Chapitre Trois

448 61 89
                                    




            Septembre
            — C'est d'accord, à tout à l'heure.

Soobin raccrocha, un sourire aux lèvres, puis soupira de contentement en laissant traîner son regard sur son appartement.

Cela faisait bien un petit bout de temps qu'il s'y était installé, mais après plusieurs mois la sensation de nouveauté était la même. Il se revoyait emménager ici, le cœur battant à l'idée d'enfin commencer une nouvelle vie. L'appartement était terriblement vide au début, mais il y avait rapidement remédié. Enfin, surtout Beomgyu. Le faux blond avait insisté pour accrocher toutes – ou presque toutes – leurs photos sur les murs ici et là. Et bien évidemment, il n'avait pas su lui dire non. Puis son ami avait insisté pour accrocher des guirlandes un peu partout, remplir son frigo de tout plein de cochonneries et même décorer ses toilettes de façon ridicule. Il l'avait laissé faire, cela lui avait fait tellement plaisir de le voir s'activer avec autant de joie et de bonne volonté pour qu'il se sente bien dans son nouvel environnement.

On aurait pu croire que c'était Beomgyu le plus âgé des deux, avec cette constante envie de le protéger et de tout faire pour qu'il se sente bien. Mais de toutes façons, tous les deux le savaient très bien depuis le temps : l'âge, ce n'était qu'un chiffre. Beomgyu n'avait jamais cessé de l'encourager et de l'épauler, notamment le jour de son entretien d'embauche. Il ne manquait jamais de laisser échapper un rire en se remémorant l'expression à la fois concernée et encourageante que son ami s'était efforcé d'avoir, le plus jeune n'avait pas voulu paraître inquiet pour lui, sachant pertinemment que le stress le tiraillait déjà suffisamment. Puis, le jour où Kang Taehyun l'avait rappelé pour lui annoncer qu'il avait eu le poste, Soobin se souvenait parfaitement s'être presque écroulé sur son canapé, avant d'appeler son meilleur ami qui avait passé la porte de son appartement quelques minutes plus tard. Finalement, ils avaient fêté ça entre eux, avaient appelé les parents du plus âgé pour leur annoncer la bonne nouvelle avant de passer une soirée à deux comme ils les aimaient tant.

  Depuis, Beomgyu n'avait jamais cessé de prendre des nouvelles de son ami et Soobin s'appliquait toujours à lui rapporter tous les hauts et les bas qu'il avait traversé depuis qu'il avait intégré Regard. C'était donc tout en enchaînant les auditions, dans diverses agences ou studio, que le plus petit se tenait régulièrement au courant des dernières aberrations commises par les "faux jumeaux", car c'est ainsi qu'ils aimaient surnommer Yeji et Hyunjin, ou encore la dernière farce que Soojin avait pu tendre à Bin ou Soohyun. Il ne les avait jamais vu, mais avait avoué au plus vieux apprécier imaginer les curieux personnages qui partageaient désormais son quotidien.

Soobin avait eu peur, en intégrant Regard, que son amitié avec Beomgyu ne s'effrite considérablement. C'était idiot, il avait eu la même crainte lorsqu'ils avaient quitté le lycée, et encore une fois lorsqu'ils avaient tous les deux terminé leurs études respectives. Pourtant, ils n'avaient jamais cessé d'être proches, de régulièrement dormir l'un chez l'autre et de passer les fêtes ensemble. Mais Soobin était comme ça : derrière son rictus et son air fier se cachait un garçon effrayé de perdre ceux qui lui étaient chers et angoissé dès qu'il était question de situations bien trop sérieuses. Et malgré tout ça, aujourd'hui il vivait une vie sans encombre. Enfin, presque.

Il fut sorti de ses pensées par la sonnerie de son appartement. Le sourire qui avait légèrement commencé à s'effacer s'agrandit à nouveau alors qu'il se dirigea vers la porte d'entrée en quelques grandes enjambées. Sans même vérifier par le judas l'identité de la personne ayant sonné, il ouvrit sa porte en grand, accueillant dans ses bras sa boule d'énergie préférée.

— Comment vas-tu ? avait demandé Soobin, le visage enfoui dans les cheveux à présent blond cendré de son meilleur ami.

— Super bien ! s'était empressé de répondre Beomgyu avant de doucement se dégager de l'emprise de son ami.

╺╸MENACEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant