07

364 32 9
                                    


Pour que Joséphine digère la pilule liée à mon absence, je décidais d'investir mon temps auprès de mes enfants. Nous jouâmes une bonne partie de la fin d'après-midi avant que je ne mette en œuvre le programme tradition d'avant couché. Diner, douche, histoire de princesse. J'avais lutté pendant longtemps, pour ne pas être dans l'obligation de leur lire ce genre d'idiotie, mais j'avais fini par lâcher l'affaire et céder aux différentes récriminations des filles. Ma crainte était qu'elles finissent par croire à toutes les conneries qu'on trouvait naturellement dans ses romans. La jeune demoiselle magnifique, mais fragile, qui attend la venue de son prince charmant pour la soustraire de l'emprise de sa terrible belle-mère. Je voulais qu'elles sachent que les hommes étaient tous des chiens sauf moi. C'était moi l'homme de leur vie. Point.

Il y avait bien une raison à mes absences. Certes, je devais passer la soirée de la veille avec Soan et j'avais passé la journée avec lui, mais ce n'était pas le cas à chaque fois. Le plus souvent, j'étais réellement au studio. Parce qu'en dehors de Soan, il me fallait bien une raison de ne pas rentrer trop souvent chez lui.

Je m'en voulais toujours un peu de l'attaquer sur ce point. Le fait qu'elle ne travaille pas. Elle faisait des études quand on s'était rencontré, je l'avais convaincu d'arrêter ses études. Ça semblait la bonne chose à faire à l'époque. Parce que je pouvais effectivement survenir à ses besoins. J'avais bossé toute ma vie pour que les personnes de mon entourage ne manquent de rien. Mais, elle aurait pu dire non. La voix de ma sœur, Léna, fit une percée qui commença à faire battre en retrait ma culpabilité.

Léna n'avait jamais été fan de Joséphine. Pas nécessaire Joséphine elle-même, mais elle avec moi. Sans doute que j'aurais dû ouvrir les yeux à ce moment-là. Avant le mariage, les enfants. Les enfants c'était la seule chose que je ne regrettais pas. La situation dans laquelle j'étais oui, mais, pas les enfants.

Considérant que ma réflexion vient de mettre un terme à sa conversation avec Jo, j'attrapais mon téléphone. Penser à elle, m'avait donné envie de la voir.

-Qui est mort ? demanda Léna en décrochant.

-Très drôle

-Tu m'appelles après dix-neuf heures, bien sûr que je m'inquiète. Qu'est-ce que tu me veux ?

-On graille ensemble ce soir ?

-Chaud, si c'est toi qui paies.

-T'as pas un travail maintenant ?

-Si, mais t'es mon big bro, mon riche big bro si je dois préciser. On se retrouve là-bas, je t'envoie une adresse.

Elle raccrocha sans me laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit. Même si ce n'était pas de mon fait, j'étais extrêmement fière de Léna. Contrairement à moi, elle avait réussi à mener sa vie presque avec brio. Peut-être qu'ayant un aperçu de ce qu'était mon milieu, la jeune femme avait pris conscience à quel point il était pourri, et s'en était tenue très éloignée. Pas de session studio, pas de soirée, à l'exception du photo-shoot réalisé pour son album Enna, Léna avait refusé toutes les propositions qui lui avaient été faites pour faire partie de mon monde. Contrairement à Enzo, qui avait fini par bosser avec moi. À la place, Léna s'était consacrée à ses études, jusqu'à devenir assistante sociale. Elle aimait son boulot et ça lui ressemblait tellement.

L'appel terminé, je fis un rapide tour du côté de la salle de bain pour me séparer rapidement. Par réflexe, avant de partir, je me rendis dans la chambre des petites pour m'assurer qu'elles dormaient bien. L'innocence qui transparaissait de leurs traits soulevait mon cœur. Elles étaient belles, parfaites.

-Et tu vas où maintenant ?

-Pas quelque part qui te regarde, je répondis en fermant la porte derrière moi.

Quatorze Carats 💎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant