Chapitre Vingt-six

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            Décembre
           Lorsque son réveil le tira violemment de son sommeil, Soobin eut la pressante envie de balancer son téléphone contre le mur de sa chambre d'hôtel.

Bien sûr, il ne le fit pas. Il tenait un peu trop à son portable pour cela, et ne serait-ce que d'un point de vue pratique, il serait bien trop embêtant pour lui d'en racheter un dans un pays étranger. Son esprit divagua quelques secondes encore jusqu'à ce qu'il se reconnecte complètement à la réalité.

Cette troisième semaine avait sans aucun doute été la plus rude depuis leur arrivée en France. Le projet avançait à grand pas, et de nombreuses décisions plus ou moins importantes avaient dû être prises en un court laps de temps. Ils avaient organisé des réunions en ligne avec les membres de la direction artistique choisis pour rester en Corée, peaufiné la rédaction des quelques contrats tout en s'assurant que les objectifs Regard et Arthur soient respectivement compris. Malgré la présence de Marie et de Yeonjun qui parlaient tous deux un français parfait – à ses oreilles d'amateurs tout du moins – il lui arrivait quelques fois de se retrouver légèrement perdus. Bien sûr, la majeure partie des conversations s'effectuait en anglais, lui laissant alors un peu de repos. Le reste du temps, son supérieur ne ratait aucune occasion d'exercer sa connaissance quasi parfaite de cette langue, en se gardant évidemment de lui en partager ne serait-ce qu'un bout. Après tout, ils n'étaient pas venus ici pour faire un stage linguistique, et tant que Soobin était en capacité de faire son travail, il n'avait besoin de rien de plus.

Néanmoins, un sourire s'imposa sur son expression agacée lorsqu'il se rappela pourquoi il avait programmé son réveil à huit heures trente un samedi matin. Aujourd'hui, Yeonjun et lui avaient prévu de faire les boutiques pour entamer leurs achats de noël. Ils avaient de l'avance, mais ils s'étaient trouvés sur la même longueur d'onde quant au fait qu'ils n'auraient pas l'occasion d'offrir des cadeaux français tous les ans à leurs proches et que, par conséquent, ils pouvaient bien s'autoriser cela.

C'est donc l'esprit bien plus léger qu'il se leva et commença à se préparer. La musique de son téléphone jouant à un volume raisonnable, il choisit minutieusement ses vêtements en s'observant dans la glace mise à disposition dans sa chambre. Cela le déprimait de sans cesse de devoir porter un costume en semaine, d'autant plus aux côtés d'un homme tel que Choi Yeonjun qui semblait plus élégant et à l'aise dans ses tenues de travail que dans ses tenues de ville. Il avait toujours préféré choisir ses vêtements librement ; il ne se considérait pas comme une icône de mode, mais il avait toujours apprécié faire attention à ce qu'il portait. Il s'estimait chanceux que Yeonjun ait l'esprit suffisamment ouvert pour ne pas exiger des costumes aussi stricts que les siens : les graphistes s'habillaient et se coiffaient comme ils l'enchantaient – sauf lorsqu'une réunion était prévue – tandis que les personnes occupant des postes plus élevés tels que Taehyun et lui se voyaient tout de même obligées de porter le strict minimum, soit une chemise et un pantalon qui n'était pas en jean. Il relativisait en se disant qu'il échappait au pire, et qu'il avait tout de même droit aux colorations de cheveux de son choix. Il n'avait jamais véritablement cherché à déterminer où se trouvaient les limites mentales que son patron avait lorsqu'il était question de l'apparence de ses employés, mais une chose était sûre : il était du genre tolérant.

D'humeur légère, il se saisit de son pull préféré couleur lavande faisant un rappel avec sa nouvelle couleur de cheveux et enfila un pantalon en toile bleu marine avant d'enfiler sa veste en jean foncé molletonnée. Comme ça, on sera un peu assorti, se surprit-il à penser. Mais étrangement, cela ne lui fit pas peur de le penser : il appréciait de plus en plus la compagnie de Yeonjun. Une fois prêt, il jeta un œil à son portable qui venait de vibrer, un sourire s'imposant sur ses lèvres lorsqu'il lut  le message qu'il venait de recevoir.

╺╸MENACEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant