Indirect guilty

Titre du Chapitre

Je commence à ouvrir les yeux. J'ai très mal à la tête. J'aimerais bouger mais quelque chose m'en empêche.
Je voudrais crier mais je n'arrive pas à ouvrir la bouche, du scotch la maintient fermée.
Il fait nuit noire, je ne vois rien. Je n'entends rien non plus.
Où m'a-t-il emmené ? Que va-t-il me faire ?
J'attends, mais plus j'attends, plus j'angoisse. Ma tête me sonne, j'ai tellement mal que j'en ai la nausée.
Quand va-t-il revenir ? Je le hais, lui et son club de merde ...
Je lutte pour ne pas me rendormir, mais j'en suis incapable.

Je me réveille en sursaut, j'entends des portes claquer. Il arrive, il faut que je l'amadoue, c'est ma seule chance pour me sauver.
Je l'entends parler :

-  Oui putain, je sais Juan, me prend pas pour un con !
...
-  Si ! C'est comme ça, et me fait pas chier. Penses à ce que je t'ai dit !
...
-  Tu ne dis rien, compris ?
...
-  Oh c'est bon, ça leur passera !
...
-  Tu commences vraiment à me casser les couilles, sérieux ! Non, tu fais comme je t'ai dit, le club reste ouvert et les putes travaillent ! Ok ?

Puis, plus rien ...
Je vois une petite lueur sous la porte, et une ombre se rapprocher. La porte s'ouvre rapidement. J'essaie tant bien que mal de m'habituer à la lumière.
C'est lui, je reconnais immédiatement sa carrure.
- Salut ! Lolita !
Il s'avance vers moi et pose sa main sur ma joue déjà inondée de larmes. Il me dégoûte. Si je pouvais, je lui cracherais dessus. Je n'arrive pas à déchiffrer son regard. Je ne sais pas à quoi m'attendre. La seule chose que j'arrive à faire, c'est secouer la tête de dégoût, je ne veux plus qu'il me touche !
- Alors, comme ça tu es allée voir les flics, pour leur parler de moi ! C'est pas très sympa ça !
Il s'assied à côté de moi, je voudrais hurler.
Je secoue de nouveau la tête, en lui faisant des gros yeux, j'aimerais lui faire comprendre que je voudrais parler.
- Je veux bien te l'enlever, mais si tu me l'as fait à l'envers, tu vas comprendre ton erreur ! Ok ?
Je lui fais signe que oui, je suis d'accord. Il retire d'un coup sec le scotch, j'ai l'impression qu'il m'arrache les lèvres. Mais ça fait du bien, de pouvoir ouvrir enfin la bouche. Je n'hurle pas pour l'instant, sinon je sais qu'il va me faire du mal. Il faut que je patiente.
- Voilà, c'est bien, t'es une bonne fille. De toute façon, je te l'ai toujours dit que tu étais bonne. Tu m'as toujours plu Milla. De toutes mes putes c'est toi la plus bandante.
- Je ne suis pas une pute Yvan. Qu'est-ce que je fais là ? Laisse moi partir, je t'en supplie, je lui dis calmement.
- Oh que si ! T'es bien une putain de pute ! Qui aime qu'on la baise !
Il commence à me caresser les bras puis le ventre. Son regard devient fiévreux.
- Non, Yvan, s'il te plait ...
- Putain, tu ne vas pas recommencer comme l'autre soir, laisse toi faire tout ira bien. De toute façon pour l'instant, j'ai mieux à faire.
Il sort de sa poche un rouleau de scotch, je comprends tout de suite que c'est ma dernière chance pour attirer l'attention de quelqu'un ... enfin s'il y a quelqu'un ...
Alors je me mets à hurler, de toutes mes forces. Je crie au secours. Mais Yvan est rapide et m'assène un coup violent au visage, j'essaie de continuer d'hurler, mais je m'étouffe à moitié. Juste le temps pour Yvan de me remettre un morceau de scotch sur la bouche et me voilà de nouveau réduite au silence.
- Tu fais vraiment chier Milla ! J'essayais d'être sympa putain ! Et toi, tu gâches tout ! Putain de merde !
Il se lève, passe la porte et la claque derrière lui, je suis de nouveau dans le noir total.
C'est fini, il ne me laissera jamais partir. Il va me faire du mal, profiter de nouveau de moi et me laisser pour morte après !
Je pense à Sara, tout ce qu'elle a dû ressentir quand elle a été agressée. Je voudrais tellement la revoir, j'aurais vraiment aimé la sortir de cet enfer carcéral et la ramener chez elle, chez nos parents.
Et puis je pense à Julie et Clara, à tous nos petits délires de filles !
Mais surtout je pense à Jon, notre désir l'un envers l'autre, notre attachement, notre attirance ... mais aussi comment il a pu me faire mal, ses paroles m'ont vraiment blessées. Mais, lui aussi, je l'ai déçu, énormément. Il doit tellement me détester pour se laisser aller à boire autant.
J'espère juste que peut-être quand il se réveillera ce matin, il pensera à vérifier que je suis bien retournée dans mon appartement.
Je me laisse aller à mes pensées, suffisamment pour qu'à un moment j'ai l'impression de divaguer. J'imagine ce qu'aurait pu être notre vie à Jon et moi, si je n'avais jamais été dans ce club de strip tease. A un moment, je souris même. Je revois son corps, l'effet qu'il peut faire sur moi. Je repense à sa bouche, nos baisers passionnés. Ça me fait du bien de penser à ça. Ça me permet de me détendre, un peu. Le temps passe et je commence à somnoler . Et à ce moment là, je ne pense plus qu'à une seule chose, pourvu que je ne me réveille pas !