Titre du Chapitre

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Le lendemain matin, je me réveille seule dans le lit. Je ne l'ai pas entendu venir se coucher vers moi. Je ne suis pas surprise.
Cette nuit a été un moment hors du temps. J'ai presqu'un doute, est-ce que c'était réel ou juste un rêve. Mais quand je touche mes cheveux qui partent dans tous les sens, je me dis que c'était non pas un rêve, mais plutôt une parenthèse magnifique dans mon ignoble vie.
Je dois me lever, j'ai rendez-vous chez les flics ce matin pour affiner ma déclaration et cet après-midi avec l'avocat pour Sara. Et il faut que je parle à Jon, absolument.
Grosse journée, chargée d'émotion encore.

Il est dans sa cuisine, ça sent bon le café, et les pancakes. Mon estomac grogne sans tarder !
- Bonjour !
- Salut Milla.
Il ne se retourne même pas. Je ne sais plus quoi faire, ni quoi dire. Ou plutôt si, j'ai envie d'hurler que je l'aime, mais vu sa réaction ce matin, il ne vaut mieux pas !
- Je t'ai préparé le petit-déjeuner, avant ton rendez-vous chez les flics.
- Merci Jon, c'est très gentil.
- Assieds-toi, du café ?
- Oui, s'il te plait.
On dirait deux étrangers qui discutent poliment. J'ai envie de partir en courant. De toute façon, c'est ce que je vais faire, vite déjeuner et partir au commissariat.
Le petit-déj se passe dans un silence pesant. Puis, au moment où je me lève pour débarrasser, il m'attrape le bras :
- Je suis désolé, je ne regrette rien de cette nuit, mais je ne supporte pas les images que j'ai encore de toi au club ... Tu avais raison, hier, il faut que l'on parle, même si je sens que je ne vais pas aimer ce que je vais entendre !
Je pose mon bol sur la table, et m'accroupis devant lui pour le serrer dans mes bras :
- Pardon Jon ...
- Arrête de t'excuser, tu l'as assez fait, et ça ne changera rien. Maintenant, on va aller se préparer pour aller signer ta plainte.
- On ?
- Oui, je viens avec toi, je ne veux pas te laisser seule, tu vas devoir faire face à tout ce qu'il s'est passé. Ça risque d'être compliqué, alors je veux être là, tu es d'accord ?
- Oui ... merci.
Je débarrasse et file dans la salle de bain. Il a déjà tout nettoyé la baignoire. Je repense à cette nuit, on était bien, dans notre bulle ! Son regard, ses caresses, ses baisers, sa peau, ses doigts quand j'y repense je suis instantanément mouillée. Il faut que je me calme, mon rendez-vous ne va pas être de tout repos.

Jon avait raison, au commissariat ça a été plus que pénible. En plus, ils le cherchent depuis hier soir, mais n'ont toujours pas mis la main dessus. Apparemment, au club personne ne l'a vu depuis hier en fin d'après-midi.
Où est-ce que tu te caches Yvan ? Qu'est-ce que tu manigances ? J'espère qu'il ne fera pas de mal aux filles du Club !
Je suis bien heureuse d'être chez Jon, au moins je suis en sécurité. Et Julie aussi chez Scott, et ça ne doit pas être sans lui déplaire !!
Nous rentrons vite fait, manger un petit truc à midi chez lui. Il a insisté pour m'accompagner chez son avocat. Il dit que c'est pour ma sécurité, mais j'aimerais qu'il me dise que c'est aussi pour être avec moi ! Mais je n'insiste pas ...

On arrive au bureau de son avocat, sa secrétaire nous fait attendre dans une grande pièce remplie de tableau de maître.
- Comme tu peux voir Maître Jolliot est un amateur d'art ! Me souligne Jon.
Je lui souris mais ne réponds pas, je suis stressée et fatiguée, mais déterminée, j'espère qu'il va pouvoir aider Sara.
A cet instant, je suis surprise Jon pose sa main sur la mienne, je sursaute.
- Ça va aller, ne t'inquiètes pas !
- Avec tout ce qu'il s'est passé, je ne t'ai pas encore remercié pour ton avocat, tu en fais trop pour moi je ne le mérite pas !
- Mais là, ça n'est pas pour toi, mais pour Sara, me fait-il avec un clin d'œil.
Si après tout cette histoire, il ne veut plus de moi, je ne m'en remettrai pas. Il occupe beaucoup de place dans ma vie maintenant. J'ai même l'impression de le connaître, de l'attendre, de l'aimer, de lui appartenir depuis toujours !!!
- Mlle Leroy, Maître Jolliot vous attend, si vous voulez bien me suivre s'il vous plaît.
Je me lève, et la suis, mais je m'aperçois que Jon reste sur sa chaise. Je me retourne, et le regarde, il comprend immédiatement que j'aimerais qu'il vienne avec moi aussi.
Il se lève et me suit.
Le bureau de l'avocat est bizarrement plus petit par rapport à la salle d'attente, mais moins chargé en tableau, c'est plus sobre, plus lumineux, moins oppressant.
Je reste sur place vers la porte, jon, lui s'avance, et étreint son avocat. Ils ont l'air de bien se connaître.
- Encore merci de la recevoir aussi rapidement Nicolas.
- Tu me connais Jon, si tu me parles d'injustice je saute dessus ! Mlle Leroy, enchanté, je me présente, Maître Jolliot Nicolas.
- Bonjour, Maître, enchanté.
- Alors, tout d'abord, appelez moi Nicolas, vous me ferez plaisir, Mlle Leroy.
- Très bien, alors moi c'est Milla.
- Bon, Milla, asseyez-vous. Je vais aller droit au but, j'ai récupéré le dossier de Mlle Leroy Sara. Je l'ai étudié ce week-end, et je suis certain que l'on peut faire quelque chose, mais comme je vous ai expliqué au téléphone, je ne vous promets rien. Je vais essayer de faire rouvrir le dossier. Je ne connais pas personnellement le juge qui a rendu le verdict, mais je suis quand même bien surpris par cet énoncé. Je ne comprends pas pourquoi l'avocat commis d'office de votre sœur ne s'est pas plus battu que ça, il aurait dû faire au minimum appel. Et surtout se battre pour faire valider la légitime défense.
-  Durant tout le procès, il n'a rien fait, il le subissait,et nous, nous avons essayé à notre petit niveau de le remuer, mais sans succès. Et quand le verdict est tombé, mes parents lui ont demandé immédiatement de faire appel, mais lui ne voulait pas aller plus loin. Si on voulait faire appel il fallait trouver un autre avocat, et mes parents n'avaient aucun moyen d'en payer un.
Ma dernière phrase a dû mal de sortir, mes larmes commencent à couler.
Jon qui est assis à côté de moi, me saisit la main. Je lui souris.
- Bon, très bien, je vais m'occuper du dossier de votre soeur. Par contre, j'aurais besoin de rencontrer vos parents. Auriez-vous un numéro de téléphone où je peux les contacter ?
- Euh ... oui ...
Je n'avais pas pensé que l'avocat veuille contacter mes parents, j'attrape mon téléphone et lui donne le numéro de mon père.
- Milla, je vous remercie, je vous contacterai dès que j'en saurai plus !
- Merci, Maître ! Et concernant vos honoraires ? J'ai des économies sur un compte, vous n'aurez qu'à me dire combien je vous dois.
- Nous verrons ça plus tard.
Il se lève, serre la main de Jon, puis s'approche de moi.
- Jon m'a parlé aussi de vos problèmes avec votre précédent employeur, n'hésitez pas si vous avez besoin de moi.
- Je vous remercie sincèrement Maître, je suis si heureuse que vous acceptiez d'être l'avocat de Sara, ça fait 3 ans que j'attends ce moment !
- Attendez Milla, je ne sais pas qu'elle sera l'issue de ce dossier, alors pour l'instant conserver vos remerciements pour plus tard, vous voulez bien ? Et n'oubliez pas, si vous avez besoin de moi, dans cette affaire avec votre employeur, pour un conseil ou bien être accompagné au commissariat, je suis là. Si Jon a confiance en vous, je l'ai aussi.
Je me retourne vers Jon, mais il ne me regarde pas.
- Très bien, à bientôt Maître.
Nous sortons du cabinet et montons dans la voiture.
Il se tourne vers moi, son regard est froid.
- Je te dépose à mon appartement, tu pourras t'y reposer, moi je dois aller travailler, j'ai des coups de fil à passer et des rdv en fin d'après-midi.
- D'accord. Encore merci Jon.
Il se tourne vers son volant, me dépose et redémarre.
- Et ce soir, je t'expliquerai ! Lui dis-je sans qu'il puisse l'entendre.

Voilà déjà quelques heures que Jon m'a déposé, j'ai essayé de me reposer, mais n'y suis pas arrivé.
Alors j'ai repris un bain, avec de merveilleux souvenirs !
Il est 20h, Jon n'est toujours pas rentré. J'ai préparé le repas pour ce soir, avec ce que j'ai trouvé dans le frigo.
J'ai peur de tout lui raconter, comment va-t-il réagir ? J'allume la télé pour me changer les idées.

Je me réveille en sursaut, je me suis assoupie sur le canapé. Il est plus de minuit, et jon n'est toujours pas rentré.
Il ne rentrera peut-être pas, alors je me lève pour me diriger vers sa chambre, quand la porte d'entrée s'ouvre dans un grand fracas.
C'est lui, mais il est différent, il parait ... ivre.
- Hé ! Salut Milla ! Je crois que je suis un peu en retard !!! Oh mince t'avais préparé le dîner ! T'aurais pas dû Bébé !
- T'as bu ?
- Oh très perspicace Mademoiselle !
Il essaie d'enlever ses chaussures, mais perd l'équilibre et se retrouve assis par terre. Il rit très fort, trop fort. Je n'aime pas ce Jon là ! Il va dans sa cuisine et se sert un verre de whisky. Mais il titube alors je l'aide à se diriger vers le canapé, lui continue de rire.
- Et ben, on fait une belle paire ! Me dit-il en me faisant un clin d'œil.
Pourquoi il me dit ça, j'ai peur de comprendre.
- Notre couple a volé en éclats et pourtant on est encore les deux dans le même appartement. Enfin si on a été en couple, ça non plus je n'en sais rien !!
Je lui pose ma main sur sa cuisse, comme pour attirer son attention :
- Arrête Jon, on était bien tous les deux. Je n'avais jamais été aussi bien depuis 3 ans ...
- Depuis que tu faisais la pute tu veux dire ? Hurle-t-il à moitié.
Je le lâche immédiatement, il cherche à me faire mal et y arrive. Je baisse la tête. Il ne faut pas que l'on continue cette conversation, pas ce soir en tout cas.
- Hé oui Milla, dès que j'ai su que tu faisais des strip teases dans ce club, j'ai tout de suite compris que tu ne faisais pas que ça !!! Ce club a une sacré réputation ! Crois moi, je le sais plus que bien, mon père y va régulièrement !!
- Pardon Jon !

... Gros silence pesant ...

- Alors ça paie bien de te taper des mecs ?
- Arrête je t'en supplie, ne dis pas ça !
- Tu leur faisais la totale ? Vas-y raconte !
- Stop ! Arrête !
- Quoi ? C'est pas la vérité peut-être !
- J'avais pas le choix, pour Sara ...
Il me coupe direct en hurlant :
- On a toujours le choix Milla, et arrête de toujours tout ramener à Sara. Je commence à bien le savoir que tu as des problèmes dans ta famille !!! Et tu vois je vais te faire une petite révélation, tu n'es pas la seule, mais moi j'en fais pas tout un plat !!!!!
Comment est-ce qu'il peut me dire ça ? Je me lève, mais il m'attrape le bras.
- Tu fais quoi là ? On parle, on s'explique, c'est bien ce que tu voulais, non ?
- Oui, mais pas si tu es ivre !
Je me dirige vers sa chambre, en ouvrant la porte je l'entends jeter le verre contre le mur.
Je me couche sur son lit, j'éclate en sanglots, il est allé trop loin.
Il ne sait rien de ma vie, il n'a pas le droit de me juger. Mes larmes de tristesse se changent en larme de colère. Je lui en veux. Il m'a blessé.
Je ne veux plus rester ici avec lui. Je veux retrouver mon appart et mon chat.
J'attrape mon sac et y range le peu d'affaires que j'avais prises. Il est trop tard pour prendre le métro alors j'appelle un taxi, il sera là dans 20 minutes.
Je sors discrètement, je n'ai pas envie de m'expliquer avec lui, je veux juste rentrer chez moi.
Il est allongé sur le canapé, et vu sa respiration, il s'est endormi. J'en profite pour sortir de chez lui sans faire trop de bruit.
Arrivée dehors je n'attends pas longtemps avant qu'il arrive.
Une fois garée devant mon immeuble, je suis soulagée, je rentre chez moi et vais voir Sacha. Je paie le taxi et le remercie. À l'extérieur, je me dirige vers mon bâtiment.
Je ne l'ai pas vu se rapprocher de moi. Il m'attendait.
Je n'ai même pas le temps d'hurler, qu'il m'a déjà mis un chiffon devant la bouche. Je reconnais instantanément son odeur. Je panique, mais ne peux pas lutter, il est trop fort.
Je sens mes paupières s'alourdir, il ne faut pas mais je n'y arrive plus ...

Indirect guiltyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant