais heureusement pour nous, les deux pensaient complètement différemment, et je ne savais pas combien de fois ça nous avait sauvé la vie.

Rien de nouveau sur les fréquences ; tout le monde vaquait à ses occupations. S'inquiéter, lire un bouquin ou essayer désespérément d'accéder à Internet, on avait un choix plutôt large. Après mes recherches, j'ai crocheté des portes de chambre pour aller prendre une douche, puis joué à la console avec Ley et une autre fille, Carol. La conversation ressemblait un peu à ça :

-Vous êtes tous nuls ! S'est exclamée Carol.

-Faux, arrête de raconter des conneries ! A lancé Ley en retour.

-Vrai, je suis en train de me faire laminer, ai-je répondu.

Même si j'adore ça, je suis nulle au jeux vidéos, surtout de combat ou de plate-forme.

Bref, on se changeait les idées en s'insultant allègrement lorsque Melanie et Amelia ont fait irruption dans la pièce ;

-Encore un mort ! S'est exclamé Melanie.

J'ai fait un léger geste de la main ;

-Andy ? Je suis au courant, ai-je dit.

-Non, encore un autre, a rectifié Amelia.

Je me suis redressée d'un mouvement violent, les mains soudainement crispées sur ma manette ;

-Pardon ?

-Un ancien moldu, qui s'est allié avec Felix, a dit Melanie. Me souvient plus de son nom, mais en tout cas, il est mort.

Elle paraissait un peu bouleversée, ses cheveux en bataille et ses yeux écarquillés en témoignaient, mais tous ses muscles étaient tendus à en rompre, et elle grinçait de temps à autre des dents ; elle était surtout hors d'elle. N'ayant pas connu cet ancien-là, elle ne pouvait pas ressentir beaucoup de tristesse, mais par contre elle avait une belle occasion de se venger, et ça ne m'aurait pas étonnée qu'elle en profite.

-Comment ?

-Il s'est battu ou a été frappé avant, mais il semble avoir été poussé du haut de la grande roue.

Je me suis rendue compte que tout le monde avait bien retenu ma consigne « ne tuez pas, créez des accidents. ».

On s'est retrouvées à en parler au dîner. On avait approximativement décongelé des frites, des haricots et une sorte de viande en sauce surgelés, qu'on avait ensuite distribués dans des plats en aluminium, pour manger dans la salle multimédia, devant un film d'horreur.

Comme nous l'avions déjà tous vu, nous nous permettions de discuter pendant le film, à part pendant les morts et les moments de grosse tension. Ce concours de circonstances nous a amenés à un sujet très précis ;

-Notre vie commence de plus en plus à ressembler à un épisode de Destination Finale, ai-je commenté. Je sais même pas comment on fait ça.

-Moi non plus, mais ce serait plus mal qu'on arrête, a répliqué Melanie.

-La meilleure solution serait de quitter le coin, a dit Rhea.

-On n'a pas de bateau, et à mon grand désespoir, personne ici ne sait voler, a dit Leslie. Tu veux qu'on fasse ça comment ?

-A la nage ? Ai-je proposé.

-Ou bien en prenant ces cygnes en plastique dans un des attractions et en ramant très fort et très longtemps, a proposé Ley.

Voyant bien qu'on n'avait pour l'instant aucune échappatoire, nous nous sommes tous tus pour regarder avec fascination une blondasse à l'attitude un peu vulgaire (troisième victime dans la liste de clichés à tuer du serial killer, après le black et le débile qui aime bien faire faire des crises cardiaques à ses « amis ») se vider de ses tripes.

On a regardé des nanards de cette qualité jusque tard dans la nuit, avec les plus fatigués qui dormaient à tour de rôle sur des couvertures étalées dans le fond. Malgré tout on regardait avec le son à fond. Ils étaient trop ensommeillés pour se formaliser.

Bref, tout le monde somnolait, par terre ou sur le canapé, lorsque Graham, tout habillé mais ruisselant d'eau, a fait irruption dans la pièce, visiblement pas content ;

-Je voulais avoir un pouvoir cool et je suis devenu un poisson, c'est dégueulasse ! S'est-il exclamé.

J'aurais pu dire plein de choses, du « pas de meurtriers dans mon fichu lobby », jusqu'à « mais va-t-en ! » en passant par « les poissons, eux, ne tuent pas des gens », mais la première chose qui m'est venue à l'idée est ;

-Il sembleraient que tu soie un des malheureux perdants à la loterie des pouvoirs. Bienvenue au club !

N/A : Holá, bande de gros ! Ceci est un petit chapitre de pause, mais il va y avoir beaucoup de choses à avaler la prochaine fois, alors j'avais besoin que votre cerveau prenne une petit pause. J'ai une grosse question : si j'allongeais Échoués, changeais deux-trois détails et développais plus les persos et le concept des pouvoirs, vous le liriez en livre physique (par extension, publié) ?

À jeudi ;)