Le faux couple

Chapitre 1

« Chaque lendemain est un nouveau chemin »

Sali Sek

Les rames du métro faisaient un bruit presque apaisant pour sa mine brouillée par la fatigue. Il tanguait sur son siège et clignait doucement des yeux pour lutter contre le sommeil. Très peu de personnes ne prenaient le métro à cette heure-ci, mais la place à ces côtés était désespérément vide, comme sa main qu'il regarda avec tristesse. Habillé chaudement par cet hiver, il remit en place son écharpe et ferma ces yeux en soupirant pour l'effacer de son esprit. Il replongea son regard vers les vitres et observa son reflet. Ces cheveux blonds bouclés retombaient sur son front et penchait dangereusement vers ces yeux qui étaient recouverts d'une paire de lunette. Ces yeux bleus semblaient avoir perdu de leur vivacité et il soupira de nouveau.

Il détourna son regard et regarda un peu autour de lui mais ne vit que quelques personnes aussi fatiguées que lui par ce début de semaine et décida de traîner un peu sur son téléphone.

Il plongea son regard sur son cellulaire et défila les photos qui se trouvaient dedans, mais il s'arrêta sur une en particulier, qui lui serra le cœur. Son ancienne copine et lui, dans le même lit et souriant à la caméra tous les deux enlacés.

-C'était vraiment obligé de se finir comme-ça, se chuchota-t-il à lui-même avant d'hésiter à l'effacer.

Il regarda les traits de son ex et se souvient qu'il aimait passer ces doigts sur le contour de son visage et qu'elle appréciait beaucoup ce geste. Elle s'endormait souvent de cette façon quand il s'y prenait, et il était à chaque fois heureux.

Il laissa son pouce traîner au-dessus du bouton supprimer avant de se raviser et d'éteindre rageusement son téléphone.

Il se mordait la lèvre inférieure et essaya de penser à autre chose en fermant les yeux et en reprenant sa respiration. Puis les portes du métro s'ouvrirent et le sortirent de sa torpeur.

Une nouvelle fois il soupira, et attendit avec empressement le nom de son arrêt qui arriva quelques minutes après sa plainte.

Il empoigna la lance de son sac qui était posé à ces côtés et se leva quand les portes s'ouvrirent à l'arrêt de l'engin. Il sortit pour recevoir toutes sortes d'odeur qui attaquèrent son odorat et partit le plus vite possible vers les escaliers pour rejoindre la surface en enfilant au passage son sac à dos.

Il arriva alors en pleine air et prit une bouffée de fraîcheur un peu moins pollué et entreprit de marcher jusqu'à son lieu périscolaire.

Il redoutait quelque peu ce moment car il avait peur de la croiser ou de la voir. C'était une épreuve difficile pour lui, faire comme s'il allait bien et que tout était sous contrôle, alors que sous sa carapace il ne contrôlait rien du tout.

Il fixait ces pieds unis de baskets et essayait de chantonner une chanson pour se remettre de bonne humeur et lui faire changer les idées.

Il arriva alors rapidement à son lieu de destination et marcha alors rapidement vers l'entrée du bâtiment pour rejoindre au plus vite son premier cours où ces amis l'attendaient surement.

Il poussa les portes du bâtiment et alla à son casier pour récupérer quelques cahiers qu'il avait laissé la veille et le referma rapidement en rangeant précipitamment tout dans son sac, puis il se retourna pour rejoindre ses amis, mais il la vit...

Elle était toujours aussi belle à ses yeux, une démarche assurante et non gauche, ces longs cheveux d'or relevaient en un chignon parfait, une petite veste au-dessus d'un petit pull blanc marquaient parfaitement la fine carrure de ces épaules et un pantalon noir entourait ces fines jambes sur lesquelles il aimait dormir.

Il déglutit quand il l'a vit s'avancer dans sa direction mais fixa ces yeux verts en espérant avoir un contact, sans grand résultat car elle passa sans le regarder, trop plongée dans sa conversation avec son ami.

Il se figea sur place et des frissons lui parcoururent le corps. Elle l'avait ignoré.

Un voile de tristesse passa sur son visage et son cœur se serra de douleur. Il ne devait pas pleurer, pas maintenant, pas ici, non.

Il détourna sa tête en soupirant et serrant les dents puis repris sa marche vers son premier cours, toute joie désormais disparue.

Il monta les marches des escaliers lentement et inspirait à fond pour ne pas se mettre à paniquer et faire une crise sur place. Il faisait partie de ce genre de personne qui pouvait en faire oui, même si on ne pouvait l'imaginer, et pourtant c'était vrai. Depuis quelques années maintenant après un petit accident de voiture qui l'avait fait complétement paniquer comme toute bonne personne. Aucun de ces proches à part ces parents étaient au courant, même sa propre petite amie ne l'était pas non plus, par fierté.

Il arriva alors finalement à son étage et aperçut ces amis au loin.

Sacha, qui était celui qu'il connaissait depuis la primaire et auquel il ne s'était jamais séparait et espérait qu'à l'avenir ce soit toujours le cas. Il avait une tignasse blonde frisé et était énergétique malgré sa petite taille qu'il appréciait tout particulièrement, car tous les regards étaient sur lui comme il le disait si bien.

Gabin, une tête brûlée qui n'aimait pas travailler et préférait observer le faux plafond en cours que d'écoutait, était aussi son ami. Un peu rêveur et provocateur, avec les côtés du crâne rasés sur ces cheveux noirs qui faisaient ressortir ces yeux bruns perçants, il n'appréciait que ces amis et n'approchait pas les autres.

Puis enfin, Agathe, la plus timide et réservée du groupe. Ces cheveux bruns court lui arrivaient au niveau des épaules et avait une jolie couleur de peau comme le lait. Elle aussi avait un petit corps frêle et elle portait alors sur elle une grosse veste en cuir qui devait surement être à Gabin qui avait remarqué qu'elle était frigorifiée comme tous les matins en arrivant.

Il s'avançait donc vers eux et Agathe se retourna vers lui à son arrivée, sourit et appela son prénom :

-Chad !