Chapitre 7

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Point de vue Ta Dieyna

Cela faisait deux semaines que j'étais à Saint-Louis. Ça fait du bien de sortir du stress illimité qu'on vit à Dakar. J'ai vécu à Saint-Louis, quartier Nord, jusqu'à mes 18 ans avant de rejoindre Dakar pour les études. Et c'est là-bas que j'ai rencontré mon mari Ismael Sow, deux ans plus tard. Ce fut le coup de foudre entre nous. On s'est rencontré chez une amie et une semaine nous sortions déjà ensemble.

Je suis issue d'une famille modeste, mes parents étaient fonctionnaires. Je suis l'enfant unique de ma mère mais j'ai des demi-frères. Nous n'avons jamais manqué de rien mais la richesse que j'ai aujourd'hui c'est entièrement grâce à mon défunt mari. Il fait parti d'une grande famille de commerçants et lui même il en était un. Après avoir obtenu ma licence en sciences économiques, il m'a demandé en mariage. L'année de mon master, j'ai accouché de Karim et de ma propre décision j'ai décidé d'être femme au foyer. Ismael voyageait beaucoup et je ne voulais pas confier mon enfant à un inconnu ou être trop plongée dans le travail. J'étais vraiment comblée, mon mari me donnait de l'amour, de l'affection. Je ne manquais de rien. Chaque jour qui passait je l'aimais encore plus.

Trois ans après, on a accueilli Hakim et c'était le portrait craché de son père. Il n'avait pris rien de moi. En grandissant, il a aussi pris le caractère de son père, même tempérament, le côté un peu autoritaire mais c'était un enfant avec un grand cœur. Il l'est toujours d'ailleurs, c'est juste qu'il le cache avec ce carapace de gros dur qu'il a forgé maintenant.

Pendant sept ans, Ismael voyageait plus que d'habitude pour son travail et on se voyait à peine. Dès qu'il venait, il repartait aussi et c'est pour cela que Hakim et Jeanne ont autant d'écart. La grossesse de ma petite dernière a été un peu compliquée et j'ai préféré en arrêter là. C'était plus sûr et mes trois enfants me comblaient déjà de bonheur. Je croyais vivre le bonheur éternel avec ma famille. Sauf que j'avais oublié que c'était Allah qui décidait et quand IL décide on n'y peut rien.

Dix ans en arrière, j'étais alors âgée de 44 ans et Ismael, 5 de plus mais il avait décidé d'arrêter de travailler. Il avait remis les rênes de l'entreprise à son petit frère, l'homonyme de Karim. Nous étions encore jeunes, nous profitions vraiment de la vie. On allait en vacances chaque été. Les enfants étais choyés, j'étais un peu plus ferme mais Ismael cédait à tous leurs caprices.

Hakim lui adorait le football, c'était sa passion. S'il ne jouait pas, il passait son temps à le regarder. Parfois c'était tout un problème pour lui faire apprendre ses leçons parce qu'il passait son temps devant la PlayStation. Honnêtement je n'aurai jamais cru qu'il serait architecte. Aujourd'hui il ne parle même plus de football.

Un dimanche, il avait un match avec ses amis et son père a décidé d'aller le chercher. Hakim avait 20 ans et pouvait conduire mais il n'avait pris la voiture. Ismael et lui passaient énormément de temps ensemble. Comme je le disais tout à l'heure, c'était son portrait craché dans tout. Mais ce jour-là Ismael n'est jamais arrivé au terrain de football. Ce jour-là, il m'avait dit à quel pont il m'aimait et que j'étais la plus belle chose qui lui soit arrivé. Il avait dit aux enfants qu'il les aimait pour la première fois.

Hakim ne savait pas que son père venait le chercher. Il est revenu à la maison seul et je lui ai demandé où était son père. Il m'a regardée et m'a reposée la même question. Je me suis fait tous les scénarios possibles dans ma tête mais pas celui que je m'apprêtais à entendre. Mon téléphone s'est mis à sonner et je tremblais beaucoup trop pour répondre. C'est Hakim qui a répondu.

« - Bonsoir, vous êtes bien Mme Sow Dieynaba Dia ?

- C'est son fils à l'appareil

- Est-ce que je peux parler à votre mère ?

LAYLANAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant