4.2 - Loup, qui es-tu ?

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Le temps s'est arrêté, emprisonnant cet instant à jamais.

Sa bouche à quelques centimètres de la mienne, je plonge et fais le saut de l'ange dans le gris métallique de son regard en fusion. Me dérobant à son pouvoir d'attraction, je descends plus bas et fixe ses lèvres pleines qui semblent être dessinées au crayon.

Je me demande quelle saveur elles ont...

Encore quelques secondes transitoires où son souffle appuyé vient narguer ma peau. Tellement de sensualité dans ce moment figé. C'est une promesse, une absolution à mes désirs profonds.

Ses mains remontent jusqu'à mon visage et l'emprisonnent en douceur de leur chaleur. Je ferme les yeux malgré moi afin de profiter de cette complicité silencieuse.

Je me perds dans les tréfonds de son être quand, dans un murmure, il me dit :

— Enfin, tu es là...

Le son de sa voix et son timbre rauque roulent sur ma peau, s'impriment dans chacune de mes fibres, alimentant l'incendie déjà présent dans le creux de mon ventre.

Pourquoi est-ce si enivrant ?

S'il n'agit pas très vite, le désir m'aura consumé avant même qu'il n'ait pu m'embrasser.

— Une semaine que je pense à toi...

Alors je prends les devants et pose mes lèvres sur les siennes.

Un simple contact pour s'apprivoiser, apprécier leur tiédeur et lever le dernier voile de pudeur qui reste entre nous. Un accord tacite pour lâcher la bride.

Il ne lui en faut pas plus pour devancer mes intentions et devenir entreprenant.

J'entrouvre mes lèvres qu'il goûte de sa langue. Mes mains remontent jusqu'à sa nuque. Elles savourent la texture de ses cheveux tandis que ses doigts descendent jusque dans le creux de mes reins et me pressent afin de rapprocher mon corps du sien.

Sa bouche devient plus exigeante et s'emboite à la perfection avec la mienne, buvant mon souffle comme étant son propre oxygène.

Plus rien ne me retient et mon corps, indépendamment de ma volonté, poursuit sa propre route. Ses mains glissent sous ma robe qu'il fait passer par-dessus mes bras et, avides, ses doigts capturent mes fesses pour me soulever. D'instinct, j'enroule mes jambes autour de son bassin et le débarrasse de sa veste et de sa cravate.

Je m'attaque aux boutons de sa chemise quand il me dépose sur... une table. Un rapide coup d'œil m'informe que nous sommes dans une petite pièce qui sert de réserve.

La seconde d'après, j'ai complètement oublié l'endroit, déstabilisée par l'impact de ses mains sur mon corps. Il s'est débarrassé du carré de dentelle qui me servait de lingerie et ses doigts frôlent la chaleur de mon intimité.

Un gémissement fiévreux sort de mes lèvres qu'il étouffe avec sa bouche.

Il est plus que temps...

Nos mains s'activent et se débarrassent des derniers vêtements récalcitrants.

La bouche ouverte, je m'arrête et découvre son torse, puis les sillons formés par les muscles tendus de ses abdominaux. Il est magnifique. Magnifique à mes yeux. Je ne peux m'empêcher de l'effleurer et la pulpe de mon index sur sa peau lui arrache un grognement.

D'un geste rapide, il attrape un carré argenté dans la poche de son pantalon.

Avec aisance, il place la protection tandis que je l'observe gourmande de ce spectacle en me pinçant les lèvres. Il ne fait qu'attiser cette faim qui me dévore.

Sans me poser de question, je le laisse prendre les initiatives. Il m'allonge sur la table et ramène mon bassin vers lui. Il laisse s'écouler plusieurs secondes où ses mains parcourent mon ventre jusqu'à mes plis de chairs tendres.

Même si l'attente est longue et que le feu entre mes jambes se déploie, s'insinue dans tout mon réseau nerveux ; il est maître de la suite.

Ses yeux brillent et ses pupilles se dilatent d'envie jusqu'à noircir le gris de ses iris.

À partir de cet instant, ma raison se déconnecte et mon corps n'est plus qu'une sensation quand il me pénètre. Je ferme les yeux pour lui échapper et éloigner cette maudite culpabilité.

Juste le ressentir et en faire un souvenir...

— Regarde-moi.

Sa voix roule encore une fois.

Je peine à ouvrir les yeux et le regarde entre mes cils. Ce spectacle suffit pour que mes sens s'affolent et que mon bas-ventre s'embrase.

Sans le quitter du regard, mon souffle lourd se transforme en plainte rauque qui accompagne les siennes.

Chaque coup de reins intensifie la montée du plaisir et mon corps en déroute s'agrippe au vide qui l'entoure. Il me tend une main que je saisis et enroule mes doigts aux siens. Ma bouée, mon repère quand je perds pied au milieu de cette tempête.

J'attrape son autre main et m'accroche à ses doigts quand mon bassin se cambre et que la jouissance me ravit. Mon corps en entier se contracte autour de lui. Je cherche un souffle qui n'existe plus. Il se terre dans ma gorge, cherche la sortie pour enfin reprendre vie. Ses doigts se crispent à son tour dans les miens. Il vient de plonger et m'accompagne dans cette mer déchaînée.

Il me faut de longues secondes pour reprendre mes esprits et récupérer un peu de maitrise sur mon corps. Lorsque ma respiration redevient à peu près régulière, il se retire et je me redresse, puis le dévisage, imprimant chacun de ses traits dans ma mémoire.

Ce serait tellement bon de pouvoir être moi, de lui montrer celle que je suis. Véritablement.

Je me rapproche et pose une main sur sa joue. Je l'embrasse. Lentement. Un baiser tout en douceur et je grave en moi cet instant précieux.

Ce moment hors du temps.

Il y répond en accentuant sa profondeur, mais toujours avec la même langueur.

Je suis tellement bien dans ses bras, même si je sais qu'ils ne sont pas pour moi.

Une tristesse soudaine se fraye un chemin jusque dans ma poitrine et serre mon cœur d'une pression douloureuse face à mon destin.

Il quitte ma bouche, dépose un baiser léger sur mon nez et me fait face. Ses yeux sont remplis de questions. J'échappe à son regard, mais ses doigts sur mon menton m'obligent à la confrontation. Le gris de ses prunelles sonde mon âme.

— Je crois que tous les deux, il faut que l'on discute, dit-il d'une douceur déchirante.

Pour se dire quoi ?

Comme je ne réponds rien, il soupire, soucieux.

La différence qu'il existe entre nous est plus grande qu'une mer qui sépare deux continents. Alors, oui, c'est le pied avec lui. Je voudrais bien une suite à ce que nous vivons, mais dans ma réalité, c'est impossible.

— Rébecca, regarde-moi.

Nous deux...

— Parle-moi.

C'est juste...

— Je ne peux pas te laisser t'en aller. Je ne veux...

— Impossible...

Je murmure ce mot qui s'envole comme une plume, mais retombe comme une pierre : lourd, froid et dur.

ÂmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant