Quatorze Carats 💎

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-Vous allez choper la crève, hurla Cheryl la femme de 2zer depuis la terrasse de la maison.

-Encore cinq minutes, maman, répondit Samuel en hurlant à son tour

Nous nous étions lancés dans une partie de football, à laquelle la pluie qui avait commencé à tomber n'avait pas mis fin. C'était pour des instants comme ceux-ci que j'appréciai encore participer à ces réunions de « famille ». D'autant que c'était mon moment pour briller. J'avais certes arrêté le foot depuis plusieurs années, mais j'étais bien conservé. J'adorais rendre fous les gamins en les faisant courir presque sans but après la balle. Je profitais parce que c'était aussi sans doute les derniers moments où ils courraient sans but. Ils seraient bientôt tous suffisamment grands pour rivaliser avec moi.

-Soan, hurla Soline la fille de Ken l'autre bout du terrain pour que je lui fasse la passe

Observant qu'elle était correctement démarquée, je mis un coup dans le ballon pour qu'elle puisse le récupérer. Soline n'était pas vraiment connue pour sa coordination, je la suspectais de ne jouer avec nous que pour éviter les moqueries de ses frères. Ou plutôt pour pouvoir se moquer d'eux, je pensais alors que son tir entrait dans ce que nous avions délimité comme étant les buts. J'aurais dû y penser avant. Après tout, elle avait insisté pour être dans notre équipe, ce qui n'était jamais innocent.

-Tain', mais, Luka c'était à toi de la marquer, s'impatienta Samuel.

-Je fais ce que je peux, elle court vite

Alors qu'ils commençaient à se disputer réellement, la pluie s'intensifia, et termina de nous tremper complètement. Quand Cheryl ressortit à nouveau pour nous forcer à rentrer, cette fois nous n'opposâmes aucune résistance.

-Laissez les chaussures dans l'entrée

Comme ordonnée, j'abandonnais mes chaussures dans l'entrée, avant de monter rapidement jusqu'à la salle de bain qui communiquait avec la chambre que je partageais avec Paul. Après une douche rapide, je le retrouvais allongé sur le lit, le regard figeait sur son téléphone.

-Qui a gagné ?

-Nous, grâce à un but inattendu de Soline.

-On va en entendre parler toute la soirée, il soupira en se redressant.

Je commençais à enfiler des fringues propres et sèches alors qu'il poursuivait :

-T'sais la meuf de l'anniv de Manu, je secouais la tête pour l'encourager à poursuivre. Je crois, je vais la revoir. Elle était chaude de ouf et puis elle n'arrête pas de m'envoyer des messages, il termina en haussant les épaules.

-Ok.

-C'est tout ce que ça te fait ? je me suis peut-être trouvé une meuf et tu t'en fous ?

-Je m'en fous pas Paul, mais tu nous as fait la même avec Marie ou Maria y'a six mois.

-Ça n'a rien à voir, la meuf était totalement obsédée par Ken.

-Peut-être que si tu arrêtais de jouer la carte, « je suis neveux de Nekfeu ». Les meufs que tu te tapes ne seraient pas obsédées par lui.

-Je comprends pas, il poursuivit sans prendre en compte ma remarque. Ok, y'a quinze ans il était cool, dix même si je veux être sympa...

Quand il commençait comme ça, il ne s'arrêtait plus. Je voyais ça comme une crise d'autorité ou un complexe d'Oedipe même si Ken n'était pas son père, plus qu'une véritable critique à l'égard de Ken en lui-même. Il avait fait son temps, il en avait parfaitement conscience. À part les deux trois sons qu'il sortait dans l'année quand il était d'humeur nostalgique et une tournée occasionnelle tous les trois ans et encore, la vie de Ken commençait et s'arrêtait à sa famille. Dont Paul faisait partie. Paul qui avait la sensation de vivre dans l'ombre de cet oncle trop talentueux pour son propre bien, alors qu'il avait choisi, qu'il choisissait tous les jours de se placer sous cette ombre. Donc non, je n'écoutais pas ses élucubrations, parce qu'il ne tenait qu'à lui de sortir de cette ombre.