LAYLANA

Chapitre 15

Point de vue Laylana

Aujourd'hui j'ai décidé d'appeler le numéro affiché sur le portail du local que j'avais vu l'autre jour. Le magasin est bien placé et je ne veux pas que cela m'échappe. Je pourrai en faire un petit café, salle détente pour commencer. Pas besoin de beaucoup de meubles ou matériels.

J'appelle donc le propriétaire qui m'a dit de le retrouver là-bas. Assia est encore à l'école donc je prends une douche et y vais assez rapidement. Le propriétaire qui était un homme était déjà sur place et m'accueille chaleureusement. Après les salutations, il me fait visiter le local qui était assez grand et avait des toilettes et une grande salle d'eau. Il y avait aussi une autre pièce qui pouvait servir de cuisine.

- « C'est très spacieux » dis-je lorsqu'on revient à l'intérieur du magasin

- « Vous avez vu ? En plus ce n'est pas cher du tout » répond le jeune homme

- « Niata leu par mois ? C'est combien la mensualité ? »

- « 200 000 FCFA rek » annonce-t-il

- « Eh wagnil, diminue. C'est trop cher. 130 000 si tu veux »

- « Sokhna ci, yokkal seu lokho. Augmentez un peu. Vous n'avez pas vu comment le magasin est bien situé ? C'est au bord de la route, n'importe quel commerce marchera » déclare-t-il

- « Je prévois d'ouvrir une pâtisserie/café »

- « Li lolou ça va beaucoup marcher. Fi boy yi daniouy lekk rek. Les jeunes d'ici ne font que manger en plus ça sera un bon spot pour eux »

- « Wa d'accord. 150 000 FCFA, c'est mon dernier prix » finis-je par dire

- « 175 dans ce cas »

- « Je n'ai que ça grand. Je peux aller voir ailleurs si vous n'êtes pas d'accord avec ce prix »

- « Non, venez ne partez pas. C'est bon, va pour 150 000 » finit-il par accepter

Après notre négociation, il me donne rendez-vous le lendemain pour régler les papiers et lui donner l'argent de la caution qui était de trois mois. Il remettra en même temps les clés aussi. Sur le retour, je souriais comme une folle dans la rue. J'étais tellement fière de moi et j'avais tellement d'idées en tête que je voulais ouvrir ma pâtisserie dès demain. Cependant je savais que ça allait être dur mais je ne vais pas lâcher. Je suis déterminée et je vais réussir pour moi, pour ma fille. Je veux qu'elle ait une mère exemplaire, battante et qui n'abandonne pas.

Arrivée à l'appartement, je pars m'enfermer dans ma chambre parce que Hakim pouvait débarquer à tout moment et pour l'instant, je ne veux pas qu'il soit au courant. Il se comporte de manière froide avec moi depuis l'anniversaire de Assia. Il s'est renfermé sur lui-même et franchement j'en ai marre de ses comportement de gamin. Il prend les choses trop à cœur. Mais ce n'est pas la raison, je sais que si je lui dis maintenant, il sera capable de payer le loyer pour les 5 ans à venir.

Je sors ma carte bancaire et mon carnet pour voir combien d'argent j'ai dans mon compte. J'en avais assez pour les loyers et les travaux à faire.

Le lendemain, comme prévu, j'ai retrouvé le propriétaire après être passé à la banque. Je lui ai remis l'argent et en contrepartie il m'a donnée les clés. J'ai souscrit à une assurance et j'ai fait tout le nécessaire pour une location. Il m'a ensuite remis la quittance de loyer avant de s'en aller. Il m'avait autorisée à apporter des modifications donc je pouvais y faire quelques travaux.

Je suis restée dans le magasin pendant au moins une heure. Mes larmes n'arrêtaient pas de couler. Je pensais à Lamine, à ma famille et particulièrement mon frère Rayane et ma petite sœur Rabia. Elle devrait avoir 22 ans maintenant et Rayane a le même âge que Hakim. Nous étions tellement proches tous les trois et on se disait chaque nuit qu'on serait des milliardaires et qu'on serait des personnes puissantes dans le monde. Maintenant que je m'apprête à réaliser le début de mon rêve, je ne peux pas m'empêcher de me demander ceux qu'ils sont devenus. Mes parents aussi. J'espère qu'ils sont toujours en vie ... ils me manquent tellement.