Le faux couple

Chapitre 6

« Les hommes qui prennent de grands risques doivent s'attendre à en supporter souvent les lourdes conséquences »

Nelson Mandala

Elle suivait son professeur la tête baissée et observait le sol sans parler, elle n'y était pas autorisée.

Ils arrivèrent dans le bâtiment et ils se dirigèrent vers le bureau du directeur. Ce serait un mensonge si je vous disais qu'elle n'avait pas peur en ce moment même.

Elle craignait les conséquences de ces actes, surtout que ce n'était pas la première fois qu'elle séchait les cours.

Le silence des couloirs l'oppressée et son cœur battait de plus en plus vite à chaque pas qu'elle faisait.

Ils arrivèrent devant le bureau et son professeur toqua à la porte. Elle se figea à l'entente de la réponse et serra sa main autour de la hanse de son sac.

La porte s'ouvrit et l'odeur de renfermé l'attaqua en pleines narines, ce qui la fit froncer les sourcils. Elle s'obligea à avancer pour venir ensuite s'assoir sur une des chaises où de nombreuses personnes s'y étaient déjà assises.

-Mademoiselle Gillet, vous voilà enfin, vous faîtes quand même acte de présence dans mon bureau plutôt que dans vos cours, c'est déjà ça, annonça le directeur d'une voix calme et posée.

Comme un réflexe, Kayla baissa sa tête et s'excusa, piquée par ces paroles froides.

-Pourquoi vous vous excusez ?

-Je m'excuse de ne pas être allez en cours, j'empêche ma scolarité et mon savoir d'avancé.

-Alors pourquoi en sachant les problèmes que ça encourt vous vous permettez de le faire ?

Elle baissa encore plus la tête comme s'était encore possible et serra ses mains sur ces genoux, froissant alors le tissu d'une couleur bleuté.

-J'ai besoin d'une bourse...murmura-telle.

-Pardon ? Je n'ai pas très bien compris, veuillez répéter je vous prie.

-J'ai besoin d'une bourse ! Ma famille n'a pas assez d'argent pour me payer des études supérieures, il me fait absolument cette bourse sinon je ne pourrai pas m'en sortir plus tard !

-Kayla, ce n'est pas comme ça qu'on parle à son supérieur hiérarchique, s'écria son professeur principal.

-Je m'en excuse, répondit-elle. Je...

Sa voix se coupa dans sa gorge refusant de sortir et elle se mit soudainement à avoir chaud. Le stress monté en elle et elle commençait à suer des mains. Les larmes lui montaient aux yeux mais elle se forçait à ne pas craquer.

-Je suis bien au courant de votre soucis de revenus, mais délaisser les études est une mauvaise chose, alors je veux que vous augmentiez vos notes pour de nouveau rejoindre votre club scolaire.

-Vous me virez de mon équipe, s'écria-t-elle en relevant subitement sa tête, oubliant toute forme de politesse.

-Oui, pour que tu retiennes la leçon. Tu feras des heures de cours en plus le soir et le travail à la maison te sera doublé.

Elle ne dit rien, ne pouvant rien ajouter d'autre, s'excusa de nouveau et partit la tête baissée du bureau.

L'odeur des couloirs la traversa et elle se dirigea vers l'extérieur du bâtiment.

Quand le vent frais vient lui piquer les rétines elle s'obligea enfin à pleurer et relâcher la pression.

-Qu'est-ce que je vais faire maintenant maman, comment je vais nous sortir de là...se murmura-t-elle à elle-même.

Elle prit une grande respiration et remonta la tête haute pour ne pas commencer à plonger dans les abysses.

Elle entreprit d'aller sur son terrain habituel jusqu'à se rendre compte qu'elle n'avait pas son ballon sur elle.

Elle souffla de nouveau et alluma son enceinte, une douce mélodie en sortit et elle se laissa entraînait par le son en fermant les yeux. Ces gestes étaient fluides et précis et lui rappela des souvenirs heureux.

Elles laissaient ces yeux vidaient ces larmes et son cœur vidait la tristesse qui y régnait.

-Comment je vais faire pour payer les soins de papa si je ne peux plus travailler le soir...aide-moi maman, j'ai besoin de toi...je me sens seule là en bas...

La musique s'arrêta et seul le vent vient lui frôler le visage, comme une caresse que sa mère lui envoyait depuis le paradis.